Un hiver « désastreux » pour les chauffeurs de taxi

Un hiver « désastreux » pour les chauffeurs de taxi
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« Présentement, ce n’est pas bon de voir ce qui se passe dans l’industrie du taxi », déplore Patrick Rochon, président de Taxi Coop, en entrevue avec Le soleil.

La situation économique et la météo y sont pour quelque chose. Selon M. Rochon, les températures chaudes et peu de précipitations ont poussé davantage de citoyens à marcher ou à prendre l’autobus durant l’hiver.

De plus, l’inflation se fait sentir dans les voyages. Les gens sortent moins de chez eux et dépensent moins pour leurs transports, estime le président de Taxi Coop. « Je conduis un taxi depuis 25 ans. Je ne me souviens pas avoir vécu un hiver comme celui-là.

Une réforme critiquée

Surtout, la réforme CAQ sur l’industrie du taxi, adoptée en 2020, est vivement dénoncée par les chauffeurs de taxi rencontrés par Le soleil. « Le projet de loi 17 présente de bons avantages, mais très peu par rapport aux inconvénients », estime Patrick Rochon.

Un procès s’est également ouvert mardi dans le cadre d’une action collective. Les chauffeurs de taxi accusent le gouvernement québécois d’avoir fait perdre toute valeur à leurs permis en permettant à l’entreprise de covoiturage Uber d’opérer, puis en abolissant le système de permis.

Sans compensation adéquate, de nombreux conducteurs qui envisageaient de tirer profit de la revente de leur permis ont été lourdement touchés financièrement. «On a des gens qui sont dans le métier depuis plus de 50 ans et qui se retrouvent sans rien du tout», raconte Patrick Rochon.

Explosion de l’offre

Sans permis à payer, le métier de chauffeur de taxi est bien plus accessible. Au moment de l’adoption de la loi, Patrick Rochon dénombrait 12 000 conducteurs à travers la province. Il y en aurait désormais plus de 75 000. « Nous partageons le gâteau entre beaucoup plus de personnes. Cela laisse moins de revenus à chaque conducteur », explique-t-il.

Avec sa réforme, la CAQ voulait réduire le nombre de compagnies de taxi. « Ils ont raté leur tir. Désormais, tout le monde peut devenir conducteur. N’importe qui peut créer une entreprise. Je n’ai jamais vu autant de compagnies de taxi dans ma carrière», affirme le président de Taxi Coop et chauffeur expérimenté.

Chamssi Abdelkarim, chauffeur de taxi, le constate sur le terrain. « C’est très difficile cette année. Il y a trop de taxis, ce qui nous laisse moins de clients. Nous recevons moins d’appels et donc cela coûte moins d’argent”, a-t-il déclaré. Soleil.

“J’ai tout perdu”

Gilles Roberge a consacré toute sa vie au métier de chauffeur de taxi.

“En 45 ans d’expérience, c’est la pire situation que j’ai connue.”

— Gilles Roberge

Cet homme de 69 ans a « tout perdu » lorsque le système des permis a été aboli. Acheté à l’époque pour environ 30 000 $, son permis valait 230 000 $, estime-t-il. Le gouvernement ne l’aurait pas indemnisé adéquatement.

« En raison des problèmes financiers que cela a créés, ma femme est partie. Quand on investit dans quelque chose et que ça se passe mal, ça a un impact sur le couple », dit-il.

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Le chauffeur Gilles Roberge (Caroline Grégoire/Le Soleil)

Gilles Roberge estime également que ses revenus ont diminué de 40 % depuis l’adoption de la réforme, notamment parce qu’elle a apporté beaucoup de concurrence et d’instabilité de la demande. « Nous sommes indépendants. Il n’y a pas d’avantages sociaux. La seule chose que nous avions, c’était la valeur de notre permis, et cela a été aboli par le gouvernement», dénonce M. Roberge.

Comme plusieurs, M. Roberge comptait sur la revente de son permis de taxi pour son plan de retraite. Participant à l’action collective, il espère être indemnisé à sa juste valeur. « C’est le dernier recours dont nous disposons pour nous faire entendre », dit-il.

 
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