leur maison s’effondre et se fissure, menaçant « l’investissement de toute leur vie »

Par Marie-Amélie Marchal
Publié le

30 avril 24 à 7h24

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La fissure était si grande qu’elle laissait passer l’air froid de l’hiver dans sa cuisine avant qu’Eric Canal ne la bouche. Depuis 2020, sa maison craque, avenue Paul Doumer à Arcueil (Val-de-Marne). Les stigmates sont apparus suite à une grave sécheresse, suivie d’un phénomène de « retrait-gonflement des argiles » (RGA), et d’un chantier situé à proximité.

Lundi 29 avril 2024, Marie Toussaint, députée européenne EELV, s’est rendue sur place avec Sandrine Rousseau, députée écologiste parisienne, dans le cadre de la proposition de loi Rousseau qui sera soumise en première lecture au Sénat le 30 mai. pour mieux compenser les dégâts liés à la sécheresse et au phénomène RGA.

Un effondrement soudain

Bien que la commune ait obtenu la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle après la sécheresse de 2020, deux propriétaires se battent toujours avec leur assurance pour obtenir compensation et financer les travaux à entreprendre afin d’économiser « l’investissement de leur vie ».

La maison du canal était s’est effondré soudainement, en été. « Nous étions en vacances, ce sont nos voisins qui nous ont signalé l’apparition de fissures sur la façade », explique le propriétaire.

Qu’est-ce que le retrait-gonflement de l’argile ?

Selon georisks.gouv.fr : « Les sols argileux de surface peuvent voir leur volume varier suite à une évolution de leur teneur en eau, liée aux conditions climatiques. Ils se « rétractent » lors des périodes de sécheresse (phénomène de « retrait ») et gonflent au retour des pluies lorsqu’ils sont réhydratés (phénomène de « gonflement »). Ces variations sont lentes, mais elles peuvent atteindre une amplitude suffisamment importante pour endommager les bâtiments situés sur ces terrains.

Outre les quatre grosses fissures sur l’enduit beige à l’extérieur, d’autres sont apparues à l’intérieur de la cheminée. Dans le salon, le socle même séparé du sol environ un bon centimètre.

A la maison Canal, la maison s’est enfoncée d’un bon centimètre, laissant apparaître un interstice entre le sol du séjour et le socle. (©MAM / actualité Paris)

Pas question de « s’enfuir ailleurs »

Un crève-cœur pour Éric Canal qui a acheté sa maison en 1996 et qui ne compte pas « s’enfuir ailleurs ».

“Il n’y a pas aucun risque pour la sécurité mais de gros travaux devront être entrepris, explique-t-il. Nous devrons refaire tout le système de fondation pour que ça ne bouge plus. » Un chantier de quatre mois que les Arcueillais ne peuvent pas entreprendre tant qu’ils n’ont pas les fonds d’assurance.

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Parmi le Canal, une fissure est si profonde qu’elle laisse passer un courant d’air. (©MAM / actualité Paris)

“Il a fallu mettre des saucisses pour que les rongeurs n’entrent pas”

La maison Laisney, attenante à la maison Canal, subit le même sort. Une grande fissure sépare désormais les deux pavillons. Devant le 8 bis allée Paul Doumer, le béton coulé par la famille s’est affaissé et forme désormais un canal lorsque le temps est pluvieux.

” Là la porte du garage ne touche plus le solà tel point qu’il a fallu mettre des saucisses pour empêcher les rongeurs d’entrer”, énumère Christian Laisney, froidement en colère.

Les Laisney ont dû ajouter des barrières pour empêcher les parasites de pénétrer dans leur garage. (©MAM / actualité Paris)

Une fois à l’intérieur, le propriétaire des lieux tente de sauver la face avec humour : « Tu vois, pour le même prix on a des portes automatiques », tandis que la porte de la buanderie se ferme toute seule à cause des mouvements de terrain. .

“Un drapeau sur deux en est à risque”

Depuis quatre ans, les deux propriétaires se battent pour obtenir réparation mais les compagnies d’assurance gagnent du temps.

«Ils tentent de se défaire et comptent sur le découragement des riverains face aux démarches et aux frais à avancer», tacle Éric Canal. Et force est de constater que ça marche : sur dix maisons touchées par des fissuresseuls les Canals et les Laisney ont intenté une action en justice.

« Rien que pour l’expertise, les procédures coûtent près de 10 000 euros sans compter les frais juridiques, les frais de gestion de projet…», souligne l’avocate des deux familles, Me Émilie Perrier.

Marie Toussaint (à gauche), Éric Canal (à droite) et son avocate, Me Émilie Perrier.
Marie Toussaint (à gauche), Éric Canal (à droite) et son avocate, Me Émilie Perrier. (©MAM / actualité Paris)

D’où le projet de loi défendu par la députée de Paris, Sandrine Rousseau. « La loi votée à l’Assemblée nationale est là pour ne pas laisser les populations seules face au changement climatique. Avec le RGA, il y a des maisons qui ne valent plus un centime alors que c’est l’investissement d’une vie », note l’écologiste.

Une maison sur deux en France est à risque et les plus touchées sont les maisons en parpaings. Ces derniers appartiennent aux classes moyennes, aux ouvriers, qui ont travaillé toute leur vie pour l’acquérir et l’utiliser comme assurance-vie.

Sandrine RousseauDéputé EELV de Paris
Sandrine Rousseau (à gauche), Marie Toussaint (au centre), Antoinette Guhl (à droite).
Sandrine Rousseau (à gauche), Marie Toussaint (au centre), Antoinette Guhl (à droite). (©MAM / actualité Paris)

Une Europe du bien-être

« Nous devons agir plus vite et plus fort contre le réchauffement climatique et protéger les populations de ses effets », déclare la députée européenne Marie Toussaint. Les assureurs le disent, ils le seront incapable de gérer les conséquences du réchauffement climatique de plus de 4 degrés et commencent déjà à se désengager. »

Pour le député candidat aux élections européennes du 9 juin, face au retrait des assurances, la solution résiderait dans « un nouvelle protection socialeà l’échelle européenne.


“Aujourd’hui, nous considérons les forces environnementales comme gênantes mais ce sont justement elles qui vont trouver les solutions par le financement et la recherche de leviers pour ralentir le changement climatique », a conclu Christian Métairie, maire EELV d’Arcueil.

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