En Charente, la randonnée est sous une forme olympique

« Il s’agit d’un grand événement itinérant mis en place dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques afin de promouvoir la randonnée auprès du grand public », explique Marie-Michelle Rabruaud, déléguée régionale de la Fédération française de randonnée (FFR). Une manière d’offrir une vitrine à cette discipline non olympique de plus en plus populaire. Sept randonnées sur plusieurs mois depuis les régions françaises jusqu’à Paris. Et une arrivée commune prévue le 10 mai dans la capitale.

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Parti d’Orthez il y a un mois, sur le point de franchir son 500e kilomètre, Fernand Wislet, originaire de Bazas, en Gironde, est un « ambassadeur marcheur » sur l’itinéraire Orthez-Paris. «Je marche depuis l’âge de 20 ans», raconte cet éditeur à la retraite. « C’est une pratique gratuite et offerte à tous, qui ouvre à la méditation, à la poésie, aux rencontres », raconte cet infatigable qui parcourt chaque année près de 5 000 km à pied. «C’est presque 100 km chaque semaine. On l’oublie souvent, mais c’est aussi tout simplement bon pour notre santé.»

On l’oublie souvent, mais marcher c’est aussi tout simplement bon pour la santé.

Un diagnostic partagé par Marie-Christine Lairain, l’une des seize membres du club Couronne « La randonne » venue se promener ce mercredi sur le tronçon Rochechouart – Suris désigné pour ce GRVP. “Quand on a dépassé un certain âge, c’est une pratique qui permet de rester en forme.”

Le profil type du randonneur en Charente : la femme de 65 ans

Selon Catherine Di Nisi, présidente du Comité départemental de randonnée, tel est le profil type du randonneur charentais : la femme de 65 ans. « Nous avons du mal à attirer des gens actifs dans cette discipline. Ils préfèrent la pratiquer de manière plus individuelle, ou se tournent vers la marche nordique, plus facile à organiser sur une courte période et donc réalisable lors d’une pause de midi en semaine », admet-elle.


Pour cette marcheuse du club La randonne de la Couronne, la pratique régulière de cette activité lui permet aussi de se vider la tête.

Julie Desbois

En quittant la commune de Chassenon par le sentier GR48, au niveau du moulin du Labit, il faut traverser La Graine sur un petit ponton avant de remonter vers la commune de Pressignac. Chemin faisant, les promeneurs rencontrent André Berland, ancien président de l’association Pressignac Nature et Randonnée. « Savez-vous que Graine, selon que l’on est en Charente ou en Haute-Vienne, ne s’écrit pas de la même manière ? », demande malicieusement cet historien local.


Après Pressignac, le GRVP mettra le cap sur Paris, via Chauvigny, Châtellerault ou encore Angers.

Julie Desbois

Le GRVP est également parrainé par l’UNESCO et le ministère de la Culture. L’occasion de mêler sport et patrimoine. Une manière aussi d’inclure le rural dans l’esprit des Jeux, à quelques semaines du passage de la flamme olympique, le 24 mai en Charente. « J’ai 84 ans, je ne marche plus beaucoup. Mais je participe de cette façon», poursuit le retraité, avant de montrer au groupe l’église du village, construite en pierres météorites.

Une manière d’inclure le rural dans l’esprit des Jeux Olympiques

Pressignac, Ansac, Lessac. En traversant ces villages aux suffixes très charentais, on pourrait craindre de tomber… dans une impasse. « Aucun risque, la plupart des sentiers sont désormais bien balisés », explique Catherine Di Nisi, qui rappelle que le balisage des itinéraires labellisés par la Fédération est réalisé par une cinquantaine de bénévoles. Et pour le marcheur connecté, plusieurs applications existent désormais.

« On s’arrête à midi. Ça commence à traîner», disent deux marcheurs fatigués, venus parcourir les vingt kilomètres de l’étape. « C’est la distance moyenne programmée chaque jour sur ce GRVP. Mais chacun ne peut rejoindre le groupe que sur une partie du trajet, s’il le souhaite », rappelle Marie-Michelle Rabruaud.

Alors, anachronique, marcher ? « On pourrait le penser, dans un monde axé sur la rapidité et l’efficacité. Mais c’est un pas de côté bienvenu », poursuit Fernand Wislet. Une démarche qui rejoint celle de Madeleine Comte-Sponville, partie de Villefranche-de-Rouergue avec son mari. « Marcher permet d’arrêter de penser, et ça fait du bien par moments », commente la sœur du célèbre philosophe. « À 76 ans, c’est aussi trouver ses limites. Nous voulons avancer, mais il faut aussi savoir s’arrêter. Cela enseigne la sagesse.

Pratique : pour rejoindre les promeneurs sur le chemin

Ce vendredi, le GRVP quittera Ansac sur Vienne pour rejoindre Availles-Limouzine, dans la Vienne. Départ à 9h de la place de la mairie. Un parcours de 20 km, avec une pause pique-nique à Lessac. Le comité de Vienne prendra le relais pour la suite des étapes organisées, jusqu’à Châtellerault, avant un transfert en région Pays de la Loire, la région Centre-Val de Loire n’ayant pas souhaité accueillir le passage du GRVP. La participation est gratuite et ouverte à tous.

Les chiffres de la randonnée en Charente

21 clubs affiliés à la Fédération Française de Randonnée (FFR), représentant 1 300 adhérents charentais. « Et c’est sans compter tous les clubs non affiliés », soulève Catherine Di Nisi, présidente du Comité charentais de randonnée. “Il y a de plus en plus d’adeptes, même si on n’a pas encore retrouvé les chiffres d’avant Covid.” Il existe 1 200 km de sentiers « GR », « GR Pays » et « PR », labellisés par la FFR, qui sont balisés en Charente, et 1 200 km supplémentaires de sentiers non labellisés, entretenus notamment par les collectivités territoriales.
La pratique reste largement rurale. « Il y a des clubs de randonnée qui se créent dans les villes, mais c’est surtout dans les grandes villes. » Selon le « Baromètre 2023 des villes accessibles à pied », Angoulême se classe parmi les moins performantes en termes de praticité de la marche urbaine. « Largeur des trottoirs, plans de circulation. Rien n’est fait pour les piétons dans cette ville », regrette Catherine Di Nisi. Sauf néanmoins le périphérique vert, cette boucle de 21 km, naturelle, en zone urbaine.

 
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