une soif d’émotions estivales

une soif d’émotions estivales
une soif d’émotions estivales
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Pierre Ducrozet, in Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), in 2022. Joël SAGET / AFP

“Self-portrait without me”, by Pierre Ducrozet, Mercure de , “Traits et portraits”, 208 p., €21.50, digital €16.

Comment écrire l’intensité ? Comment faire “quand c’est trop” ? À la fin deAutoportrait sans moiPierre Ducrozet réfléchit aux pièges du lyrisme, cette tonalité qui peut “ce sera facilement notre défaite” si ça nous fait “écrivez les mots supplémentaires”. Style pléthorique, gonflement de l’ego, ridicule de celui qui impose au lecteur l’histoire de son “l’ascension héroïque d’un tas de pierres ou sa traversée hallucinante d’une rivière”les explosions d’émotion le laissent sur la touche. Faut-il alors renoncer à se dire, autant qu’à dire au monde « vaste et fou » qui reste en suspens ?

Même s’il semble avoir retenu les paroles de Pascal, pour qui “le soi est odieux”Pierre Ducrozet cherche néanmoins à développer une forme littéraire permettant une écriture personnelle. En se penchant « à deux jambes : lyrisme et retenue ». Émotion et structure. Dans cet autoportrait où le « moi » autobiographique est le plus discret possible, mais où le “est” sensible habite chaque page, l’auteur de Grand vertige (Actes Sud, 2020) rassemble « visions, voyages, amours, amis ». Comme autant de scènes durant lesquelles il se sentait vivant « vraiment, pleinement ».

La sensation de fièvre

Une façon de rechercher le ” secrète “ de ces moments d’intensité et de coïncidence avec soi-même. De cette sensation semblable à celle qu’on éprouve en été, enfant, sous l’effet du “la morsure du soleil”de “l’éclat brûlant de la mer”, LE « les pieds dans le sable et les vagues qui nous renversent ; presque l’éternité ». Le sentiment de liberté, de fièvre, « la soif de recommencer ».

Plus que les manières d’exprimer avec justesse l’intensité (même si la question constitue le fil conducteur apparent de ce livre aussi fervent que modeste), Pierre Ducrozet cherche les moyens de revivre cette énergie galvanisante, à un moment de sa vie où elle lui sembla s’éclipser. Se rappeler, à travers l’écriture, qu’il a éprouvé cette joie. Vivre, écrire. Et de créer les conditions favorables à cet état un peu miraculeux, d’extrême concentration et de liberté totale, où l’écrivain crée un monde “à la jonction du rêve et de la réalité”. Où l’adulte qu’est devenu l’auteur retrouve la capacité de jouer et de créer que l’enfant dont il suit les émotions a éprouvé au plus haut degré, pendant les périodes estivales. « J’appelle été tout ce qui nous élève, écrit le romanciertout ce qui se détache de la continuité des jours ; l’intensité redoublait, la vie augmentait. » Écrire, pour Pierre Ducrozet, c’est vivre intensément. Son Autoportrait sans moi est l’histoire du voyage qu’il a entrepris pour retrouver le bonheur. Sans un mot de trop.

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