La « petite ville américaine en perte de vitesse » : lieu bien connu où la vie, avec ses illusions, semble derrière soi. North Bath, agglomération entre classe ouvrière et classe moyenne Imaginé par le romancier américain Richard Russo qui vivait dans le coin, quelque part entre New York et Boston, c’est Peyton quand tout le monde est piétiné ; Une des multiples routes de garage du rêve américain. C’est un éléphant qui l’est beaucoup. Il y a donc beaucoup d’albatros humains et de miroirs brisés dans ce nouveau roman, Le testament de Sully. Ce n’est même que cela. Lire leurs histoires, leurs allers-retours, c’est contribuer à les réparer. Le lecteur, cette infirmière. Mais pas seulement. Nous sommes en Amérique : les infirmes ont toujours un peu plus d’énergie que de désespoir.
L’histoire se déroule en 2010, sur trois jours (samedi, dimanche, lundi) et 500 pages. Il y a beaucoup de flashbacks et de changements de points de vue. Tout cela demande un minimum de concentration, d’obstination. On traîne parfois dans le livre comme les personnages de leur vie, comme si on avait trop bu. Nous avons la gueule de bois. On glisse sur les trottoirs et les situations. On avance, on recule. On patine, on bouge. Un bon et solide romancier comme celui-là n’écrit pas pour des gens pressés ou indifférents, surtout quand il tourne en boucle.