A l’approche des élections, Ecolo-Groen affiche une nouvelle fois son visage antinucléaire. Il y a tout juste un an, La Dernière Heure s’interrogeait sur le positionnement des Verts concernant la ressource atomique pour alimenter la Belgique en électricité. D’après les sorties des différents chiffres d’Ecolo et Groen, il est apparu qu’en mars 2023, les Verts se montraient prudents quant à l’idée de prolonger l’existence des réacteurs nucléaires.
Depuis, un accord sur l’extension du nucléaire a été péniblement obtenu par le Premier ministre Alexander De Croo et la ministre de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen). Les écologistes semblaient se rallier au mantra d’un mix énergétique englobant un maximum de sources de production. Jusqu’à ce lundi. Sur Bel-RTL, le coprésident d’Ecolo Jean-Marc Nollet a surpris tout le monde en affirmant que l’avenir énergétique de la Belgique devrait être sans nucléaire selon Écolo. Il a ensuite réitéré ces propos jeudi, en marge du sommet sur le nucléaire qui se tient à Bruxelles à l’initiative de la Belgique et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
L’énergie nucléaire n’est pas une solution à la crise climatique, pour Ecolo
Pour le Carolégien, le défi de l’électrification de la société belge peut être relevé avec trois scénarios qui se passent du nucléaire. La première développerait énormément le photovoltaïque et l’éolien sur le territoire belge. Le second pousserait le développement de l’énergie éolienne offshore en mer du Nord. Le troisième combinerait «renouvelable avec la réduction des consommations grâce notamment à l’économie circulaire ».
Le leader écologiste s’est appuyé sur une étude commandée au consortium interuniversitaire EnergyVille pour affirmer qu’un scénario sans nucléaire coûterait 130 milliards d’euros de moins qu’un scénario avec nucléaire.
Ces déclarations sont très mal perçues dans la sphère politique. “Nollet est sur une autre planète. Son projet est irréalisable”, nous dit un ministre socialiste. A l’exception d’Ecolo-Groen et du PTB, tous les partis, majorité et opposition, flamands et francophones, sont en effet favorables à l’extension du nucléaire.
Pour Mathieu Bihet (MR), les affirmations de Jean-Marc Nollet contredisent l’action politique des Verts au sein de Vivaldi. “Deux documents démontrent cependant l’engagement du gouvernement (100 millions d’euros) dans la recherche visant à produire de l’énergie électrique, notamment, à travers les SMR, le nucléaire du futur., commente le député fédéral, appuyant ses propos par des textes parlementaires attestant de la décision du gouvernement d’aller dans cette direction. “Alors soit Jean-Marc Nollet ment, soit il est responsable d’un tel gaspillage d’argent… »
Depuis le départ de Nollet, le débat énergétique a pris une tournure asymétrique. Les Verts prennent position contre le nucléaire tandis que les libéraux reviennent en force sur l’énergie atomique. Le Premier ministre, qui avait adopté au cours de la législature une attitude plus réservée sur la question, a soudain pris une position très engagée en faveur de cette option. “Les éoliennes offshore, oui. Le photovoltaïque, oui. En outre, nous avons toujours besoin d’une énergie produite en continu et qui ne dépend ni du vent ni du soleil. Nous aurons besoin de toutes les technologies sur la table et l’énergie nucléaire en fait partie. […] mais dire que l’énergie nucléaire sera la seule et unique solution n’est pas vrai. Ce n’est ni renouvelable ni nucléaire, c’est les deux. »a insisté Alexander De Croo jeudi matin auprès de LN24.
L’offensive politique la plus forte sur cette question revient cependant à Georges-Louis Bouchez. Le président du MR menace de rester dans l’opposition si le futur accord de gouvernement n’inclut pas une véritable politique nucléaire. “L’extension de deux réacteurs ne suffit pas. Nous devons faire davantage et également abroger la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire. Le MR ne rejoindra pas un gouvernement qui ne supprimera pas cette loi stupide.»
En début de campagne électorale, cet isolement des Verts pourrait pourtant leur profiter. En se positionnant comme la seule formation antinucléaire, Ecolo-Groen impose sa différence de vision sur l’approche environnementale à l’heure où tous les partis ont intégré la question écologique dans leur programme. Mais cela lui permettra surtout de renouer avec sa base militante traditionnelle radicalement opposée au nucléaire. Cette base s’est peut-être sentie trahie par les Verts lorsque ces derniers avaient accepté de prolonger Doel 4 et Tihange 3. Le voilà rassuré.
