« Sans consentement », ces scandales sexuels qui ont marqué le Québec

« Sans consentement », ces scandales sexuels qui ont marqué le Québec
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Qu’ont en commun Éric Salvail, Philippe Bond, Maripier Morin et Harold LeBel ? Ces personnalités influentes et respectées ont à leur tour été impliquées dans des scandales sexuels très médiatisés. Un nouvel essai publié mercredi décortique leur histoire et leur chute – ainsi que celles d’une vingtaine d’autres personnalités québécoises – pour que leurs actes ne soient jamais oubliés.

« Il y a eu une multiplication effarante de scandales sexuels au Québec ces dernières années, c’est sans précédent. À tel point qu’on perd le compte, on perd des détails, même les plus cruciaux. Il fallait, collectivement, faire un état des lieux de la situation», affirme l’auteur Michel Morin.

Dans son essai Sans consentement, il a recensé une trentaine de scandales sexuels qui ont marqué le Québec. Les personnalités impliquées se sont retrouvées sur la sellette principalement au cours de la dernière décennie, emportées par les différentes vagues du mouvement #MeToo qui ont libéré la voix des victimes.

On retrouve ainsi dans le livre le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, l’ancienne star de la radio Jian Ghomeshi, le chanteur Yann Perreau, l’ancien bassiste de Simple Plan, David Desrosiers, l’ex-politicien André Boisclair ou encore le hockeyeur Logan Mailloux. . L’auteur nous ramène également aux histoires plus lointaines de l’ancien entraîneur de ski Bertrand Charest et de l’ancien agent d’artistes Guy Cloutier. Il aborde également les cas inquiétants des entraîneurs de basketball de l’École Saint-Laurent, des Forces armées canadiennes et des Pères Rédemptoristes.

De cette longue liste, la plupart se sont retrouvés devant les tribunaux : certains ont été acquittés ; d’autres, condamnés à la prison. Plusieurs n’ont jamais saisi la justice, mais ont disparu de la sphère publique suite à des dénonciations sur les réseaux sociaux qui ont détruit leur carrière. Une poignée de personnalités s’en sont sorties presque indemnes et ont réussi à revenir sur le devant de la scène publique.

« Chaque cas est différent. A commencer par la gravité des gestes posés. Je voulais montrer qu’il existe différents types d’inconduites sexuelles et que certaines personnes se livrent à du harcèlement sans forcément commettre des agressions », précise l’auteure, également avocate et enseignante.

En fait, le dénominateur commun qui les rassemble dans cet ouvrage est « l’absence de consentement » des victimes concernées. Seule exception : l’animateur Joël Legendre, qui a dû payer une amende de 438 $ pour s’être masturbé dans un parc de Longueuil. En abordant cette histoire, Michel Morin a voulu montrer « comment une personnalité publique peut se retrouver au centre d’un scandale sexuel très médiatisé pour un geste relativement anodin et qui n’a rien de criminel ». «La réalité est que la faute de Legendre a moins choqué le public qu’elle ne l’a embarrassé», écrit Michel Morin.

Devoir de mémoire

En entretien avec Le devoir Quelques jours avant la parution de son livre, l’auteur se préparait déjà aux critiques. Certains risquent de qualifier son travail de « voyeuriste » ou de « sensationnaliste », estime-t-il. Pourtant, c’est « un devoir de mémoire » qui le guide. « Nous ne pouvons ignorer, tolérer ou oublier ces scandales sexuels. Ils ont changé le Québec. Ils ont changé notre perception des stars que nous pensions irréprochables et notre perception de certaines institutions. »

Il est lui-même tombé dans le piège, reconnaît-il. Grâce à ses recherches « laborieuses » d’un an et demi – qui l’ont plongé dans des tonnes de jugements de justice, de livres, de rapports, de documentaires, d’interviews et de podcasts –, il s’est rendu compte qu’il avait oublié certains détails au fil du temps, tandis que d’autres lui avaient complètement échappé.

De l’affaire Maripier Morin, par exemple, il n’a retenu que la dénonciation de l’artiste Safia Nolin. « J’avais oublié les témoignages recueillis par Le devoir Alors La presse, démontrant que Maripier aurait eu plusieurs comportements inappropriés. » Il cite aussi le cas de l’acteur Edgar Fruitier. « J’ai trouvé sa peine sévère, mais ma compassion a complètement disparu à la lecture de la lettre de Serge Denoncourt qui m’avait échappé. C’était une habitude chez Fruitier de harceler les jeunes comédiens”, poursuit-il.

Démystifier le système judiciaire

Michel Morin a également souhaité profiter de ce rappel des faits pour expliquer aux lecteurs les questions juridiques soulevées par ces différents scandales. Il entrecoupe ainsi ses chapitres de leçons de droit sur des notions clés comme le consentement, les agressions sexuelles, la pédopornographie ou encore le harcèlement sexuel. Il évoque également le traitement des plaintes, le fonctionnement des tribunaux en la matière et les sanctions encourues.

C’est aussi une manière de « sensibiliser les lecteurs au drame vécu par les victimes d’abus sexuels de toutes sortes, et au courage dont elles doivent faire preuve pour tenter d’obtenir réparation », écrit-il.

Des notions qui seront utiles alors que Gilbert Rozon subit un nouveau procès le 9 décembre. Les poursuites civiles déposées individuellement par neuf victimes présumées feront finalement l’objet d’un procès unique, qui se tiendra jusqu’au 27 mars 2025, pour un total de 43 jours d’audience.

Sans consentement. Trente scandales sexuels qui ont changé le Québec

Michel Morin, éditeur VLB, Montréal, 2024, 280 pages

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