Comme dans tout bon film américain des années 1980 et 1990, le sauveur de l’humanité est parfois inattendu. Cette fois, pas de Bruce Willis ni de Will Smith, mais… la Suisse. Du côté du « garçon normal d’à côté », c’est là que ça se passe. Et encore. Si les États-Unis et l’Iran n’entretiennent pas de relations diplomatiques, la Confédération suisse joue un rôle de « facteur » particulièrement précieux en ces temps d’extrême tension entre la République islamique et Israël.
Ainsi, il y a eu « une série de communications directes relayées par la Suisse » entre Washington et Téhéran, selon un responsable américain, avant l’attaque sans précédent de plusieurs centaines de drones et de missiles iraniens contre Israël.
La Suisse très mystérieuse sur le sujet
Le chef des forces armées iraniennes, le général Mohammad Bagheri, a été plus précis sur le contenu qui prévient les États-Unis « que s’ils coopèrent avec Israël dans leurs éventuelles prochaines actions, leurs bases ne seront pas sûres ». Un message envoyé via l’ambassade de Suisse.
A Berne, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a joué le mystère, estimant qu’il «ne commente pas les activités liées à ses mandats de puissance protectrice». La Suisse représente les intérêts américains en Iran depuis la prise d’otages à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1980, souligne le DFAE sur son site Internet.
Un rôle de « facteur » assumé
En tant que puissance protectrice, elle permet aux deux pays d’entretenir un minimum de relations diplomatiques et consulaires. Sur le plan diplomatique, «la Suisse peut elle-même proposer ses services de ‘facteur’ ou assumer cette fonction à la demande des pays concernés, à condition que toutes les parties y consentent», précise le DFAE.
Conformément à sa tradition de bons offices, la Suisse joue également un rôle de médiateur. Elle a par exemple été utile à plusieurs reprises dans le cadre d’échanges de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis. Les intérêts de l’Iran aux États-Unis sont représentés par le Pakistan.
Une histoire de la diplomatie pendant les guerres mondiales
Outre la communication entre les deux Etats, la section des intérêts étrangers de l’ambassade de Suisse à Téhéran s’occupe de toutes les questions consulaires des Etats-Unis en Iran (demandes de passeport, changements d’état civil ou encore protection consulaire des ressortissants américains).
La Suisse a pour la première fois assumé le rôle de puissance protectrice en représentant en France les intérêts du royaume de Bavière et du Grand-Duché de Bade lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, rappelle le ministère. Elle a également exercé des mandats de puissance protectrice lors de la Première Guerre mondiale et « elle est apparue, lors de la Seconde Guerre mondiale, comme la puissance protectrice par excellence de par sa neutralité », souligne le DFAE.
