« Sur l’hydrolienne, nous sommes à l’heure »

« Sur l’hydrolienne, nous sommes à l’heure »
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Par Julien Munoz
Publié le

4 avril 24 à 6h44

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Xavier Brunetière, préfet de la Manche, était dans les locaux de La Presse de la MancheCe mercredi 3 avril 2024. L’occasion de discuter les nouvelles.

Nouvelles: Il y a quelques semaines, Bruno Le Maire faisait des annonces sur la pérennité et la modernisation du site Orano La Hague pour les décennies à venir. Les parlementaires du Cotentin, l’Agglo, demandent la création d’un organisme de régulation et de coordination de ce nouveau grand projet réunissant une large représentation du Cotentin. Elle serait, selon leurs souhaits, placée sous l’égide d’un représentant de l’Etat. Etes-vous favorable à cette approche ?

Xavier Brunetière : Nous sommes parfaitement en phase avec les communautés. Une démarche de type « Grands chantiers » est nécessaire pour prendre en compte cette nouvelle étape annoncée sur Orano. Nous discuterons de leur calendrier avec Orano dans les prochaines semaines. Bien entendu, nous discuterons également avec les communautés de la manière d’accueillir ces nouvelles activités. Les collectivités soulèvent tout à fait légitimement la question du logement ou de la formation. Nous travaillerons avec les services de la préfecture de région pour nous organiser au mieux, afin que les retombées soient les plus fortes pour le département, et notamment le Cotentin.

« L’État doit être en position d’appui »

Il y a ce projet d’envergure donc, mais aussi plusieurs annonces positives autour de Naval Group ces dernières semaines. Ils auront besoin de main d’œuvre, mais ils devront aussi trouver un logement…

XB : Il existe des liens entre la politique publique de frugalité dans la consommation des terres, la logique de réduction de la consommation des espaces naturels agricoles et forestiers… et aussi la nécessité de produire davantage de logements. Une batterie d’outils est disponible. Je pense notamment aux aides à la rénovation de l’habitat, qui permettent de réhabiliter des immeubles actuellement vacants (dont la proportion est assez élevée en Normandie). C’est une manière de restaurer l’offre de logements. Libérer des terres peut aussi passer par des travaux sur des friches. Et puis, il y a la vision stratégique, qui est portée par les élus. L’État doit être en position d’accompagnement, et non de surveillance et de contrôle, pour que le PLUI sorte dans des délais raisonnables.

Des bureaux ont été créés dans les préfectures et sous-préfectures pour accompagner les agriculteurs. Un mois plus tard, les demandes sont-elles importantes ?

XB : Mardi, nous avons organisé un Codefi (rencontre des services de l’État et des services financiers) dédié au secteur agricole. Ce fut l’occasion de faire le point sur le soutien aux agriculteurs. La conclusion tirée de ces séances est qu’elles ont permis d’échanger avec une dizaine d’agriculteurs. Souvent, ils étaient confrontés à de multiples problèmes. Il faut vraiment travailler sur les modalités de contact pour voir comment on peut entrer plus directement en contact avec les agriculteurs qui ont le plus de difficulté à nous joindre ou à se manifester. Il y a peut-être eu un effet quelque peu stigmatisant des permanences téléphoniques mises en place dans la sous-préfecture. On les qualifiait de « permanence d’agriculteurs en difficulté ». Nous avons évoqué ce mardi la possibilité d’utiliser les prochaines permanences téléphoniques des services de Maison pour la campagne autour de l’impôt sur le revenu. Dites aux agriculteurs qu’ils ne doivent pas hésiter à profiter de l’occasion pour s’entretenir avec un représentant des services de l’Etat, qui pourra les mettre en relation avec d’autres services. Cela signifie peut-être aussi que nous disposons d’un système de soutien bien identifié…

De nombreux projets continuent de fleurir dans le port de Cherbourg autour d’EMR. Comment l’État peut-il accompagner cette transformation ?

XB : Il peut intervenir sur plusieurs aspects à la fois. Une fois que l’on arrive à un volume important d’activités ou d’emplois, il faut, en soutien aux collectivités, mobiliser les ressources de l’Etat, sur les volets démarche environnementale, urbanisme, formation, travail, etc. Il existe un ensemble de compétences étatiques qui peuvent être mobilisées, sous forme de « projet », pour éviter de se retrouver dans des procédures qui vont de séquence en séquence, et d’obstacle en obstacle. Au final, on perd beaucoup de temps…

« Nous suivons la situation des entreprises en difficulté »

Sur l’hydrolienne, les élus attendent de nouvelles annonces pour que ça démarre réellement…

XB : Les conditions sont largement réunies pour que l’expérimentation puisse se dérouler sans difficulté. Notamment en ce qui concerne le projet réalisé par CMN et Flowatt. Des autorisations administratives sont délivrées. Le financement est complet, avec un financement public. Je sais que concernant l’autre projet, des discussions sont en cours avec la Commission de régulation de l’énergie. Nous somme dans les temps.

Un peu plus d’entreprises sont confrontées à une situation économique difficile dans le Cotentin. Comment l’État soutient-il ces entreprises ?

XB : Au niveau départemental, à travers la Codefi, nous suivons la situation des entreprises en difficulté. Au niveau de l’État, on peut par exemple mobiliser des audits et accompagner des restructurations, mobiliser une activité partielle pour permettre de franchir des étapes, approcher des facilités de paiement lorsque des difficultés de trésorerie surviennent, etc.

« Un ralentissement de l’activité du travail temporaire »

Au-delà du ressenti, y a-t-il des indicateurs inquiétants ?

XB : Par rapport aux données sur l’emploi, on constate au niveau régional et national un ralentissement de l’activité du travail temporaire. C’est un signal d’alarme d’un ralentissement de l’activité. Par rapport à l’ère Covid, l’activité des tribunaux de commerce augmente également. Dans les entreprises que nous suivons au sein de Codefi, nous n’avons pas non plus d’explosion des effectifs, mais nous sommes vigilants. On sent effectivement un durcissement des conditions du côté bancaire.

Le Département, sur plusieurs territoires, va tester la nouvelle formule du RSA, sous conditions. Quelle sera la place de l’État dans ces expérimentations, mais aussi dans la généralisation ?

XB : Sur l’expérimentation, nous travaillons directement avec le conseil départemental et France Travail. C’est une expérience qui a déjà été menée dans d’autres départements normands. L’objectif est vraiment de pouvoir apporter un accompagnement plus fort pour aider les allocataires du RSA à trouver un emploi. Le réseau est bien plus vaste que ce qui existe actuellement. Nous restons localement avec des taux de chômage assez faibles, ce qui nécessite de pouvoir mobiliser ceux qui sont loin de l’emploi.

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