Plafonner les prix des agences de placement permettra d’éviter les « abus »

Plafonner les prix des agences de placement permettra d’éviter les « abus »
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Dimanche, le ministre Christian Dubé a annoncé qu’à compter du 14 avril, les agences de placement du Québec devront se conformer à une grille tarifaire, qui limitera le montant qu’elles pourront demander aux établissements publics pour différents titres d’emploi. Il s’agit d’une des mesures de son plan qui vise à éliminer le recours à la main-d’œuvre indépendante (MOI) au Québec d’ici 2026 maximum.

« Par exemple, le taux horaire versé à une agence pour une infirmière clinicienne sera plafonné à 74,36 $ l’heure, alors que dans les dernières années, les agences pouvaient facturer 150 $ l’heure et même plus », note M. Dubé dans un communiqué.

Cette mesure arrive au moment où l’on apprend que le CIUSSS de l’Estrie-CHUS a vu son recours au MOI exploser au cours de la dernière année. Elle a augmenté de plus de 200 % dans l’ensemble de l’établissement, mais l’augmentation a atteint 1 235 % dans le programme jeunesse.

La galerie a également révélé, samedi, que le CIUSSS avait de la difficulté à assurer la sécurité de ses soins et services, une situation qui a notamment été attribuée à la forte présence de main-d’œuvre autonome sur certaines unités, a expliqué l’un des directeurs de l’établissement.

En ce sens donc, « c’est une bonne mesure de limiter les prix, sinon il pourrait y avoir des excès », indique Danny Roulx, représentant national du syndicat APTS de l’Estrie.

« Cela réduira le nombre d’agences qui abusent des prix. L’exemple du 150 $ de l’heure pour une infirmière clinicienne est un bon exemple d’abus », constate David Lambert, secrétaire-trésorier du Syndicat des professionnelles en soins de l’Estrie, affilié à la FIQ.

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Danny Roulx (Frédéric Côté/Archives La Tribune)

Des propos qui trouvent un écho chez Hélène Gravel, présidente de l’agence de placement Continuum, pour qui ces dérives de certaines entreprises mettent à mal la crédibilité de toutes les agences.

« La plupart des agences sont responsables, mais il est vrai que certaines facturaient 150 $, et parfois plus, pour une infirmière. Je trouve cela épouvantable, car nous aussi, nous sommes des contribuables », a-t-elle déclaré.

Faisabilité

Là où les points de vue divergent, c’est sur la nécessité et la faisabilité du plan du ministre Dubé visant à éradiquer l’utilisation du MOI dans le réseau public dans les années à venir. Les premières régions qui doivent s’en sevrer ont jusqu’en octobre 2024, tandis que d’autres, comme l’Estrie, ont jusqu’en octobre 2025 pour le faire. L’échéance est fixée à 2026 pour les régions éloignées.

« Dans les régions de Montréal et de Québec, qui doivent s’arrêter d’ici octobre, on ne constate pas de baisse de la demande. Au contraire. On constate aussi que l’exode des travailleurs du secteur public ne s’est pas arrêté », constate Mme Gravel.

« Chez nous, poursuit-elle, trois personnes sont revenues sur le réseau public. Ils sont 74 à adhérer, sur la même période.

À terme, elle estime que les professionnels de la santé devraient pouvoir choisir leur employeur en fonction des conditions de travail qu’ils souhaitent. Elle ajoute que « le jour où les salariés n’auront plus l’impression d’être traités comme des numéros dans le réseau public, les agences n’existeront plus ».

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Hélène Gravel (Jessica Garneau/Archives La Tribune)

«Quand on ne veut pas voir nos propres problèmes ou quand on n’a pas la capacité de les résoudre, on cherche un exutoire ou un bouc émissaire», souligne Mme Gravel, réagissant à la position du gouvernement sur les agences.

David Lambert est également d’avis qu’il faut en faire davantage pour améliorer la capacité d’attraction et de rétention du réseau de la santé. Il ne suffit pas, selon lui, de décréter que le recours au MOI sera interdit à partir d’une date donnée. Au lieu de cela, vous avez besoin d’un « plan de match » solide.

« Il faut que les gens aient envie de revenir. Le gouvernement doit créer des conditions gagnantes pour que les gens viennent et reviennent travailler dans le réseau. Ils ont besoin d’un plan de match. Dans les provinces et les régions, le réseau de la santé manque de créativité et d’audace pour améliorer les conditions », constate-t-il.

De toute façon, le réseau serait mieux servi par une moindre présence du MOI, estime Danny Roulx. Il note que, même avec le prix plafond annoncé par le ministre, un CISSS ou un CIUSSS paiera toujours plus cher un travailleur du MOI.

« C’est aussi une question de stabilité pour les usagers, par exemple les jeunes des maisons de jeunesse. Cela nécessite d’avoir du personnel dans le réseau public», dit-il.

 
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