Audrey Escoin, blogueuse et collaboratrice du groupe de lecture 20 Minutes Livres, recommande « L’Aube du Mal » de Stéphane Leneuf, paru le 2 mai 2024 aux Éditions Michel Lafon.
Sa citation préférée :
” Seules votre bienveillance et votre conscience vous permettront de comprendre et d’excuser le passé afin de vivre sereinement le présent. »
Pourquoi ce livre ?
- Parce que c’est une histoire de secrets de famille. 1975, Marie, avant de mourir, offre à son petit-fils une boîte qu’il ne devra ouvrir qu’à 18 ans. Que cache-t-elle ? Le jeune homme y découvre des cahiers, avec un avertissement de Marie, lui demandant de ne pas juger les faits qu’il va découvrir avec les yeux du présent. Prendre du recul est essentiel pour comprendre et tirer les leçons de cette histoire familiale.
- Parce que c’est l’histoire d’une famille, d’une femme, d’une mère mais aussi la grande Histoire : Après la Première Guerre mondiale, Marie et Bernardh sont parents de jumeaux. Klaus et Nicolas sont nés à Strasbourg le 11 novembre 1918, jour hautement symbolique dans cette Europe dévastée. L’Alsace, alors reprise par les Allemands, redevient française. Si Bernardh ne se résout pas à rester en France, Marie se sent certes alsacienne mais surtout française. Cette divergence de sentiments va séparer le couple et les enfants.
- Parce que rejetée et méprisée comme femme « boche », elle est contrainte de quitter Strasbourg à son tour. Elle trouve refuge dans un village près de Dijon. Elle cache l’histoire de sa vie, au risque d’être à nouveau rejetée. Elle y mène une vie plus paisible avec Nicolas. Arrivent les bouleversements de la Seconde Guerre mondiale, avec les drames et les combats qui s’imposent à chacun. Marie fera preuve d’un courage et d’une humanité sans faille, s’engageant dans la résistance. Puis un jour, le passé la rattrape….
- Car cette fiction, avec l’occupation en toile de fond et la folie qu’engendre le nationalisme extrême sonne comme un avertissement en ces temps troublés. Un roman majeur pour la mémoire des conflits et pour souligner l’importance d’un sentiment européen qui tend à se perdre.
- Parce que la narration de ce roman m’a séduit, la façon dont Marie s’adresse à son mari, à ses fils. L’écriture impose une certaine distance, et pourtant je me sentais proche de ces personnages. Il y a du rythme, de nombreux éléments perturbateurs et surtout quelques surprises. La dernière partie, la quête de sens, est à mes yeux ce qui fait la réussite de ce roman : une partie dérangeante, inquiétante et terriblement menaçante.
L’essentiel en 2 minutes
La parcelle. Alsace, 1918. Alors que la France célèbre sa victoire, Marie voit Bernhard, son mari allemand, la quitter, emmenant outre-Rhin un de leurs jumeaux, âgé de quelques mois à peine. Commence alors pour elle la vie de veuve de guerre où elle doit porter ce secret.
Personnages. Marie et son mari allemand Bernhard. Nicolas et Klaus, ses enfants. Les voisins de Strasbourg, les Alsaciens, les Allemands. Les habitants du village. Les résistants, les ennemis.
Lieux. Strasbourg, Alsace. Munich, Allemagne. La région de Dijon, France.
Le temps. Entre deux guerres. La seconde Guerre mondiale. Après-guerre, fin des années 1970.
L’auteur. Stéphane Leneuf est journaliste et rédacteur en chef à France Inter spécialisé dans les questions politiques, économiques et européennes. Il signe ici son premier roman.
Ce livre a été lu avec passion. Mosellane, je sais combien il a été difficile de connaître de nombreux revers politiques et administratifs. Cette période traumatisante a profondément marqué les familles, et c’est ce souci d’identité et d’appartenance qui est brillamment mis en valeur dans ce roman.
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