Le très mauvais bilan du Canada et du Québec en termes de productivité

Le très mauvais bilan du Canada et du Québec en termes de productivité
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La mauvaise performance du Canada et du Québec en termes de productivité passe facilement pour une question trop abstraite et complexe pour qu’on s’y intéresse à moins d’être un expert ou un vieux grincheux qui trouve que les gens ne travaillent pas assez fort. Ces jours. Cependant, notre niveau de vie est plus que jamais en jeu. Il ne s’agit pas de travailler plus, mais de travailler mieux, et notre performance dans ce domaine est vraiment très mauvaise, et ce depuis très longtemps.

Le sous-gouverneur principal de la Banque du Canada a eu quelque chose d’important à dire mardi lors d’un discours prononcé devant une agence de développement d’Halifax. Comme prévu, Carolyn Rogers a commencé par faire le point sur « la plus grande dérive inflationniste mondiale des dernières décennies » et s’est félicitée du fait que « l’inflation ait sensiblement baissé », grâce notamment à la forte hausse des taux. d’intérêt de la banque centrale.

Cependant, elle a averti qu’avec le ralentissement du processus d’intégration économique mondiale, le vieillissement des populations et l’impact économique du changement climatique, la « menace d’inflation risque d’être désormais plus présente ». Pour continuer à espérer pouvoir concilier une croissance économique vigoureuse et une légère hausse du coût de la vie, il faudra de plus en plus compter sur une augmentation de la productivité.

Il ne s’agit pas ici de demander aux Canadiens de prendre moins de vacances et de travailler plus d’heures par semaine, a-t-elle rappelé, mais de trouver un moyen pour que chacune de ces heures soit utilisée pour produire des biens et services de plus grande valeur. “Cela devrait être une aspiration, pas quelque chose à craindre.” L’entreprise qui augmente sa productivité augmente ses revenus, et elle peut donc offrir de meilleurs salaires à son personnel sans avoir à augmenter ses prix. »

Le problème, a-t-elle poursuivi, est que le Canada a un « mauvais bilan » dans ce domaine « depuis trop longtemps ». « Il y a un danger à retarder. Nous devons agir. »

Un problème répandu, mais plus grave ici

Depuis des années, nous déplorons le ralentissement de la croissance de la productivité dans plusieurs pays. Mais le Canada et le Québec sont dans une ligue à part, rapportait encore au début du mois le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal dans son portrait annuel de la situation.

Non seulement la productivité par heure travaillée est inférieure à celle de la grande majorité des économies développées, mais cet écart a tendance à se creuser, avec une croissance annuelle moyenne de 1,01 % au Québec et de 1,11 % au Canada. de 1981 à 2022, devant seulement l’Italie (0,87 %) et faisant moins bien que la France (1,44 %), les États-Unis (1,51 %), l’Allemagne (1,53 %), la Suède (1,59 %), le Japon (1,93 %) ou la Finlande (2,01%).

En 1981, la valeur générée par heure travaillée dans l’économie canadienne représentait 88 % de celle des États-Unis. Cette proportion ne serait que de 71 % en 2022, a donné en exemple Carolyn Rogers. On a cru un instant que la capacité d’adaptation dont les entreprises ont dû faire preuve pendant la pandémie de COVID-19 se traduirait alors par une amélioration de la productivité : c’est ce qui s’est produit aux États-Unis, mais pas au Canada.

Le secret de la productivité reste en grande partie un mystère, admettent les économistes. Il n’existe pas non plus de consensus entre eux sur la meilleure manière d’améliorer les choses.

Il est généralement admis qu’il y a trois ingrédients principaux dans la recette. Le premier est l’argent que nous investissons dans les machines et les technologies, bien sûr, mais aussi – et peut-être surtout – dans la recherche, le développement et la propriété intellectuelle. De ce côté-là, depuis au moins 50 ans, les entreprises ont investi moins au Canada qu’aux États-Unis proportionnellement au nombre de travailleurs.

Le deuxième ingrédient est la qualité de la main-d’œuvre, depuis la formation initiale à l’école jusqu’à la requalification et la formation continue en entreprise.

Comme l’importance de la technologie est souvent évoquée, on pense logiquement que la priorité devrait être de former davantage de travailleurs expérimentés dans les technologies de pointe, comme l’informatique, la robotique ou l’intelligence artificielle. Mais il s’agit d’un malentendu, montre une étude menée auprès de chefs d’entreprise ontariens à qui il a été demandé de préciser plus précisément en quoi consistaient leurs besoins en compétences numériques. Dans les trois quarts des cas, il ne s’agissait que d’un niveau de culture numérique de base, beaucoup plus modeste et accessible, comme la capacité à utiliser un logiciel de traitement de texte (Word), un logiciel de présentation (PowerPoint) ou un tableur (Excel).

Le troisième élément de la productivité fait référence à tous les gains d’efficacité attribuables aux économies d’échelle, aux changements technologiques et à une meilleure organisation de la production. Appelé « productivité multifactorielle », ce facteur est celui qui a le plus contribué à l’amélioration de la productivité au Canada au cours de la décennie précédant la pandémie — et où le Québec s’est démarqué favorablement de l’Ontario.

Solutions

En matière de main-d’œuvre, Carolyn Rogers appelle à une meilleure prise en compte des compétences de la masse des immigrants accueillis chaque année au Canada. « Trop souvent, les nouveaux arrivants dans le pays occupent des emplois qui ne correspondent pas aux compétences acquises. »

En matière d’investissements, une étude récente de Statistique Canada suggère que le manque d’effort des entreprises canadiennes est lié au fait qu’elles ne sont pas suffisamment exposées à la concurrence nationale et étrangère malgré les nombreux accords de libre-échange signés. par le pays.

C’est aussi l’une des choses préférées du RPC. Tout comme évoquer une culture de complaisance héritée de trop d’années de profit de l’avantage artificiel conféré par la faiblesse du taux de change du dollar canadien. Mais surtout pour dénoncer l’effet délétère des politiques industrielles des gouvernements, particulièrement au Québec. « Profondément ancrées dans une réalité depuis longtemps dépassée », ces politiques continuent de favoriser la création d’emplois — alors que le Québec fait face à un problème de pénurie de main-d’œuvre — et profitent principalement aux grandes entreprises déjà bien implantées. alors que nous devrions encourager les petits nouveaux arrivants par lesquels l’innovation arrive.

Alors que le CPP se moque des gouvernements qui soutiennent massivement des niches industrielles soi-disant prometteuses, comme le secteur des batteries, Carolyn Rogers les encourage au contraire à « rester attentifs à l’émergence de futurs secteurs porteurs de valeur ».

Comme cela a été dit, il n’existe pas de consensus parmi les experts sur la productivité. “Notre seule certitude, c’est qu’il est urgent d’agir”, a résumé le vice-gouverneur.

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