Aucors veille sur la Nizonne depuis plus de 1 000 ans

jeElle se présente dans toute sa majesté au détour d’un méandre de la Lizonne. Au sommet d’une falaise calcaire dorée par le soleil, sa toiture périgourdine recouvre une longue demeure encadrée de deux tours de guet poivrières. Depuis sa terrasse, la vue s’étend au-delà des prairies où paissent les chèvres en contrebas, vers les coteaux du Pays de Mareuil, en Périgord Vert (Dordogne).

Bienvenue au Château d’Aucors, dans l’ancienne commune de Beaussac. Inconnu du grand public, il participera à l’opération Châteaux en fête, samedi 20 et dimanche 21 avril (lire ci-dessous). Du 13 au 28 avril, cette manifestation, soutenue par le Conseil départemental, rassemble 84 châteaux, manoirs et autres forteresses, qui ouvrent leurs portes au grand public. L’occasion de découvrir des pépites comme Aucors.

Forteresse médiévale

Le site appartient à la même famille depuis le XVIème siècle, lorsque Jacques de Conan, seigneur de Connezac, l’acheta aux Mareuil pour l’offrir à son jeune frère. « Cela fait huit générations », affirme non sans fierté Claude-Henri Piraud. Vivant ici avec son épouse depuis une quinzaine d’années, ce retraité féru d’histoire médiévale est intarissable sur Aucors. Il y a quelque chose à dire sur elle, car son histoire trouve ses racines dans les temps les plus anciens.


La tour d’escalier hexagonale relie deux habitations.

Stéphane Klein / SO

Personne ne sait de quand remontent les premières occupations humaines. “La falaise exposée au sud doit l’être depuis le Néolithique, mais je n’en ai aucune preuve”, explique Claude-Henri Piraud. Bien qu’elles ne soient pas datées, les preuves de l’ancienneté du site ne manquent pas. Dans une notice historique, le propriétaire estime qu’Aucors “a d’abord pris la forme d’un retranchement pariétal, troglodytique” avec, sur toute la hauteur de l’escarpement, “des rangées de mortaises laissant apparaître plusieurs étages bâtis, disparus depuis”.

« Le lieu était même tenu par un capitaine que les consuls de Périgueux amadouaient en offrant du vin »

Il faudra attendre le XIe siècle pour voir apparaître pour la première fois le terme « Haute-Corne » (1). La forteresse se présente alors comme une enceinte de 30 mètres de diamètre, défendue au sud par le ravin et protégée du plateau par des douves et une muraille. Le site fut âprement contesté pendant la guerre de Cent Ans. Claude-Henri Piraud se souvient d’un épisode pittoresque : « Le lieu était même tenu par un capitaine que les consuls de Périgueux cajolaient en lui offrant du vin. »


Le château prend son aspect actuel au XVIIIe siècle.

Stéphane Klein / SO

De cette forteresse, il ne reste rien, hormis quelques fondations qui émergent sous les arbres de Judée ou des boules de pierre exhumées lors des campagnes de restauration et qui témoignent des différents sièges.

Le château du 18ème siècle

Les éléments les plus anciens de l’Aucors actuel remontent à « un premier logis construit à la fin du XIIIe siècle dans ce qu’on appelait la basse-cour » (1), lieu plus agréable pour les seigneurs que la forteresse qui existait encore. Elle fut améliorée au siècle suivant et agrémentée d’une tour d’escalier hexagonale qui communique avec une deuxième aile. Mais alors que les guerres de Religion font rage, le château est à nouveau ruiné et pillé : « Même les tuiles avaient cédé sur les toits de Connezac ! »


La vaste grange fut inaugurée en 1785.

Stéphane Klein / SO

Elle se releva au XVIIème siècle et reprit les traits qu’on lui connaît encore : sa façade de type Henri IV, cette cuisine en pisé dans laquelle plonge un puits de 35 mètres. Le grand balcon qui surplombe la falaise et la grange avec son immense toit bas sont du XVIIIe siècle. Après une période de stagnation pendant la Révolution, la demeure reste dans la famille qui lui donne de nouveaux aménagements « à la mode anglaise », très en vogue au XIXème siècle. Cloisons, couloirs et cheminées « minables », selon Claude-Henri Piraud.

Dominique et Claude-Henri Piraud, propriétaires du château.


Dominique et Claude-Henri Piraud, propriétaires du château.

Stéphane Klein / SO

Ces coins et autres cabinets n’existent plus, démolis par lui et son épouse Dominique, lors de leur investissement dans Aucors, il y a quarante ans. Le château était alors la maison de campagne du couple et de leurs enfants, qui vivaient en Arabie Saoudite. Ils vivent désormais ici et la bâtisse est devenue le point d’ancrage de leur vaste famille dispersée aux quatre vents.

L'enchevêtrement de toitures, de murs et de vestiges témoigne des multiples transformations du château.


L’enchevêtrement de toitures, de murs et de vestiges témoigne des multiples transformations du château.

Stéphane Klein / SO

Le château est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1948 mais les contours de cet arrêté ne sont pas très précis. A tel point que Claude-Henri Piraud a lancé une procédure pour demander son agrandissement, en intégrant notamment la falaise, les remparts et les vestiges de l’ancien château.

(1) Shap Bulletin, volume CXXXIV, année 2007, 4e numéro.

Visites et démonstrations

Le château sera ouvert au public le samedi 20 avril et le dimanche 21 avril (annulation en cas d’intempéries). Claude-Henri Piraud et son gendre vous feront visiter les extérieurs (à 11h30 et 14h30). Parallèlement, une dizaine d’artisans du Périgord Vert seront installés dans la cour et la grange, pour présenter leurs travaux et faire des démonstrations : ferronnerie, vitrail, tournage du bois, taille de la pierre, du cuir, etc.
Visites gratuites et sans réservation. Les deux jours, un repas à 15 euros est proposé le midi (réservations au 07 86 80 16 52).

 
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