CV : « Pas un pas sans Pathé », proclamait une publicité pour ces appareils en 1954. Entre 1897 et le milieu des années 1980, Pathé a produit plus de 150 modèles d’appareils photo et de projecteurs, ainsi qu’une multitude d’accessoires destinés aux cinéastes professionnels et amateurs. L’inventaire de la collection d’appareils de la Fondation Jérôme Pathé retrace cette histoire en 57 chapitres détaillés et abondamment illustrés. L’auteur nous fait revivre une épopée technique et industrielle dans laquelle chaque détail comptait. Du Cinématographe Lumière et de la croix de Malte au positionnement des perforations et aux différents formats de films inventés par Pathé, chaque engrenage, chaque élément mécanique, chaque solution proposée par les ingénieurs constituaient des innovations dont le but était le même : rendre le cinéma accessible aux tous.
Critique : Dans les biographies d’entreprises, les industries artistiques et culturelles distillent chez beaucoup d’entre nous un goût de familier fascinant et passionnant. Loin d’être nostalgique, cette madeleine de Proust en fait partie. En entrant par les « Projecteurs & Caméras », l’histoire des origines de la collection de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé racontée par Anne Gourdet-Marès complète le panorama de la démocratisation du septième art à travers les usages amateurs et les pratiques professionnelles. Il prolonge et complète le travail de Stéphanie Salmon (Pathé conquiert le monde2014) et Elvira Shahmiri (Le cinéma partout et pour tous. Une histoire des formats réduits en France (1912-1939)2024). Les entreprises pionnières de cette histoire du cinéma à travers les dispositifs, les techniques et les technologies écrivent rétrospectivement une aventure culturelle d’environ 130 ans dont les premiers instants se déroulent en France. Ces pages de l’histoire de Pathé à travers les innovations technologiques que la firme Pathé a écrites permettent de découvrir le foisonnement inventif d’ingénieurs à l’origine de nombreux brevets industriels et normes internationales qui ont façonné le cinéma au cours des 90 premières années de son existence. Pionnier dans le développement des pratiques amateurs, Pathé est également pionnier dans la vulgarisation du cinéma « grand public » qui fait de cette histoire industrielle et technologique une histoire culturelle et sociale. Écrit chronologiquement, l’ouvrage constitue une contribution entrepreneuriale essentielle à la compréhension de ce fleuron artistique du capitalisme français. À cet égard, il fait office de catalogue à entrées multiples et peut être adressé « au chercheur, à l’archiviste, au collectionneur mais aussi au curieux qui s’interroge sur l’évolution des techniques cinématographiques, leur place dans la société et notre rapport à elles « . Cette invitation adressée aux historiens du cinéma pour les inciter à se saisir de questions techniques témoigne de l’importance de ce continent d’études historiques dans lequel quelques chercheurs isolés ou éditeurs spécialisés ont déjà fait leurs armes. De la correspondance des frères Lumière entre 1890 et 1953 publiée par les Cahiers du cinéma en 1994 jusqu’à ce catalogue trente ans plus tard, c’est une vision globale de ce « savoir-faire industriel » à laquelle le lecteur a ainsi accès. L’héritage de cette histoire technique du cinéma s’est développé depuis le centenaire du cinéma. Elle reste largement à écrire, notamment dans le cadre d’une histoire des marques et à travers l’approche des biographies d’entreprises.
Catalogue d’une collection de quelque 57 types d’appareils couvrant 90 ans d’inventions, l’ouvrage a le mérite de donner accès aux représentations et usages publics et domestiques qui ont été faits de ces caméras, projecteurs, magnétophones, motocaméras, de ces bobines de films. … des voies d’accès privilégiées à la culture de masse mais aussi un moyen d’éducation. En effet, parmi ces usages, les usages pédagogiques de ces outils constituent un fil conducteur dans cette histoire qui, notamment depuis le lancement du projecteur Pathé Idéal en 1910, s’inscrit dans cette ambition d’enseignement par le cinéma, « à la recherche du parfait projecteur”. Cette première tentative exploratoire n’a été qu’éphémère, mais Anne Gourdet-Marès y voit « jalons de ce qui allait devenir la petite production et le cinéma éducatif en 35 mm « . C’est donc aussi une œuvre de mémoire et de transmission que l’on prend plaisir à lire, capable d’ouvrir des horizons de curiosité et de découverte.
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