Sur la première place du podium régional en nombre d’éoliennes, le département des Deux-Sèvres devra adapter ses infrastructures pour recevoir et transporter cette nouvelle production d’énergie. « Nous nous apprêtons à vivre la troisième révolution industrielle du réseau électrique en France », déclare Carole Pitou-Agudo. Le délégué de Réseau Transport Electrique (RTE) Ouest évoque ainsi la réorganisation en cours du réseau à l’échelle nationale parallèlement au développement des énergies renouvelables.
Dans les Deux-Sèvres, les grandes manœuvres ont commencé. Après avoir identifié des « ressources » en la matière, RTE a initié une vingtaine de projets d’ici 2030 dans les Deux-Sèvres et la Vienne. Parmi eux, huit nouveaux postes électriques (dont cinq dans les Deux-Sèvres). « Ce sont comme des carrefours ou des échangeurs entre RTE et les distributeurs où l’on transforme le niveau de tension. » Quinze nouvelles lignes électriques à haute tension (90 000 volts) ou très haute tension (225 000 volts) (dont six en Deux-Sèvres) sont également prévues dans les deux départements, qui seront installées en sous-sol.
A ce titre, la préfecture des Deux-Sèvres vient par exemple de délivrer une autorisation pour explorer la zone située entre Thouars et Loudun, y compris en pénétrant dans les propriétés privées pour rechercher le « meilleur » itinéraire. « Il y aura une phase de consultation publique avant de valider le tracé », assure Carole Pitou-Agudo.
“Nous gérons les grandes lignes”
« Chez RTE, nous gérons les grandes lignes, celles à haute et très haute tension que l’on peut comparer aux autoroutes. Ensuite, on passe le relais à des distributeurs comme Enedis ou Gérédis » qui amènent l’électricité sur des lignes plus petites jusqu’aux domiciles des gens. Le département était consommateur d’électricité et non producteur. « Dans les Deux-Sèvres, les réseaux ont été construits pour alimenter les zones rurales. »
Aujourd’hui, avec le développement des énergies renouvelables, le département devient producteur et le réseau n’est plus adapté pour recevoir et transporter cette production. « Il faut repenser le réseau pour qu’il soit capable de collecter tous ces électrons produits et de les renvoyer. »
Tout l’art de l’exercice consiste à anticiper pour mettre les réseaux devant les « ressources », lieux propices au développement des énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque, etc.). Pas très difficile là où les projets ont déjà été acceptés ; beaucoup plus délicat dans les localisations potentielles identifiées avec des projets non encore autorisés, voire pas encore lancés.
Pour réaliser ce travail prospectif, « RTE pilote la construction d’un aménagement, le S3REnR »le schéma régional de raccordement au réseau d’énergies renouvelables de Nouvelle-Aquitaine. « L’enjeu de ce plan est de fixer un cap, de tracer la feuille de route des investissements que les gestionnaires de réseaux doivent prévoir d’ici dix ans. » Comment savoir exactement où investir ? « Il s’agit évidemment de prévisions de zones potentielles susceptibles d’accueillir les énergies renouvelables. Ce plan n’est pas gravé dans le marbre, il est révisé régulièrement. »
Deux-Sèvres et Vienne : 500 millions d’euros
Les investissements nationaux sont colossaux. et ils sont particulièrement importants en Poitou-Charentes ». Est donc destiné “un investissement de 800 millions d’euros en Poitou-Charentes d’ici 2030”, soit environ la moitié des investissements prévus en Nouvelle-Aquitaine (1,7 milliard). Les vingt travaux déjà en cours dans les deux départements des Deux-Sèvres et de la Vienne représentent à eux seuls 500 millions d’euros. « Cela reflète la dynamique de développement des énergies renouvelables », se réjouit le délégué du Réseau transport Électrique (RTE) Ouest.