pourquoi Montparnasse est considéré comme le quartier breton de Paris

pourquoi Montparnasse est considéré comme le quartier breton de Paris
pourquoi Montparnasse est considéré comme le quartier breton de Paris

Le quartier Montparnasse à Paris est lié à la Bretagne depuis la seconde moitié du XIXe siècle. Même si aujourd’hui cette dernière n’est plus aussi associée à la région, Montparnasse conserve un intérêt culturel et économique pour les associations et la communauté bretonne.

« Degemer mat e Breizh » ou en français « Bienvenue en Bretagne ». Vous pouvez voir ce panneau en Bretagne bien sûr, mais aussi à Paris, dans le quartier Montparnasse, sur la devanture de la Maison de la Bretagne, l’antenne parisienne de la communauté bretonne.

Un détail qui n’est pas si anodin car historiquement, Montparnasse est considéré comme le quartier breton de la capitale.

La gare Montparnasse, « la porte d’entrée » des Bretons

Pour comprendre pourquoi, il faut remonter à la seconde moitié du XIXe siècle. A cette époque, la Bretagne traverse une période économique compliquée et il est de plus en plus difficile pour les Bretons de trouver du travail.

Parallèlement, la ligne ferroviaire entre Brest et Paris est ouverte en 1865, après avoir relié Rennes à Paris en 1857.

Dès lors, il y aura “une forte immigration” des Bretons “pour trouver du travail”, explique Thomas Perrono, historien et auteur d’articles sur l’immigration bretonne, à BFMTV.com.

Les Bretons s’installent en plusieurs endroits de la capitale et de ses environs immédiats, comme à Saint-Denis, mais Montparnasse devient « la porte d’entrée » des Bretons vers Paris. A l’époque, on parlait même du « 6e département breton » (la Bretagne était alors composée de cinq départements, NDLR).

Une carte de répartition des Bretons à Paris en 1896, en 1926 et « probable » pour 1936, réalisée par l’abbé Gautier. ©Thomas Perrono

Ainsi dans le quartier, plusieurs établissements destinés à cette population seront implantés. Il y aura notamment beaucoup de « bureaux de placement » : les jeunes femmes nouvellement arrivées dans la capitale seront généralement placées dans des familles bourgeoises pour devenir leurs bonnes. Les hommes seront souvent des excavateurs sur les chantiers du métro.

À la fin des années 1890, le père François Cadic leur vient également en aide en fondant l’association « La Paroisse bretonne de Paris » à Notre-Dame-des-Champs. Cela les aidera notamment à trouver un emploi.

C’est aussi une façon pour lui de “garder le contrôle sur ces Bretons qui émigrent à Paris”, pour qu’ils n’oublient pas leur culture bretonne et leur foi catholique, rapporte Thomas Perrono. L’historien confie qu’à cette époque, les Bretons immigrés à Paris « étaient considérés comme des parias » par les Parisiens.

Après la mort du Père Cadic, d’autres institutions furent créées, comme la Mission Bretonne en 1947, fondée par le Père Gautier. Cette dernière a pour mission d’aider les Bretons à trouver un logement et du travail, toujours sous un prisme religieux.

Faire vivre la culture bretonne

Après la Seconde Guerre mondiale, la Bretagne se développe, de nombreux emplois sont créés et peu à peu, l’immigration des Bretons à Paris n’est plus « forcée » et devient volontaire. Les Bretons qui arrivent à Paris y vont généralement « pour se former », pour étudier et « pour avoir des choix de carrière », explique Thomas Perrono.

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Dès lors, des institutions nouvelles et déjà implantées, comme la Mission Bretonne, auront un rôle plus culturel et participeront au développement du tourisme breton. L’image des Bretons va alors changer et être plus positive.

Des lieux comme Ti Jos, crêperie-pub située rue Delambre, ont servi de « lieux d’émergence de la musique bretonne ». Le concert mythique d’Alan Stivell en 1972 à l’Olympia marquera définitivement ce changement et mettra la musique bretonne sur le devant de la scène.

Depuis, les associations ne cessent de faire vivre la culture bretonne dans le quartier mais aussi plus largement. C’est le cas de « Paris-Breton », créée en 2003. L’association, basée à la Maison de la Bretagne, se décrit comme une association regroupant « les Bretons et amis de la Bretagne en région parisienne ».

Sur son site internet et ses réseaux sociaux, l’association relaie notamment chaque année la Fête de Bretagne, qui se déroule à un peu plus d’un kilomètre de Montparnasse, sur le parvis de la mairie du 15e arrondissement. Sur place, des concerts gratuits d’artistes de la scène bretonne, des livres sur la Bretagne et les produits du terroir sont à découvrir.

Située rue Delambre, la Mission bretonne (aujourd’hui menacée de fermeture car les locaux ne sont plus aux normes, NDLR) propose des cours de breton, des cours de danse bretonne et aussi plusieurs soirées ou journées thématiques comme des fest noz, des conférences sur la Bretagne ou encore repas de plats bretons.

Un emplacement économiquement stratégique

Si aujourd’hui, Montparnasse n’est plus un quartier où les Bretons s’installent forcément, il reste néanmoins quelques repères. Outre les associations, on peut évidemment parler des nombreuses crêperies qui pullulent dans le quartier, mais aussi de quelques bars/cafés.

Par ailleurs, la région Bretagne a ainsi implanté en 2007 la Maison de la Bretagne, rue de l’Arrivée, « un lieu d’accueil et d’affaires privilégié des entreprises et associations bretonnes ».

« Ici, c’est comme un petit bout de Bretagne au cœur de la capitale, un espace idéal pour organiser vos réunions professionnelles », peut-on lire sur le dépliant présentant le lieu. Un tarif préférentiel est également proposé aux Bretons.

Selon Thomas Perrono, ce lieu permet à la région Bretagne de disposer « d’une vitrine économique et touristique ». Et la région en assume la responsabilité. Située à 5 minutes de la gare Montparnasse, « la Maison de la Bretagne est un relais de l’activité de la région à Paris », peut-on lire sur son site Internet.

Le quartier n’a pas été choisi au hasard. Selon la région, « la présence bretonne à Paris, et particulièrement à Montparnasse, est toujours aussi active, tant du point de vue économique que culturel ».

 
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