« Traces de vie », le livre relié à la main créé sur la base des échanges à la Maison des Alternatives Solidaires

C’est un de ces projets qui naissent au fil du temps, des rencontres, et des idées qui en naissent. Les membres et bénévoles de la Maison des alternatives solidaires sont fiers de vous présenter leur livre, Traces de vieaprès trois ans d’aventure (lire ci-dessous). Rien ne laissait présager que ces textes seraient un jour réunis dans une œuvre. Ils ont aussi eu d’autres vies, exposées sur des panneaux ici et ailleurs.

Première étape, tisser le fil de la confiance lors des ateliers

Point de départ, l’atelier d’écriture, animé par Chantal Dubois : « J’ai fait parler les membres du Mas [certains ne sont pas à l’aise avec l’écrit]. J’ai posé des questions précises, sur leurs origines de vie, pour prendre conscience de la diversité qui nous compose, et sur un objet de leur vie. Les gens ont répondu, profitant de l’occasion pour exprimer ce qui leur tenait à cœur. Ainsi, cette dame qui a confié : “Ce que je vais dire, je veux le dire pour aider d’autres femmes.” Il s’agissait d’une histoire d’abus très difficile. Je ne m’y attendais pas. Le sujet était là pour déclencher la parole. Chantal Dubois a relevé le défi d’impliquer les membres dans cet atelier sans qu’ils aient à écrire. « Des mots pour le dire, des mains pour l’écrire… J’ai fidèlement retranscrit leur témoignagee, précise celui qui a été investi dans le Mas depuis sa création. Les textes sont anonymisés pour favoriser la confiance. Au fil du temps, certains ont commencé à assumer la responsabilité de leur témoignage.

Parmi la centaine de textes qui composent Traces de Vie, on retrouve ces titres : « Ma petite sœur dormait sur une cage », « Une enfance pauvre », « Plateaur des casseroles », « Réfugié politique », « Mon père ce héros ». , “Mes origines tuent, mes origines tuent” ou encore “Un essaim dans le train”.

Relier patiemment à la main

« Mise en page, impression, création de couverture, tout a été fait sur place »précise Bernard Sudres qui a proposé de partager son savoir-faire en matière de reliure. L’idée a tout de suite séduit ! D’autres personnes ont ensuite rejoint le projet.
Depuis le printemps, deux fois par mois, les adhérents cousent à la main une soixantaine d’exemplaires ! Un travail colossal. L’atelier reliure était animé par Valérie Rey et Bernard, «avec notre équipement personnel. Nous aimerions continuer ces ateliers de reliure, nous ne savons pas encore sous quelle forme, c’est une décision collective ». Sakina, une nouvelle membre totalement enthousiasmée par tout ce qui se passe au Mas, est très heureuse d’avoir participé à la création de ce livre. « J’ai cousu ! C’était la première fois que je faisais de la reliure, ça m’a beaucoup plu et ça m’a calmé. J’ai aussi aimé comprendre l’histoire des gens.

“Il remet en question la société”

C’est un « objet de mémoire, accessible et durable », « qui porte en mémoire beaucoup de choses, et un résultat ». Traces de vie est officiellement un livre, il porte un numéro IBSN, et sera envoyé à la Bibliothèque nationale de France. «C’est un travail qui nous dépasse» réfléchit Bernard Sudres.Il pourrait également être utilisé pour des recherches sociologiques. Ce sont des témoignages de première main.
« Cela interroge la société, l’histoire, les traces que nous laissons dans la société et chez chacun »ajoute Adrien Gilbert, l’animateur de la structure. Ce livre symbolise parfaitement la quintessence du Mas. Il a toute une histoire avant l’éclosion », c’est la longue période d’accueil des personnes âgées, qui viennent une première fois, puis progressivement. Les Mas sont des choses minuscules, discrètes, fragiles, et longues, le temps de l’écoute, comme une oasis. Ce livre en est la preuve. ».