La Guyane il y a 125 000 ans révélée par des chercheurs montpelliérains

La Guyane il y a 125 000 ans révélée par des chercheurs montpelliérains
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Ce travail unique révèle également notre avenir climatique proche et vient d’être publié dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America ».

Les adjectifs et les qualificatifs manquent au profane pour résumer la somme de travaux et de découvertes inhérentes au projet mené, cinq années de suite, par le paléontologue et professeur Pierre-Olivier Antoine à l’Université de Montpellier, associé à vingt-neuf autres scientifiques. dispersés à travers le globe. Alors, comment résumer ce genre de recueil commencé à l’automne 2018 dans les argiles kourouciennes ?

D’autant que ces travaux n’avaient encore jamais été menés sur l’arc caribéen. Le mot du scientifique : « En octobre, on y va, on tamise et on trouve ce que l’on espérait : une grande diversité d’organismes marins. Là-dedans, on trouve des requins, des poissons, sans connaître l’âge de ces trouvailles. On monte un projet pour récolter des fonds et on y retourne l’année suivante. Mais c’est super compliqué de travailler.

Malgré tout et pendant quatre jours, la petite équipe a extrait une demi-tonne de terre, à quelques mètres de ce qui était alors la future rampe de lancement d’Ariane VI, la dernière itération du lanceur européen.

Cinquante kilos de matière analysés
cinq grammes sur cinq, aux jumelles

Cinquante kilos de matière argileuse sont ensuite ramenés ici, puis passés au tamis microscopique, « cinq grammes sur cinq ». Ou une série de jours et de nuits sans sommeil, les rétines collées aux jumelles.

“On s’est très très vite dit qu’on n’avait jamais entendu parler de fossiles en Guyane ou au Suriname, ni au Brésil.” Ainsi, lorsque les crustacés, mollusques, échinodermes, oursins, plantes et toutes autres formes se révèlent à l’état microscopique, retrouvés emprisonnés dans la matrice argileuse grise du sous-sol tropical.« on s’est dit : c’est grave ! Nous avons ensuite fait appel aux meilleurs spécialistes mondiaux pour chaque catégorie.

“Là, on se dit qu’on a une belle histoire !”

Il Il faut alors répartir les échantillons tout autour (ou presque) du globe. La glace. L’épidémie de Covid va créer tout un gâchis. « Nous étions un peu désespérés mais finalement nous avons reparti en campagne, à cinq cents mètres du premier site (à l’extérieur de l’enceinte du centre spatial, NDLR). Là, nous avons eu une journée pour travailler et extrait 350 kilos.

Dans cette masse terreuse ? « Cela a confirmé les premières découvertes, datées entre-temps après un an de recherche qui ont également permis de retrouver des centaines de milliers de spécimens de 230 espèces. Nous avons ensuite pu reconstituer le paysage avec ceux qui y ont vécu. Là, on a eu une belle histoire !

Découverte du paresseux géant : cette autre première mondiale

Parallèlement, Pierre-Olivier et d’autres chercheurs traînaient eux aussi leurs guêtres scientifiques au cœur de la forêt amazonienne, aux environs de Maripasoula, à l’automne 2021. Soutenus par la Légion étrangère et la gendarmerie, ils se sont rendus à l’orpaillage. des sites. Et là, ils ont découvert une première mondiale. Ils ont en effet déterré les restes d’un paresseux. Ou celles d’un ancêtre géant de ce mammifère arboricole. Lequel, dans la fleur de l’âge, ne pesait pas entre 3 et 8 kg mais, au minimum, trois tonnes !

En effet, la future mission, si son financement est bouclé (plusieurs centaines de milliers d’euros nécessaires), devrait permettre de confirmer la présence de ce plantigrade mais aussi d’éléphants et de tigres à dents de sabre. Sachant que les chercheurs ont pu collecter « ADN de soixante-dix espèces de plantes et d’animaux comme le chameau, ici appelé paléolama, disparu il y a huit mille ans ».

L’acide désoxyribonucléique a une nouvelle fois traversé les âges grâce à cette même argile grise, sorte de coffre-fort temporel.

Un instantané de ce qui se passe
avec le changement climatique

Trois analyses de datation indépendantes plus tard, les résultats tombent : « Toutes ramènent à 125 000 ans et confirment notre hypothèse initiale : cela correspond au dernier moment où la mer recouvrait le rivage avant la dernière glaciation, avant la période glaciaire, il y a entre 100 000 et 200 000 ans. Avant cela, cette période de 125 000 ans est très courte, 10 000 ans. Il fait deux, trois degrés de plus qu’aujourd’hui et l’eau est quatre à cinq mètres au-dessus du niveau actuel. Une analogie très sérieuse avec ce que pourrait être la Guyane d’ici la fin du siècle avec le changement climatique.

Six ans plus tard, cette entreprise singulière et laborieuse vient de donner lieu à un article publié fin mars dans la revue Actes de l’Académie nationale des sciences des États-Unis d’Amérique.

Soit onze pages pour résumer l’équivalent d’un annuaire, puis soumis à la critique avant d’obtenir une imprimatur, une première du genre. Car jusqu’alors, aucun travail similaire n’avait été réalisé dans cette partie du monde ni à cette échelle. « Cela permettra d’alimenter des modèles ailleurs. Nous avons déjà des centaines de téléchargements de collègues”précise Pierre-Olivier Antoine.

Pas peu fier mais déterminé à continuer plus loin en montant une nouvelle campagne, « un très gros projet collaboratif pour nous raconter l’histoire du littoral et de la forêt« .

 
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