L’enquête sur la mort d’un adolescent de 15 ans, poignardé à mort mardi à Romans-sur-Isère alors qu’il s’interposait dans une altercation, a été requalifiée en meurtre avec préméditation après la mise en garde à vue jeudi d’un père et de ses deux fils. .
Le père, soupçonné d’avoir organisé une “expédition” à l’origine du drame, et son fils mineur se sont rendus dans la soirée à la police, a indiqué le procureur de Valence Laurent de Caigny dans un communiqué.
Quelques heures plus tôt, un autre fils, âgé de 27 ans et soupçonné d’être l’auteur de l’attaque mortelle à l’arme blanche, s’était également présenté à la police, ce qui porte à quatre le nombre de gardes à vue, un homme soupçonné de les avoir aidés à fuir ayant été interpellé le le jour précédent.
“Tous les suspects” sont “désormais arrêtés” et l’enquête, ouverte d’abord pour “homicide volontaire”, se poursuit “sous la qualification d’assassinat, c’est-à-dire de meurtre avec préméditation, un délit puni de la perpétuité”, a précisé le procureur.
Selon son communiqué, le père est soupçonné d’avoir organisé « l’expédition de sa famille » dans le quartier sensible de la Monnaie à la recherche d’une mineure avec laquelle son plus jeune fils « a eu une violente dispute et a filmé » quelques jours plus tôt.
“Il est soupçonné d’y avoir conduit avec la première personne placée en garde à vue, ses deux fils”, a expliqué M. de Caigny. Une fois leur cible localisée, le père a incité son jeune frère à le « corriger », ce qui a déclenché « une altercation avec échanges de coups ».
– “Terrible” –
Un « spectateur » adolescent, étranger à cette expédition comme à la dispute, était intervenu. Le fils aîné « est venu avec un couteau, l’a sorti et a porté un coup », a encore raconté le magistrat.
“Le père de famille avec le premier en garde à vue a ensuite assuré la fuite de toute la famille des agresseurs”, a-t-il précisé.
Transférée à l’hôpital, la victime, apprenti dans un centre de formation, a été constatée morte vers 23h15. Elle n’était connue ni de la police ni de la justice.
“Mon fils n’y est pour rien”, a confirmé son père sur RTL, décrivant “un type sympa” en contrat d’apprentissage dans le bâtiment. “Il voulait juste les séparer et soudain, l’autre a planté un couteau”, a-t-il décrit. “C’est terrible, c’est trop pour moi.”
L’entrée de l’immeuble où un adolescent de 15 ans a été poignardé le 10 avril 2024 à Romans-sur-Isère, dans la Drôme
JEFF PACHOUD – AFP
Le quartier de la Monnaie s’était déjà retrouvé sous le feu des projecteurs suite au décès de Thomas, lycéen de 16 ans mortellement blessé en novembre à l’issue d’un bal villageois à Crépol (Drôme).
L’enquête n’a pas permis d’identifier l’auteur du coup de couteau qui l’a tué. Certaines des personnes mises en examen pour « homicide volontaire en bande organisée » sont originaires de la Cité de la Monnaie.
Le drame a suscité une vive émotion dans la région et mobilisé l’extrême droite sur le thème de la sécurité, des quartiers sensibles et de l’immigration.
L’homicide de mardi “est un nouveau coup dur pour la ville”, a réagi mercredi auprès de l’AFP la maire divers droite de Romans-sur-Isère Marie-Hélène Thoraval, saluant que “des moyens importants aient été mis en place pour avancer l’enquête.
La victime était “un jeune tout à fait ordinaire”, a-t-elle constaté, déplorant “le nombre d’attaques qui sont menées à l’arme blanche”. «C’est de plus en plus courant. Et l’actualité de ces derniers temps en témoigne particulièrement », a-t-elle jugé.
Par Nicolas BOVE / Lyon (AFP) / © 2024 AFP
