Pourquoi la visite d’Emmanuel Macron en Guyane irrite certains élus locaux

Pourquoi la visite d’Emmanuel Macron en Guyane irrite certains élus locaux
Descriptive text here

Sept ans après son premier déplacement présidentiel en Guyane, Emmanuel Macron arrive ce lundi 25 mars sur le territoire sud-américain, accompagné de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer et de Marie Guévenoux, la ministre déléguée, venue il y a 10 jours. Au terme de cette visite qui se déroulera sur l’île de Cayenne, à Kourou et à Camopi, commune amérindienne de l’est de la Guyane fortement touchée par l’orpaillage illégal, le président se rendra ensuite au Brésil voisin.

Selon les indications de l’Élysée données mardi à la presse, Emmanuel Macron devrait axer son déplacement en Guyane autour de la souveraineté alimentaire, de la lutte contre l’exploitation illégale de l’or et de l’espace. D’autres sujets pourraient être abordés lors d’une “temps d’échange” prévu avec les élus lundi soir, notamment l’insécurité et le désenclavement du territoire sur lesquels les maires ont alerté le président. Mais il y a un sujet en particulier sur lequel Emmanuel Macron est très attendu et qui cristallise les tensions depuis plusieurs semaines maintenant : celui de l’autonomie de la Guyane.

Une visite aux airs « enfumés »

Le président de gauche de la collectivité territoriale de Guyane (CTG), Gabriel Serville, et les deux députés communistes de Guyane, Jean-Victor Castor et Davy Rimane, ont menacé de boycotter la visite si le président de la République ne prenait pas une décision. position sur la question de l’évolution statutaire.

Fin février, après que Gérald Darmanin a annoncé qu’un “consensus” s’était trouvé auprès des élus corses pour l’autonomie de l’île, Gabriel Serville s’est montré très contrarié par cette nouvelle, annonçant sur le plateau de Guyane le premier qu’il “réservation [ait] le droit de participer à cette visite officielle » si Emmanuel Macron n’a pas répondu favorablement à la demande d’autonomie de la Guyane et s’il n’a pas placé la lutte contre l’orpaillage illégal « grande cause nationale ».

De son côté, le député Jean-Victor Castor, soutenu par son collègue Davy Rimane, a dénoncé une visite qui ressemble à “fumeur” et déploré « l’absence de réponses de l’exécutif aux demandes répétées des élus du territoire ».

Les deux parlementaires ont adressé une lettre à Gabriel Serville dans laquelle ils demandent au président de la Collectivité Territoriale de Guyane d’organiser une réunion avec tous les élus lors de la visite présidentielle afin qu’Emmanuel Macron puisse s’exprimer. « clairement sur les évolutions statutaires et autres sujets pour lesquels les Guyanais attendent des réponses fermes et durables ».

Les députés guyanais Jean-Victor Castor (à gauche), Davy Rimane (à droite) et le président de la collectivité locale de Guyane, Gabriel Serville (au centre), attendent une position claire d’Emmanuel Macron sur l’évolution statutaire de la Guyane | ENGAGEMENT TERRITORIAL DE LA GUYANE.
Afficher en plein écran
Les députés guyanais Jean-Victor Castor (à gauche), Davy Rimane (à droite) et le président de la collectivité locale de Guyane, Gabriel Serville (au centre), attendent une position claire d’Emmanuel Macron sur l’évolution statutaire de la Guyane | ENGAGEMENT TERRITORIAL DE LA GUYANE.

Un enjeu politique de longue date

Les réflexions sur cette évolution, qui vise à fournir un cadre normatif plus adapté aux réalités locales, remontent au début de la Ve République. Mais elles se confortent dans le débat public suite aux mouvements sociaux de 2017 et à l’inclusion, dans les Accords de Guyane, de la possibilité de saisine du gouvernement par le Congrès des élus de Guyane, d’un projet d’aménagement statutaire. Depuis 2022 et le vote unanime des élus en faveur d’un processus d’évolution statutaire de la Guyane, les réunions de travail se succèdent entre élus et représentants de la société civile. Aujourd’hui, les contours de ce projet politique sont presque tracés au niveau local.

Ce que certains élus reprochent au gouvernement, c’est le manque de suites concrètes données au projet qui devra passer par des négociations avec l’Etat avant d’être soumis à la population. Par exemple, les deux experts mandatés par l’Élysée pour accompagner les territoires engagés dans un processus d’évolution statutaire sont arrivés en Guyane en février avec près de six mois de retard sur le calendrier initial, ralentissant ainsi la suite du processus.

Gabriel Serville s’est entretenu avec Gérald Darmanin à Paris jeudi dernier pour évoquer les évolutions statutaires. Cette rencontre a été déclinée par la délégation d’élus qui était invitée et qui a préféré attendre ce que le Président de la République annoncera, ou non, sur le sujet.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV acheter des pâtisseries… pour aider à restaurer une église
NEXT La Banque du Canada laisse son taux directeur inchangé à 5%