comment cette association est devenue un acteur incontournable de la cause animale

comment cette association est devenue un acteur incontournable de la cause animale
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L214 est avant tout une stratégie, stratégie de choc pour changer les mentalités et les pratiques. Par exemple ce qu’elle a fait en 2016, dans le Gard : l’association publie des vidéos de maltraitance animale au sein de l’abattoir du Vigan. A l’époque, Stéphane Thiry, éleveur, collaborait avec cet abattoir, sans se douter des coulisses… jusqu’à la sortie de l’enquête L214. « Nous avons été assez choqués. Nous étions fiers de notre petit abattoir de campagne. On imaginait que tout allait bien. Et puis on s’est rendu compte que même dans notre abattoir, il pouvait y avoir des écarts”il se souvient.

Sur place, la vidéo de L214 fait l’effet d’une bombe. L’abattoir est menacé de fermeture. Les éleveurs décident alors de Prendre les choses sous contrôle. Ils créent une coopérative. Désormais, ce seront eux, les éleveurs, qui se chargeront de l’abattage. Stéphane Thirry prendra la tête de cette nouvelle structure en 2018.

« Cet abattoir est progressivement devenu une extension de nos opérations. Nous prenons en considération les animaux à l’abattoir comme nous les prenons en considération dans nos élevages. Concernant les cadences de production, elles ne sont pas du tout les mêmes que dans un grand abattoir. Les éleveurs n’abattent leurs animaux qu’une fois par semaine, le mardi. Et puis nous avons voulu que cet abattoir soit transparent dans son fonctionnement. Nous organisons donc régulièrement des visites, nous recevons du public… », il explique. L’abattoir est devenu un modèle, cité en exemple par L214.

Un acteur incontournable de la cause animale

L’association L214, dont le nom fait référence à l’article L214-1 du Code rural, qui a reconnu pour la première fois en 1976 les animaux comme les êtres sensibles, a été fondée en 2008. Elle est restée plusieurs années dans l’ombre, jusqu’à un tournant en 2015. L214 a publié des images de l’abattoir d’Alès. Celles des chevaux, des cochons, des veaux mourants… couvertes massivement par les médias. C’est à ce moment que L214 gagne en notoriété et surtout en légitimité, selon sa cofondatrice, Brigitte Gothière.

« C’était une reconnaissance du travail de l’association, à plusieurs titres. Premièrement, que les images présentées sont réelles. A l’époque, lorsque nous avons porté plainte, plusieurs procureurs ont débouté les services vétérinaires parfois ne nous ont même pas réponduelle se souviens. On voit aujourd’hui que les enquêtes sont prises plus au sérieux. La notoriété de L214 lui permet d’attirer l’attention des magistrats et des services de l’Etat.

Depuis 2015, L214 accumule les victoires : des dizaines de fermetures d’élevages ou d’abattoirs, les demandes de conformité et les condamnations judiciaires également. De profondes transformations se sont également produites chez plusieurs géants de l’industrie agroalimentaire, comme l’entreprise de pâtés Hénaff : suite à une enquête de L214, elle s’est engagée à améliorer les conditions d’élevage de ses porcs en installant de la paille au sol ou en garantissant un accès extérieur aux animaux. Concernant les œufs de poules élevées en cage, 150 entreprises ont résolu de ne plus les vendre, toujours grâce au travail de l’association.

Objectif : arrêter complètement de manger de la viande

L’objectif premier de l’association reste l’arrêt complet de la consommation de viande. Sur cette question, malgré ses 50 000 adhérents, une centaine de salariés, ses relais médiatiques et politiques, les résultats sont toujours attendus : la consommation de viande a augmenté de 3 % en France ces dix dernières années. C’est pourquoi L214 s’est fixé un nouvel objectif, plus raisonnable : le réduire de moitié la production de viande d’ici 2030.

Une association militante

L214 s’appuie donc sur des convictions politiques d’une part et sur des enquêtes qui se veulent impartiales d’autre part. Un mélange des genres mis en avant par Maître Antoine Tugas. Il a défendu trois salariés de l’abattoir de Mauléon dans les Pyrénées-Atlantiques. Dans cette affaire, selon lui, L214 a publié des vidéos pour choquer et non pour informer.

« L’affaire aurait pu être traitée différemment si quelques précautions élémentaires avaient été prises. On peut rappeler qu’au moment où ces images ont été prises, c’était la période de Pâques, donc les tarifs par rapport à l’abattage des moutons sont très importants, il souligne, avec un sous-effectif chronique dans cet abattoir, avec des machines qui fonctionnent mal. La première précaution aurait donc été de considérer que ces images méritaient a minima analyse et mise en perspective. C’est une enquête.

Dans cette affaire, les trois salariés ont finalement été condamnés à des amendes simples. Le tribunal a considéré que la faute était principalement imputable à l’employeur.

 
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