Un deuxième tunnel sous la Manche pourrait-il réellement voir le jour en 2040 ? – .

Un deuxième tunnel sous la Manche pourrait-il réellement voir le jour en 2040 ? – .
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C’est un vieux serpent de mer qui semble refaire surface plus fort que jamais. « Il y a quinze ans, quand on parlait de construire un pont entre Jersey, Guernesey et la Normandie, les gens riaient. Mais aujourd’hui, le projet de construction d’un tunnel est sérieux et l’opinion publique de l’île y est favorable », s’enthousiasme Kirsten Morel, ministre de l’Économie de Jersey, au téléphone. Pour relancer l’économie des deux dépendances autonomes de la Couronne britannique, qui comptent 170 000 habitants, le gouvernement de Jersey compte creuser un deuxième tunnel sous la Manche pour relier les îles anglo-normandes à la Normandie, dans le secteur de Granville (Manche).

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Le projet semble avoir pris une nouvelle dimension depuis la rencontre entre une délégation interministérielle des îles anglo-normandes et Philippe Gosselin, député de la Manche et président du Groupe d’étude et d’amitié entre la et les îles anglo-normandes, à l’Assemblée nationale en février dernier. Même si le tunnel ne fait pour l’instant que l’objet de “discussions informelles”, l’élu français dit “prendre acte” de cette volonté du ministre de l’Economie de Jersey, qui estime que le tunnel pourrait voir le jour “en 2040”. .

Travailleurs frontaliers

Comme la plupart des États occidentaux, les îles de Jersey et Guernesey s’inquiètent du vieillissement de leur population qui pourrait entraîner une pénurie de main d’œuvre d’ici 2050. Grâce à un tunnel, Jersey, où le salaire minimum brut horaire est de 11,64 livres sterling, soit 13,54 euros. contre 11,52 euros en France, espérant ainsi attirer des Français qui se rendraient sur l’île à la journée pour y travailler. Par ailleurs, le tunnel permettrait aux habitants de Jersey de devenir propriétaires en Normandie, alors que « le prix moyen d’une maison sur l’île se situe entre 700 000 et 800 000 livres », déplore la ministre Kirsten Morel.

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Mais cette situation des frontaliers est préoccupante côté français. Philippe Gosselin craint la fuite des travailleurs français, conjuguée à une explosion des prix de l’immobilier normand avec l’arrivée d’acheteurs de Jersey. Ceci alors que la région connaît une situation de « tensions sur le marché immobilier ».

Un tourisme dopé

Kirsten Morel considère cependant la construction du tunnel comme une solution « gagnant-gagnant ». L’accès routier à la Normandie depuis les îles permettrait de dynamiser le tourisme français, notamment dans la région de la Baie Saint-Michel, estime le ministre. Une intensification des flux touristiques qui se révélerait vectrice d’emplois en Normandie.

Autre avantage non négligeable pour Jersey de la construction d’un tunnel : limiter la dépendance des îles vis-à-vis du Royaume-. Alors que Jersey « importe 98 % de ses ressources depuis le port de Portsmouth », situé au sud de l’Angleterre, Kirsten Morel déplore les tempêtes et les intempéries dans la Manche qui empêchent régulièrement les ferries d’approvisionner l’île. Fort d’un « attachement fixe » au continent européen, le ministre espère réduire les risques de pénurie de produits, notamment alimentaires.

Un financement estimé à un peu plus d’un milliard d’euros

Concernant la question de son financement, le gouvernement de Jersey estime la construction du tunnel à un milliard de livres (1,17 milliard d’euros). Un montant qui « n’est pas le cœur du problème », analyse Philippe Gosselin, car « un emprunt d’un milliard étalé sur vingt ans ne coûterait aux investisseurs que 50 millions par an ».

D’autant que le projet pourrait bénéficier de « fonds jerseyois, français, européens et même publics privés », explique Kirsten Morel. Des investisseurs privés qui pourraient en effet « être intéressés » par la construction du pont, susceptibles de « dynamiser leur activité » à terme, et d’obtenir une redevance grâce à « la mise en place d’un péage ».

Mais avant tout financement, il faudra au préalable réaliser une étude de faisabilité pour « évaluer tous les coûts et bénéfices du projet », prévu pour 2025, qui coûterait « 10 millions de livres », précise le ministre.

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Qu’en est-il de l’environnement ?

En réalité, le « principal obstacle » à la construction du tunnel « devrait être environnemental », estime Philippe Gosselin. Il rappelle que le développement des infrastructures d’arrivée des tunnels sur le sol normand pourrait se heurter à la loi Climat et Résilience et son objectif de Zéro artificialisation des sols (ZAN).

Et alors que le secteur de Granville compte plusieurs sites protégés du réseau Natura 2000, Alain Picard, vice-président du Groupement régional des associations de protection de l’environnement (GRAPE) de Normandie, craint que « l’aspect environnemental soit sacrifié sur l’autel de l’économie ». développement”. Inquiet, le militant écologiste évoque également une « perturbation de la faune et de la flore » des fonds marins que traverserait le tunnel.

L’année prochaine, le groupe d’amitié de l’Assemblée nationale présidé par Philippe Gosselin se rendra dans les îles autonomes pour « un match retour ». L’occasion pour les gouvernements anglo-normands de préciser les détails de leur projet et peut-être de lancer l’étude de faisabilité, indispensable à la réalisation du « rêve politique » de Kirsten Morel.

 
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