Depuis plusieurs semaines, la Jeune UDC fait face à des accusations de collusion avec l’extrême droite, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du parti. En Suisse romande également, plusieurs sections ont pris position pour se démarquer de toute forme d’extrémisme. Ces déclarations publiques sont mises à mal dans au moins un cas, à Neuchâtel, montre une enquête de la RTS.
Publiquement, face aux récentes polémiques, les Jeunes UDC du canton de Neuchâtel se sont montrées intransigeantes. « Notre section s’engage à respecter et à promouvoir l’État de droit et la démocratie. Pour ces raisons, nous nous éloignons de tous les extrêmes quels qu’ils soient », nous disait la semaine dernière leur coprésident Loïc Nötzel. .
Mais les tweets qui semblent appartenir à l’un des membres de cette même section jeunesse de l’UDC choquent. Sous le pseudonyme de «The Swiss Cowboy», l’auteur de ce compte a multiplié les attaques contre les minorités, appels à la violence et autres provocations sur le réseau social X (ex-Twitter), flirtant parfois avec les limites de la légalité.
Par exemple, le 1er avril, le compte a publié une vidéo montrant deux personnes au teint clair en frappant une autre présentée comme « un migrant ». Et la personne a commenté : « Ce que j’aimerais pouvoir réaliser chaque jour ». Autre exemple le 8 juin 2023 : « Trouvez-moi un frontalier, il faut que je frappe quelque chose ». Ou, tout récemment : « Le nombre de surface au sol au mètre carré à Lausanne après le polymanga, mon dieu ».
Le jeune UDC se dit victime d’usurpation
Le jeune homme aurait deux comptes sur X. Dans le premier, il commente l’actualité sous son vrai nom et fait la promotion de son parti. Son deuxième compte, en revanche, est censé être anonyme. Sauf qu’il existe de nombreuses photos de lui ainsi que des messages qui font référence à ses activités politiques ou à son compte public.
Nous avons contacté le jeune homme pour le confronter à ces écrits. Au début, il dit ne pas savoir de quoi il s’agit. Cependant, dans les minutes qui ont suivi, le compte a été brièvement placé en mode « privé » avant d’être remis en mode public. Ensuite, l’homme politique multiplie les démentis. Il assure ne pas être lié à ces publications et se dit victime d’usurpation. Ce qui lui serait déjà arrivé par le passé, précise-t-il.
Une ambiguïté « stratégique »
Pour Oscar Mazzoleni, spécialiste de la radicalisation et professeur de sciences politiques à l’Université de Lausanne, on aurait ici affaire à un cas typique de double discours: «On sait qu’affirmer ouvertement certaines choses qui peuvent être sanctionnées par la loi, ça pose problème . Les jeunes militants, de l’UDC ou d’autres partis, le savent très bien. Ils ne peuvent donc pas dépasser certaines limites. En même temps, ce qu’ils pensent circule aussi et cela a pour conséquence une certaine ambiguïté.»
Cette ambiguïté est d’ailleurs savamment entretenue, selon lui. “L’ambiguïté est certainement stratégique dans le sens où nous utilisons des arguments différents selon les moyens de communication, les canaux, sachant que nous serons plus facilement en situation d’infraction dans les réseaux sociaux publics”, note Oscar Mazzoleni. En revanche, dans des circuits plus privés, il est plus facile de pouvoir dire ce qu’on pense.»
Candidat aux élections municipales
Aujourd’hui, le jeune Neuchâtelois est en lice pour les prochaines élections communales qui se tiendront dans le canton le 21 avril. Il se présente non pas sous la bannière de la Jeune UDC, mais sur une liste du parti parent. Contactées par nos soins, ni la section cantonale de la Jeune UDC ni l’UDC Suisse n’ont souhaité commenter les propos problématiques.
Quant au compte «The Swiss Cowboy», il a été définitivement supprimé, quelques heures seulement après que nous ayons contacté le jeune candidat neuchâtelois.
Michael Maccabez/nsp
