Centre Bretagne. Leur fille de 7 ans est décédée après un diagnostic erroné d’un médecin

Centre Bretagne. Leur fille de 7 ans est décédée après un diagnostic erroné d’un médecin
Centre Bretagne. Leur fille de 7 ans est décédée après un diagnostic erroné d’un médecin

Par Éditorial Guingamp
Publié le

15 mars 24 à 12h07

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Les faits remontent à janvier 2017, Lohuec, près de Callac, dans les Côtes-d’Armor.

Une mère découvre le corps sans vie de sa petite fille, âgé de 7 ans. Elle est allongée sur le dos dans son lit, elle ne respire plus.

Sept ans plus tard, l’audience du 14 mars 2024 de Tribunal correctionnel de Saint-Brieuc va tenter de déterminer d’éventuelles responsabilités dans la mort de cette petite fille.

Le dimanche 15 janvier 2017, peu après 21h30, la mère appelle les secours. Elle compose le 18.

Après avoir expliqué la situation, d’abord à un pompier, puis à une assistante de régulation médicale, elle est mise en relation avec un médecin.

Cette dernière est médecin généraliste dans la région briochine depuis 1988. Depuis 2007, elle assure une permanence quatre nuits par mois en qualité de « médecin régulateur du SAMU ».

Au moins deux médecins répondent aux différents appels téléphoniques passés au centre 15.
L’un est hospitalisé, les cas les plus graves lui sont présentés. Le second est médecin généraliste, il traite des situations qui semblent relever de la médecine générale.

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Enregistrement audio de l’appel d’urgence

Cet enregistrement est déterminant dans l’étude de ce dossier. Le président du tribunal correctionnel de Saint-Brieuc donne une lecture complète de la conversation.

La mère explique que sa fille a vomi une texture pâteuse, de couleur brune, lui rappelant le chocolat. Dans l’enregistrement, on entend la petite fille gémir.

La médecin pose peu de questions, elle n’est visiblement pas curieuse.

Elle explique que la couleur du vomi vient probablement du « coca » que la petite fille a bu dans l’après-midi.

Le médecin a précisé qu’elle n’avait pas entendu les gémissements de la petite fille.

Obstruction digestive haute, les douleurs abdominales devaient être intenses, mais elles se sont atténuées lorsque la nécrose s’est installée.

C’est ce qui peut induire en erreur et faire penser à une amélioration. Vient ensuite l’altération de la conscience, le coma puis la mort.

Des expertises accablantes pour le médecin régulateur

Deux médecins légistes de Rennes ont étudié ce dossier dans le cadre de l’information judiciaire qui a été ouverte.

Pour ces praticiens, « l’interrogatoire » est succinct, superficiel, inapproprié.

Aucune question n’est posée pour savoir si la petite fille ressent de la douleur..

Autre point relevé par les experts et qui aurait dû alerter, refroidissement des extrémités de la jeune victime.

Lors de l’appel, la mère précise que sa fille est « figée ». Pour les deux avocats, c’est le signe de la « gravité » d’une telle situation.

Autres éléments relevés par les deux experts

Au cours de l’entretien, le médecin régulateur recommande à la mère de couvrir sa fille et de la mettre au régime : « Elle est grande, elle ne se déshydratera pas. »

Cette affirmation est complètement fausse pour les juristes. A la fin de la conversation, la mère répète au médecin : « J’étais paniquée par la couleur marron du vomi, comme du chocolat. »

La réponse est la même : « C’est probablement le coca. » Les experts s’étonnent de ne pas avoir considéré qu’il pouvait s’agir de « vomissements fécaloïdes ». Ce fut malheureusement le cas…

Les dénégations du prévenu

A la barre, comme lors de sa garde à vue et comme lors des auditions devant le juge d’instruction, le médecin estime qu’elle n’a commis aucune erreur. La présidente et ses évaluateurs l’interrogent longuement sur le manque de questions posées à la mère lors de l’appel. “C’est à vous de poser les questions, cette mère n’a pas fait d’études de médecine”, précise le président.

Un précédent « embarrassant »

En décembre 2009, un patient est décédé après un appel au « 15 », avec le même médecin à l’autre bout du fil. Cependant, en juin 2017, l’affaire a été classée sans suite.

Le prévenu a également été condamné pour escroquerie à la CPAM, à 6 mois de prison avec sursis et 7 000 euros d’amende en septembre 2017.

Le procureur de la République et l’avocat de la défense sont d’accord sur un point, mais ce sera le seul : « C’est une affaire douloureuse, dramatique, une petite fille de sept ans a perdu la vie. »

Le ministère public requiert 18 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende.

Quant à l’avocat de la défense, après avoir précisé que son client était traumatisé par cette affaire, il a plaidé l’acquittement et demandé au tribunal de se déclarer incompétent pour les intérêts civils.

Il précise que son client agissait en tant qu’employé d’un service public, c’est donc au tribunal administratif de statuer sur les dommages et intérêts.

Les parents de la jeune fille, absents à l’audience et non représentés par un avocat, se sont constitués partie civile lors de la procédure et ont estimé leur préjudice global à plus de 700 000 euros.

La prévenue, aujourd’hui âgée de 62 ans, devra attendre le 16 mai pour connaître le sort que lui réserve la justice, le jugement ayant été mis en délibéré à cette date.
Elle a clôturé les débats en ces termes : « J’ai fait de mon mieux, je me considère comme un bon médecin ».

Sask.

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