Céline Viguié, la nouvelle curée d’Agen, est passée “de livres en livres”

Céline Viguié, la nouvelle curée d’Agen, est passée “de livres en livres”
Céline Viguié, la nouvelle curée d’Agen, est passée “de livres en livres”

La poignée de main et le sourire sont francs et amicaux. Cécile Viguié, 48 ans, est arrivée à Agen, dans sa nouvelle et première paroisse de l’Église protestante unie, le 15 août. « J’ai été nommée le 1est juillet, mais, en tant qu’aumônier des armées, j’étais aux côtés des militaires qui assuraient la sécurité lors des Jeux olympiques de Paris », explique-t-elle. Même nommée, elle reste réserviste et donnera toujours quelques jours par mois à l’armée, dans cette même mission.

Un souvenir qui brille en elle. Non seulement parce que l’événement avait une portée mondiale et suscitait de l’enthousiasme. « J’étais avec eux avant le départ, quand la tension était à son comble, quand tout le monde arrivait sur place », se souvient-elle. Les Jeux n’étaient, à cette époque, pas forcément en odeur de sainteté. Ce qui en faisait d’autant plus un moment crucial, « où l’accompagnement est indispensable ». Idem à la fin, la deuxième partie de sa mission. « Des moments charnières, juste avant et juste après, où il faut être disponible pour les autres. » L’essence de sa vocation : être disponible quand les autres en ont le plus besoin. Dans les bons et les mauvais moments.

« Son propre chemin »

C’est bien sa profession de foi. Disponible à l’autre. Écoute. « Pour aider chacun à trouver sa propre voie. » Comme lorsqu’elle travaillait à la Ville de Paris comme bibliothécaire. Dans les rayons, auprès du public, mais aussi en tant que formateur. « J’ai commencé ma carrière chez un libraire qui vendait des livres anciens sur Internet. J’ai écrit des avis », raconte le nouveau pasteur. Jusqu’à ce qu’un exemplaire de l’Encyclopédie arrive chez quelqu’un. « Ce n’était pas sa place. »

Alors, elle a naturellement trouvé sa place parmi les livres, dans ces repaires de culture que sont les bibliothèques. Au service des hommes, de ceux qui cherchent, qui se cherchent. Ce qu’elle retrouve dans sa vocation de pasteur. Avec un « e », elle préfère. « Aujourd’hui, nous sommes 30 % de femmes, et 50 % d’étudiants en théologie. »

« Dans la foi, il y a une dimension de lâcher prise. Nous sommes au service d’un Autre qui nous dépasse. » Elle a ensuite choisi cet accueil inconditionnel, d’abord pour guider les gens à travers les méandres de la culture. Avant de les guider dans leur foi, « et de les laisser tracer leur propre chemin ».

La foi ne lui est pas venue par hasard. Céline Viguié est issue d’une famille protestante du Sud-Ouest, née à Albi, lycéenne à Bergerac et étudiante à Bordeaux. « Je n’avais aucun lien avec le Lot-et-Garonne. » C’est désormais chose faite.

Deux ans sans pasteur

C’est après les attentats de Paris en 2015 qu’elle s’est sentie interpellée. «Je suis passé de livres en livres. » Cela lui a demandé deux années de travail, « de discernement », notion cruciale dans sa foi. Elle a pris son premier poste en 2017. C’est après un autre moment clé de sa vie, le Covid, qu’elle a décidé de devenir pasteur. Là encore, il lui faut prendre le temps. « Nous sommes appelés, mais c’est par beaucoup que nous écoutons cette voix du Seigneur. »

« Dans la foi, il y a une dimension de lâcher prise. Nous sommes au service d’un Autre qui nous dépasse. »

Une voix et un chemin qui la mènent jusqu’à Agen. « La paroisse est restée sans curé pendant deux ans », explique-t-elle. La crise des vocations n’est pas l’apanage des prêtres catholiques. Ainsi, depuis son arrivée, les demandes de ses paroissiens ne manquent pas. Tout le monde a envie de partager un moment avec elle, parfois simplement informel, pour faire connaissance. Mais, Céline Viguié n’oublie pas sa mission. Depuis son arrivée, elle a commencé à préparer les couples au mariage, les jeunes à la confirmation. « Et j’ai aussi accompagné une famille pour mes premiers funérailles. » Selon les usages de son ministère, le curé est nommé pour six à douze ans à Agen.

Ce dimanche 6 octobre, l’évêque sera là pour son service d’accueil officiel, à 15 heures. « Je n’ai pas encore eu le temps de rencontrer les ministres des autres religions protestantes, l’imam, le rabbin et même l’évêque. Mais je connais le travail interreligieux important à Agen, donc c’est un projet. Je suis très attaché à cette façon de travailler ensemble ! » Le nouveau pasteur se veut avant tout un facilitateur pour chacun, « avec une dimension de formation, de discernement des talents et de rencontres ».

Accompagner, un autre verbe que le pasteur tient haut. « Les gens viennent ici pour trouver des réponses. Même s’ils repartent souvent avec des questions… » Elle est là pour eux.

 
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