La gestion de la menace terroriste reste faillible en Belgique

La gestion de la menace terroriste reste faillible en Belgique
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Une menace terroriste adressée à des dizaines d’écoles a provoqué une vague de panique jeudi dernier en Wallonie. Après plusieurs heures, un suspect a été identifié : un mineur de l’arrondissement judiciaire de Charleroi. La thèse terroriste « ne peut pas encore être confirmée », a précisé le parquet, concluant « que nous ne sommes pas non plus dans une simple plaisanterie de mauvais goût ».

La perspective d’un retour aux années noires

A ce stade, les motivations de l’auteur restent à comprendre. D’autres questions devront également trouver réponse à l’avenir, notamment quant à la gestion d’une menace qui a plongé des milliers de familles dans l’inquiétude et fait craindre une nouvelle fois au pays un retour aux années noires du terrorisme. Le 22 mars 2016, les attentats de Maelbeek et de l’aéroport de Bruxelles avaient fait 35 morts – le bilan ayant été revu à la hausse à l’issue du procès des terroristes survivants.

On sait que le Centre de crise a été informé que plusieurs écoles allaient être visées par des menaces, à partir de mercredi. Des mesures préventives ont alors été mises en place dans les écoles concernées et une « vigilance accrue » a été décrétée. Les autorités locales ont conservé la capacité de prendre des mesures supplémentaires, notamment la fermeture des établissements concernés.

« Plusieurs écoles de la zone de police de Basse-Meuse ont reçu des emails de menace terroriste », explique par exemple Christine Servaes, la bourgmestre de Juprelle, en région liégeoise. Les enfants restaient isolés et n’avaient pas accès à l’aire de jeux. L’école était fermée à partir de 9h. Et la police a patrouillé autour des écoles.

La décision de fermer ou non les écoles s’explique par plusieurs facteurs

Même si des dizaines d’écoles ont été ciblées, l’athène de Jodoigne est la seule du réseau Education Wallonie-Bruxelles à s’être barricadée. La décision de fermer ou non les écoles a été prise en fonction de plusieurs facteurs, notamment la gravité perçue de la menace, la capacité de surveiller et de sécuriser les locaux et les informations disponibles à ce moment-là.

Il n’en reste pas moins que la réaction des autorités chargées de vérifier la réalité de la menace a été tardive et ponctuée de couacs dus à une première communication contradictoire, au cours de laquelle les écoles étaient invitées à garder leurs portes ouvertes malgré le risque potentiel tandis que certains directeurs et/ou maires parlé directement aux parents. « La police fédérale et le Centre de crise ont été rassurants », déclare Julien Nicaise, administrateur général de Wallonie-Bruxelles Enseignement, l’autorité organisatrice de quelque 500 écoles et internats. « Ils nous ont clairement dit qu’il n’était pas nécessaire de fermer les écoles, tout en appelant à la vigilance, d’autant plus que nous sommes toujours au niveau 3 de la menace. Ce qui a compliqué la tâche, c’est que certains maires étaient plus alarmistes… »

Les autorités locales ajoutent à la confusion

Les déclarations des autorités locales ont ajouté à la confusion, les décisions de fermeture d’écoles étant prises sans ordonnance du tribunal et basées sur des évaluations individuelles des menaces. « Par rapport aux informations reçues par le policier et à la configuration des locaux, le préfet d’école a préféré prendre cette décision (de fermer). Il est très difficile de sécuriser les entrées et sorties de l’athénéum”, a déclaré la libérale Ludivine Henriouille-Demesteer, maire suppléante de Jodoigne.

Ajoutons que la communication publique du Centre National de Crise est arrivée tardivement, mercredi vers 22h53, alors que des décisions isolées étaient déjà prises par les écoles et les parents, suscitant inquiétudes et réactions précipitées.

Le manque de coordination entre les différents acteurs impliqués, tels que le Centre de crise, l’OCAM et les autorités locales, a également conduit à un manque de transmission efficace des informations et des directives. « Ce sont ces services de proximité et les zones de police qui sont les mieux à même d’évaluer la menace au niveau local et au cas par cas », a expliqué un porte-parole du Centre de crise au Soir. « Il faudra débriefer ce qui s’est passé pour tirer des leçons », mentionne une autre Source.

Un travail de coordination qui reste inachevé

Cette évaluation est préoccupante. En 2018, le Centre National de Crise a coordonné une évaluation des risques à grande échelle pour la Belgique sur une période de 5 ans. Ce travail réunissant les différents acteurs de la sécurité avait pour objectif d’estimer les différents risques selon leur probabilité et leur impact sur les personnes, la société, l’environnement et l’économie. Ce n’est évidemment pas terminé. Même si le terrorisme est par nature en partie imprévisible.

En novembre dernier, une trentaine d’écoles à Bruxelles et dans le Brabant wallon n’avaient pas pu ouvrir en raison d’alertes à la bombe. Dans les heures qui ont suivi, un homme a été arrêté au Maroc. « La personne arrêtée, qui possède la nationalité marocaine, a été interrogée et a avoué les faits aux autorités marocaines. Les premières conclusions de l’enquête montrent que le suspect n’a pas de motivations terroristes », a ensuite précisé le parquet.

Au cours des semaines précédentes, les fausses alertes à la bombe se sont multipliées dans les écoles belges. Suite à l’attentat du 16 octobre à Bruxelles, qui a causé la mort de deux supporters suédois, plusieurs écoles ont dû être évacuées.

Depuis, le niveau de menace est passé de 2 à 3 (sur une échelle de 4) à Bruxelles. La menace est considérée comme sérieuse, mais pas imminente.

 
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