« Une autre boîte de Livres renvoyée d’Irlande à cause des absurdités du Brexit », grogne Kevin Duffy, directeur de la maison d’édition Bluemoose Books sur sans aucune explication», précise le directeur de cette maison d’édition basée à Hebden Bridge, en Angleterre, avec Le libraire .
Il y a bien une justification, mais elle est plus implicite : la nouvelle réglementation donne du fil à retordre aux maisons d’édition. Et pour cause, tous les livres expédiés vers l’Europe doivent répondre aux exigences du GPSR. Et ils sont nombreux, et donc chers.
Contrer les géants des ventes, au détriment des petits
A commencer par l’obligation, pour envoyer un colis, de désigner un représentant légal dans l’UE. Une mesure demandée afin d’assurer une présence officielle sur le territoire, de garantir la conformité des produits, et de faciliter la gestion des litiges. Mais, officieusement, cette précaution permettrait de lutter contre les produits dangereux vendus en ligne par des sociétés comme Temu et Shein.
Comptez, selon le niveau de risques liés au produit – qui augmente sensiblement pour les livres destinés aux enfants – plusieurs centaines, voire milliers d’euros par an. Autant demander l’impossible pour les plus petites structures, qui peinent déjà à garder la tête hors de l’eau.
Le GPSR : un casse-tête administratif
Manque d’argent donc, mais surtout manque de temps : la réglementation impose de lourdes démarches administratives. Cette dernière impose désormais, pour chaque expédition, l’évaluation et la documentation écrite des risques potentiels pour la santé et la sécurité, mais aussi de garantir la traçabilité via un étiquetage spécifique.
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Les entreprises doivent également fournir une documentation technique détaillée, et établir des procédures efficaces pour le retrait ou le rappel rapide des produits non conformes… Un ensemble de procédures strictes que tout le monde n’a pas eu le temps de lire. Bien que la réglementation ait été introduite le 12 juin 2023, les personnes concernées bénéficiaient d’un délai de grâce de 18 mois, qui a pris fin le 12 décembre 2024.
Résultat : de nombreux libraires, journalistes et éditeurs n’ont pas eu le temps de s’adapter. D’autant qu’elle intervient en plein mois de décembre, période charnière pour le secteur du livre. Si tout le monde a le nez dans les cartons, les professionnels n’ont ni le temps ni la possibilité de relever la tête pour s’attarder sur ces nouvelles réglementations.
Des initiatives pour limiter les retours massifs
Des initiatives voient le jour pour freiner le retour massif des livres, et poursuivre l’exportation de la littérature vers le marché européen. L’association des éditeurs, spécialisée dans la standardisation des métadonnées pour les industries du livre, également à l’origine d’ONIX, a rapidement adapté cette dernière pour intégrer les informations GPSR et faciliter l’accès aux informations demandées.
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Mais, comme le souligne David Aldridge, directeur technique de Consonance.app,Le libraire«la transmission de ces données des éditeurs aux détaillants nécessite une chaîne d’approvisionnement numérique transparente, utilisant les dernières normes ONIX, comme la version 3.1.2».
Le secteur de l’édition se retrouve donc confronté à une nouvelle série d’obstacles logistiques et réglementaires, freinant l’exportation et la visibilité des œuvres européennes. Un nouveau coup dur pour la littérature internationale, qui a récemment appris la fin du tarif Livres et Brochures de La Poste, solution d’expédition internationale, après 22 ans de bons et loyaux services…
Crédits image : Romary, CC BY-SA 3.0
Par Louella Boulland
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