La forêt de Chantilly dans l’Oise est-elle en danger ? – .

La forêt de Chantilly dans l’Oise est-elle en danger ? – .
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Par Nicolas Giorgi
Publié le

14 avril 24 à 8h16

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Nous pensions que c’était éternel. La forêt de Chantilly, dans le sud de l’Oise, est cependant en déclin. Ses chênes centenaires, ses tilleuls et ses charmes sont à l’agonie.

“Nous sommes face à un dépérissement massif”, confirme Daisy Copeaux, directrice du département forestier et immobilier de Chantilly, à propos de la chênaie de cette forêt millénaire, qui s’étend sur 6 300 hectares.

Une conséquence directe du réchauffement climatique

D’ici soixante ans, on estime que la température de la forêt de Chantilly, qui a déjà augmenté de 1,5°C depuis 1990, pourrait atteindre celle d’Alger.

De ce fait, la forêt, qui doit également faire face aux attaques des hannetons, a du mal à se régénérer.

Selon les spécialistes, les 60 prochaines années seront cruciales pour la forêt. (©Nicolas Giorgi/Actu Oise)

Les 60 prochaines années seront cruciales pour la forêt

Selon le forestier, il y a urgence à agir. Les 60 prochaines années seront cruciales pour la forêt de nos enfants.

Notre défi sera avant tout de réussir à préparer le terrain pour introduire la forêt de demain.

Chips de margueriteDirecteur du domaine forestier de Chantilly

Au sein du domaine, sur parcelles expérimentalessont ainsi mis en place nouvelles méthodes de foresteriecomme la « migration assistée » d’espèces du sud de la France, plus résistantes aux canicules.

En résumé, ce qu’aurait fait la nature en 2 000 ans, nous devons le réaliser dans la forêt héritée du duc d’Aumale en 60 ans ! Un sacré défi, qui n’effraie pas les acteurs du collectif « Ensemble, sauvons la forêt de Chantilly ».

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Depuis quatre ans, cette armée de « petites mains » assure le relais auprès des scientifiques du domaine. 420 bénévoles ont déjà collecté 13 000 échantillons de sol de les faire analyser dans les laboratoires de l’Institut National de Recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE).

Ils observent également des hannetons, comptent les cerfs, inventorient les plantes à fleurs… Objectif : récolter un maximum de données, pour aider les chercheurs de l’INRAE ​​et de l’Office national des forêts (ONF) à rendre la forêt plus résiliente aux sécheresses successives.

Déjà 1 800 jours de travail pour le collectif Save the Chantilly Forest

« Nous en sommes déjà à 1 800 jours de travail en forêt. Il est rare de voir autant de personnes mobilisées dans la durée», estime Jean-Charles Bocquet.

La coordonnatrice des bénévoles de ce collectif est catégorique : « Nos enfants et petits-enfants auront sans doute une forêt un peu différente de celle que nous connaissons actuellement.

Une forêt un peu différente, certes, mais pas forcément moins peuplée d’arbres. A côté des chênes centenaires, des arbres pourraient bientôt pousser pins maritimes ou une cèdres du Libanainsi que d’autres essences de chênes du Sud.

« Nous pouvons et devons soutenir la forêt pour l’aider à devenir plus résiliente »

Depuis le lancement de ce programme de recherche-action, la mobilisation est générale. « La forêt de Chantilly, c’est l’affaire de tous », affirme Paul-Emmanuel Huet, directeur général de PEFC Franceun programme de certification forestière présent dans plus de 50 pays à travers le monde, garantissant aux consommateurs l’origine des produits à base de bois qu’ils achètent.

Celui de Chantilly est labellisé depuis plus de 15 ans.

Le parc naturel régional (PNR) du Pays d’Oise ainsi que l’Office National des Forêts sont également en première ligne dans cette course contre la montre pour sauver la forêt.

Lorsqu’il y avait une sécheresse tous les 10 ans, les arbres réussissaient à s’en sortir, année après année. Aujourd’hui, les conditions sont suffisamment extrêmes pour que certains soient incapables de faire face à ces évolutions.

Paul-Emmanuel HuetDirecteur Exécutif de PEFC France

Cela est dû aux sols sableux, qui ont la particularité d’être très drainants.

« L’homme, à travers la gestion forestière, au sens dynamique du terme, peut et doit accompagner la forêt pour l’aider à devenir plus résiliente », soutient le directeur de PEFC France.

“Le fait qu’ils meurent ne veut pas dire qu’ils ne sont pas utilisables”, précise-t-il enfin, à propos des arbres morts, dont l’abattage représente un enjeu économique.

Car c’est l’une des particularités de cette forêt propriété de l’Institut de France : le bois coupé des chênes est ensuite revendu pour fabriquer tonneaux de vin, parquets, meubles… Tout est ensuite réinvesti dans l’entretien du Domaine. « Pas un seul euro ne sort de Chantilly », précise Daisy Copeaux.

« Sauf qu’aujourd’hui, on ne fait plus de coupes à blanc. Nous récupérons principalement les cadavres. C’est presque devenu une récolte santé », explique le propriétaire des lieux, qui confirme ce que l’on soupçonnait malheureusement déjà un peu : « On change de planète ! »

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