Le centième match consécutif à guichets fermés au Stade Rochelais, face à un Toulouse plus qu’expérimental, devrait permettre au club maritime de se faire du bien. En attendant d’autres tests plus révélateurs.
Cet événement, les dirigeants et supporters du Stade rochelais l’ont à leur calendrier depuis des mois, voire des années : le club maritime fêtera, ce samedi, son 100e guichet consécutif – hors matches de jauge partielle. Cette redoutable série, lancée le 2 janvier 2016 lors d’un match anodin contre le Castres Olympique, en dit long sur la ferveur suscitée par la caravelle sur ses terres et son aura grandissante partout ailleurs. Pour marquer le coup, le club maritime s’offrira un moment d’autosatisfaction sans doute mémorable avec un festival pyrotechnique, des jeux de lumières et un spectacle de danse.
Si elle est plus que justifiée au vu de l’accomplissement, cette célébration arrive à un moment très cocasse. Car Toulouse, l’invité de marque plébiscité pour l’occasion, n’aura pas grand chose à voir, pour ainsi dire, sur le papier, avec l’armada qui a réalisé le doublé la saison dernière ; mais surtout parce que ce Stade La Rochelais s’est rarement posé autant de questions qu’en ce moment. L’ancien champion d’Europe – qui n’a empoché que cinq points sur les quatre dernières journées – constitue une énigme, pour ses supporters comme pour les observateurs : à mi-saison, on ne sait toujours pas quoi penser de la bande O’Gara qui avait annoncé beaucoup de choses l’été dernier – une meilleure préparation, une détermination retrouvée, un rugby qui va mieux maîtrisée – et qui est encore loin de tenir toutes ses promesses.
Un mois d’enfer derrière…
Les Maritimes atteignent à peine leur objectif minimum, à savoir une place dans le top 6. Et là encore, leur position qualificative est à relativiser : avec sept réceptions pour six déplacements avant ce week-end, leur classement britannique est péniblement en queue de peloton. équilibre, semblable à ceux de Montpellier et du Racing 92… Le contenu est au moins aussi contrasté et, avec le temps, il devient désorientant. Conquête, défense, jeu en ligne : au fil des semaines, les problèmes passent de l’un à l’autre, empêchant Alldritt et compagnie d’avancer avec sérénité et certitude. La plupart de ceux qui ont émergé ces dernières semaines n’ont guère été encourageants : comme on pouvait le craindre, cette équipe manque de peps dans ses lignes arrières et son collectif n’est pas aussi homogène qu’on le pensait. Ronan O’Gara l’a reconnu avec une grimace venue des couloirs d’Aimé-Giral : « Certains joueurs n’ont pas saisi l’opportunité, ils n’étaient pas à la hauteur. C’est comme ça.
Ceci dit, La Rochelle a de belles chances de s’imposer ce week-end : parce que c’est une équipe de réaction avec des arguments suffisamment solides pour se remobiliser et parce que Toulouse est plus remanié que jamais. Mais quoi qu’il arrive, ce qui se passera ce week-end ne résoudra en aucun cas le problème local. Et il faudra attendre un mois pour en savoir plus sur la version 2024-2025 du Stadium, pour savoir ce qu’il a au fond et ce qu’il est réellement capable de produire : après le choc contre le Leinster, les Jaune et Noir iront successivement à Trévise, Toulon et Lyon. Le moment de vérité approche. En attendant, faisons la fête.
Seuteni, idées et génie
Contre Clermont, il y a quinze jours, les 16 700 spectateurs de Deflandre ont surtout frémi de frayeur. Ils ont encore eu un frisson de plaisir, une nouvelle fois offert par l’UJ Seuteni : à la 17e minute, le centre – également auteur d’un centre en plus de trois défenseurs battus – s’était infiltré avec grâce et dextérité au cœur de la défense auvergnate avant de se placer. Teddy Thomas dans un intervalle gagnant. Peu d’acteurs sont capables d’allier ainsi classe et efficacité. Ses partenaires ne cessent de vanter son point de vue autant qu’ils la bénissent : “Ça fait du bien d’avoir un gars comme ça derrière qui débloque des situations, avec les courses qu’il a, les appuis, sa capacité à casser les plaquages”décrit Jules Favre. Les Contes de Rémi abonde : « Défensivement et offensivement, c’est notre lui dans le monde professionnel quand il est à ce niveau, je deviens un meilleur entraîneur, je ne vais pas vous mentir. Il faut encore le féliciter et l’encourager à rester à ce niveau. De là à parler de dépendance de Seuteni au sein des lignes arrières maritimes, il n’y a qu’un pas que le trois-quarts joué à Perpignan dimanche dernier inciterait presque à franchir pour de bon. Et tous les supporters maritimes adressent la même prière en ce début d’année : que l’esprit et le corps continuent de suivre ce talent aussi pur que fragile.