Beaucoup de nouveaux livres dans les écoles, trop peu de bibliothécaires

Beaucoup de nouveaux livres dans les écoles, trop peu de bibliothécaires
Beaucoup de nouveaux livres dans les écoles, trop peu de bibliothécaires

Qu’est-ce qui fait une bonne bibliothèque scolaire ? Depuis 2019, le gouvernement Legault travaille activement à introduire davantage de livres dans le système scolaire. À partir de 2019, il a d’abord financé l’achat de deux livres supplémentaires par an et par élève. Puis j’ai ajouté 300 $ par enseignant, pour réapprovisionner également les classes. Bonne nouvelle : ces mesures fonctionnent. Ils sont largement utilisés. L’autre côté ? « Les livres, c’est bien, mais il nous manque des gens pour s’en occuper », rappelle Ariane Régnier, présidente de l’Association pour la promotion des services documentaires scolaires (APSDS). Il n’y a toujours pas de bibliothécaires dans 18 des 72 centres de services et commissions scolaires du Québec. ” C’est littéralement un sur quatre. Il ne faut pas oublier qu’une bibliothèque scolaire n’est pas seulement constituée de livres”, poursuit M.moi Régnier in interview.

«Notre gouvernement reconnaît l’importance des bibliothèques scolaires, et principalement de la lecture chez nos enfants», indique Antoine de la Durantaye, attaché de presse du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. « La lecture est essentielle pour favoriser l’apprentissage et la réussite scolaire des élèves. Cela inclut un meilleur soutien aux bibliothèques scolaires et un meilleur accès aux livres. »

Pour cette année 2024-2025, poursuit M. de la Durantaye, Québec « investit près de 40 millions dans les écoles pour le fonctionnement des bibliothèques scolaires et l’achat de livres ».

Sur ce montant, 27,9 millions sont alloués aux seules acquisitions de livres, comme le précise le ministère de l’Éducation. Il reste donc 11,7 millions pour tous les autres besoins que pourraient avoir les bibliothèques des 2 742 écoles publiques du Québec – et qui passent exclusivement par la mesure d’embauche de nouveaux bibliothécaires.

« Les bibliothèques scolaires ne sont pas que des lieux de stockage de livres ! s’exclame Ariane Régnier. Ce sont des services basés sur la collaboration. Ce n’est pas qu’un lieu, c’est un cadre de vie ! »

Et tous ces nouveaux livres ne se retrouvent pas uniquement dans les rayons des bibliothèques scolaires. Il faut les soigner, souligne le président de l’APSDS.

Selon l’École nationale des sciences de l’information et des bibliothèques, cela signifie cataloguer les livres, les indexer, les relier, les mettre en rayon. Et, pour le monde scolaire, idéalement, analyser le contenu. Assurez-vous qu’il convient aux jeunes lecteurs.

«C’est un travail commun entre bibliothécaires, enseignants et techniciens de la documentation», explique M.moi Régnier. Et même lorsqu’on donne des livres, ajoute-t-elle, il faut les trier. « Il faut regarder le cycle scolaire visé, les besoins des enseignants et le développement de l’enfant. »

Si la grande majorité des lycées disposent de techniciens en documentation qui s’occupent de leurs bibliothèques, ils sont trop rares dans les écoles primaires, explique le président. Par ailleurs, 18 centres de services sur 72 ne disposent pas du tout de bibliothécaire, selon les données de l’APSDS. Selon le ministère de l’Éducation, « 157 bibliothécaires qualifiés, titulaires d’une maîtrise en sciences de l’information », travaillent à temps plein dans le système scolaire québécois.

En 2005, le Plan d’action sur la lecture à l’école visait 317 bibliothécaires à temps plein d’ici 2017. Il manque encore 160 bibliothécaires à cet objectif dépassé.

Y aurait-il moyen de faire autrement ? Combien de bibliothèques scolaires au Québec dépendent uniquement du travail bénévole des enseignants ou des parents ? «Le ministère ne dispose pas de cette information», a répondu Bryan St-Louis, du service ministériel des relations avec les médias.

Mesure 15103 et ses deux composantes

Depuis 2005, le ministère de l’Éducation a démontré, à travers différents gouvernements, une réelle volonté d’investir dans les bibliothèques scolaires à travers l’achat de livres, constate Ariane Régnier.

La mesure 15103 est un ajout récent. Annoncée en 2019 par Jean-François Roberge, alors ministre de l’Éducation, l’enveloppe permet aux bibliothèques scolaires d’acheter environ deux livres par élève et par année. Le ministère en assure 66 %, le reste est pris en charge par les centres de services scolaires.

En 2022-2023, 22 millions au total étaient ainsi disponibles. Toutefois, les rapports annuels font état d’achats de 24,1 millions cette année-là, comme l’indique le ministère.

«Il est fort possible que la mesure ait incité les commissions scolaires à acheter plus de livres que ne le permet le budget», interprète M.moi Regnier.

La deuxième partie de la mesure prévoit 11,6 millions de dollars, soit 300 dollars par enseignant, pour les manuels scolaires. Créée en 2023, l’initiative est encore trop récente pour juger de son effet. Sur le terrain, on voit et on prédit que ça marche bien.

Au total, si on se fie au dernier exercice ? Quelque 35,7 millions de dollars pour l’achat de livres, de livres numériques et de magazines destinés aux étudiants. Évaluons, grossièrement : selon la liste Gaspard, le prix moyen d’un livre jeunesse au Québec en 2023 est de 16,68 $. On peut ainsi imaginer, très grossièrement, un ajout de près de 2 millions de documents pour les écoles en 2024. Cela fait beaucoup de documents à traiter.

Rappelons que l’APSDS a signé hier une lettre ouverte à Devoir. L’association dénonce entre autres le manque d’écoute du ministère de l’Éducation nationale envers les professionnels des bibliothèques, notamment après l’abandon brutal du projet de catalogue national.


Une version précédente de ce texte a été modifiée afin d’ajuster les chiffres des investissements du Québec dans les bibliothèques scolaires, suite à des précisions du ministère de l’Éducation.

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