Littérature
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Le romancier anime un atelier d’écriture dans la prison parisienne. “Nous sommes le mauvais garçon que nous pouvons être” est une plongée dans ce monde à part, avec des pas de côté, comme lorsque l’auteur fait passer clandestinement des kebabs, félicité par un détenu : “Nico, tu es un bon.”
En 2023, pendant sept mois, Nicolas Fargues s’est rendu près du dernier vespasien de Paris : derrière les murs de la Santé. Il n’est ni le premier ni le dernier à animer des ateliers d’écriture en prison et à en tirer un livre. Les écrivains qui le font sont probablement animés par un mélange d’altruisme, d’activisme, de curiosité, de fascination et de défi, dans des proportions qui varient selon chacun. Peut-être cherchent-ils aussi à vérifier ces vers de La Fontaine : “Raison habituellement/Ne vit pas longtemps parmi les personnes séquestrées.” Prendre des notes « avec satisfaction que le mot emballage est couramment utilisé par les détenus de 2023. »
Il décrit bien l’atmosphère de ce monde à part, où il note « une récurrence notable dans le paysage des physionomies : la cicatrice sur le front, sur la tempe ou sur le crâne. Votre choix. Il remarque que le boulevard Arago, le long de la prison, semble toujours vide alors qu’il ne l’est pas. Des objets, appelés « missiles » ou « colis », sont constamment lancés par-dessus le mur, que les détenus ramassent avec des draps auxquels sont attachés des crochets. : « Pas plus de pommes de terre dans ces filets, qu’on peut facilement pêcher depuis les fenêtres, que d’eau dans les bouteilles, plutôt destinées à contenir de la viande, des cigarettes, de la drogue, de l’alcool ou encore un téléphone portable coincé entre deux éponges pour absorber le choc.» Le système de brouillage fonctionne mal, surtout pour les États