« La vie est belle ! » En résidence au théâtre Glob, Léa Conil s’essaye seule sur scène. Elle interprète un texte écrit par Nathalie Filion et Andrée Chedid, « La nuit ne finit jamais », à l’occasion du festival Cultivons nos singularés. « Un solo anatomique », comme elle le définit, qui explore le rapport au corps d’une jeune femme qui n’arrive pas à dormir. Elle a choisi le texte il y a 4 ans, peu avant un accident à la cheville qui l’a laissée handicapée à vie.
Curieuse coïncidence pour la comédienne qui a un goût pour le « théâtre corporel » : « Mon corps est mon outil de travail quotidien. J’ai dû réinventer toute ma façon de travailler. » Désormais il s’échauffe avant et après chaque répétition mais refuse tout compromis dans la mise en scène.
Ce spectacle représente aussi le retour de l’actrice : « C’est la première fois que je joue à nouveau et c’est assez symbolique de le faire dans ce contexte. » Cultivons nos singularités est en fait l’occasion pour les artistes handicapés de se produire sur scène, sans en faire le thème des chansons proposées. Dès son arrivée, le directeur du théâtre Glob, Yoann Lavabre, a importé cette idée de région parisienne : « Cette première édition à Bordeaux est le prolongement du festival Imago qui existe à Paris depuis une dizaine d’années. Le théâtre doit représenter la diversité de la société. »
Sensibiliser le public et les professionnels
Mais que penser d’un événement mettant à l’honneur les artistes en situation de handicap ? « L’idéal serait évidemment de pouvoir retrouver des personnes en situation de handicap tout au long de la saison », confirme Yoann Lavabre. Mais compte tenu de leur très faible représentation dans ce milieu, il reste nécessaire de mettre l’accent sur la sensibilisation du public et des professionnels. » L’idée est d’étendre le festival à d’autres lieux culturels bordelais l’année prochaine. « Il faudrait instaurer un droit à la différence dans l’indifférenciation » résume Yoann Lavabre.
« Parfois, je refusais des projets lorsque le réalisateur n’était pas prêt à s’adapter » confie Léa Conil. Mais pendant le festival la situation s’inverse : la pièce de Jennifer Lesage-David, qui ouvre le festival avec Emmanuelle Laborie, est en langue des signes. Deux interprètes assureront le doublage pour les entendants. Au public de s’adapter !
« Cultivons nos singularités », dans le cadre du 5e festival « Imago. Esthétique en mouvement », du 16 au 30 novembre 2024 au théâtre Glob.
« Tellement sympa », dans LSF de Jenifer Lesage-David avec Emmanuelle Laborie, samedi 16 novembre à 20h. « Voler nécessite 2 L » avec Thomas Visonneau, mardi 19 novembre à 14h30 et 20h. « Festival Art et Handicap, démarche inclusive ou discriminante ? » Table ronde traduite en langue des signes, mardi 19 novembre à 16h30 « La nuit ne finit jamais », avec Léa Coni, vendredi 22 novembre à 20h et samedi 23 novembre à 18h. « Cristal Pop, la danse poétique et populaire » avec Olivier Couder, samedi 23 novembre à 20h « Monde parallèle », théâtre et marionnettes, avec Marie Soriano et Shawam Lesser, mercredi 27 à 14h30, jeudi 28 à 10h et 14h30. , vendredi 29 à 10h et samedi 30 novembre à 18h.