C’est une histoire de mètres, mais pour David, ils sont très importants. Devant la douane de Monniaz (Jussy), une haie partage la route du même nom. D’un côté, c’est la Suisse. De l’autre, la France. La cartographie officielle (SITG) est formelle. Or, jeudi dernier, une patrouille de la gendarmerie française de Reignier a effectué un contrôle routier du mauvais côté des buissons, c’est-à-dire en Suisse, raconte David.
Ce jour-là, ce responsable genevois rentrait chez lui en Haute-Savoie. Les policiers l’ont arrêté et l’ont accusé de manque de contrôle technique du véhicule. Il leur fait remarquer qu’étant en Suisse, ils ne peuvent pas agir. « Je leur ai dit : avez-vous vu le drapeau ? Vous ne pouvez pas me mettre une amende ici. La croix blanche sur fond rouge flotte en effet au bord de la route. Le gendarme s’en fiche et délivre la contravention.
David est indigné. Il reconnaît son oubli technique, « mais le problème, c’est le principe. J’ai été arrêté au 121 route de Monniaz, donc en Suisse.» Le lendemain, il s’est rendu à la mairie de Jussy, où il a été confirmé qu’à gauche de la haie (voir la photo), le lieu du contrôle, se trouvait Genève. On lui a même remis une copie de la carte SITG qui attestait, contredisant au passage Google Maps, « qu’un agent français m’avait brandi ».
Sans hésiter, il va présenter le document à la gendarmerie de Reignier. « Ils ne voulaient rien savoir. Ils sont méprisants, dans le déni. Cette mauvaise foi m’irrite : ils sont jurés. En Suisse, si la police fait une erreur, elle l’admet. C’est pourquoi elle est respectée.
La gendarmerie de Reignier campe sur ses positions. «On s’y met souvent», raconte un agent au téléphone. C’est simple : devant la douane, c’est la France, derrière, c’est la Suisse.» David, de son côté, paiera son amende de 90 euros, ne serait-ce que pour pouvoir la contester, « par principe ».
Aucune dérogation n’a été demandée
La police genevoise confirme que les forces de l’ordre françaises ne peuvent agir en Suisse que si elles sont accompagnées par un confrère genevois dans le cadre d’une patrouille mixte. Ils peuvent également en faire la demande auprès du Centre de Coopération Policière et Douanière (CCPD). Là non plus, aucune demande n’a été formulée. David s’est rendu au commissariat de Pallanterie (GE) pour porter plainte. Il y a été bien accueilli, dit-il, mais on lui a conseillé de ne pas aller plus loin, car le jeu n’en valait pas la peine.