La Razón a été la première à faire état de la prétendue levée du veto français sur le transfert par les Émirats arabes unis d’au moins trente avions de combat de type Mirage 2000-9 vers le Maroc. Une nouvelle qui n’a pas manqué de ravir les internautes marocains, mais qui comporte néanmoins son lot d’inexactitudes.
“Après avoir suspendu sa décision pendant trois ans, la France a accepté le transfert de 30 Mirage 2000-9 émiratis vers le Maroc. Cette décision a été adoptée après de nombreux doutes de la part de l’administration d’Emmanuel Macron», a affirmé le média ibérique, expliquant dans la foulée que l’hésitation française était due à «à la volonté de Paris d’acheter 40 avions émiratis Mirage 2000-9 de grande capacité et de technologie moderne, afin de les transférer en Ukraine pour la soutenir dans sa guerre contre la Russie« .
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Contacté par Le360, Abdelhamid Harifi, analyste militaire et administrateur du forum FAR-Maroc, contredit cette hypothèse et explique, en détail, pourquoi il est très peu probable que cela se produise. “Que les choses soient claires. Les Émirats arabes unis n’abandonneront pas ces avions s’ils n’en reçoivent pas d’autres en remplacement. Et le remplacement n’est pas prévu pour aujourd’hui, mais à partir de 2027, avec des chasseurs Rafale.», balaie-t-il.
Pour notre interlocuteur, il est absurde de croire que l’armée émiratie allait vendre des avions de sa flotte militaire, car le pays doit «maintenir un certain niveau de dissuasion face à ce qui se passe aujourd’hui dans la région, où les tensions atteignent des niveaux sans précédent« . Surtout, explique-t-il, c’est «des avions opérationnels, et non des avions en stock, dont ils n’ont plus besoin« .
L’expert en matière militaire va encore plus loin en remettant en question les informations sur un éventuel accord. “D’ici 2027, ces chasseurs Mirage atteindront 18 ou 20 ans de durée de vie opérationnelle. Le Maroc ne va donc pas reprendre des avions vieillissants et presque en fin de vie. Les gens qui parlent de technologie avancée manquent clairement de connaissances dans ce domaine.“, il dit.
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Et d’ajouter : «Ces avions sont adaptés à un certain niveau de risque. Ils ont certes la capacité de tirer des missiles Standoff ou de croisière sur des distances de 300 kilomètres, mais c’est, à mon avis, leur seul avantage. Et après tout, on ne va pas récupérer une gare de chargement lourd. Ce sont des avions coûteux à entretenir, et je pense que c’est un sujet fermé de notre part« .
Pour Harifi, que peut-on réaliser concrètement et dans un avenir très proche, il gagne. “Pour le moment, le Maroc doit commencer par moderniser ses F-16 en service, et se préparer à recevoir de nouveaux F-16. D’ici 2027, l’ensemble de la flotte de F-16 sera opérationnel, et les F-5 et Mirage F-1 seront en fin de vie. L’armée marocaine décidera alors d’opter pour de nouveaux chasseurs ou de se limiter à un seul vecteur de chasseurs aériens, en attendant d’avoir les moyens de s’équiper correctement en force aérienne.», conclut-il.
