« Au moment où je vous parle, il y a eu plus de 187 arrestations. » L’annonce du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a été faite ce lundi lors d’un déplacement à Roubaix. Après Marseille la semaine dernière, les métropoles de Lille et Lyon, mais aussi Dijon et la région parisienne ont été le théâtre d’actions policières musclées dans le cadre d’une nouvelle opération antidrogue baptisée « Place Net XXL ».
Objectif revendiqué par Gérald Darmanin : 850 personnes à interroger. « Afficher » plus que toute autre chose, déplore cependant un membre de l’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) pour 20 minutes. « Si c’est pour alimenter les statistiques sans qu’il y ait une réponse pénale derrière, on n’en voit pas trop l’intérêt », dénonce-t-il.
« Nous voulons mettre du bleu sur la voie publique »
Cette association, qui regroupe des officiers de police judiciaire, ne cesse depuis plusieurs mois d’alerter le ministère sur la politique chiffrée qui, selon elle, « réduit l’efficacité », notamment au sein de la police judiciaire (PJ). “Nous voulons mettre du bleu sur la voie publique et ce serait une bonne chose que le nombre d’enquêteurs soit corrélé”, explique-t-il. En outre, la réforme de la police a ajouté des couches administratives qui alourdissent les opérations autrefois plus fluides de la PJ. »
Résultat, moins de policiers sur les lieux de l’enquête, selon l’ANPJ. « Démanteler un point de deal demande trois à six mois de travail pour comprendre son fonctionnement, rassembler les preuves et condamner les coupables. Cela nécessite une enquête approfondie. »
“Manque de preuves”
Selon nos informations, le parquet de Lille a également été informé très tardivement de cette opération « carré net XXL ». « Le ministre veut rappeler que l’Etat peut aller partout, c’est bien et ça rassure la population. Mais on risque d’engorger les tribunaux avec des gens qui ne seront pas forcément condamnés faute de preuves», déplore le policier.
Dans le Nord, où près de 900 policiers étaient mobilisés, le préfet a fait état de 74 interpellations lundi matin, soulignant qu’il s’agissait d’une opération « multi-délinquance », avec un focus sur les stupéfiants. Un demi-kilo d’héroïne, quatre armes et 70 000 euros avaient été saisis lors de la visite du ministre, a annoncé Thierry Courtecuisse, directeur interministériel de la police nationale, anticipant de futures « saisies immobilières ».
