« Le livre souffre de l’essor des TIC »

« Le livre souffre de l’essor des TIC »
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Les Dépêches du Bassin du Congo (LDBC) : Vous venez de participer au Salon du livre africain à Paris, en France. Pouvez-vous nous parler de cette rencontre entre écrivains ?

Charles Peter Moukala Kinzounza (CPMK): Ce genre de retrouvailles est toujours émouvant. Cela permet de côtoyer les dandys des belles lettres. Les mots pour l’exprimer manquent parfois, puisque c’est le rendez-vous de la crème des amateurs de littérature francophone.

LDBC : Quels ont été les enjeux de cette émission ?

CPMK : Les enjeux, selon le thème proposé cette année par M. Jean-Pierre Lecoq, maire de 6e arrondissement de Paris, vous devez arriver à « décloisonner les imaginaires, repenser les futurs ». Voilà donc la somme des enjeux intellectuels qui poussent les Africains à s’emparer de ce XXIe siècle afin d’avoir une voix face aux changements multipolaires que connaît le monde aujourd’hui.

LDBC : Vous avez représenté le Congo en tant qu’écrivain. Comment avez-vous porté sa voix ?

CPMK : La voix du Congo, en général, a toujours été bien entendue dans ce type de forum, malgré les difficultés rencontrées ici et là. Nous avons assisté à l’hommage rendu à Henri Lopes mais aussi à Tchicaya U Tam’si par un grand nom de la littérature congolaise, Boniface Mongo Mboussa, et d’autres hommes de la littérature française et africaine. Quant à ma voix, oh ma voix, c’est celle d’un enfant de maternelle. Cette voix a eu un écho favorable lorsque j’ai dû faire des dédicaces à de grands noms de la littérature et également à notre Ministre de la Culture, du Tourisme, de l’Industrie Artistique et des Loisirs qui était également présent.

LDBC : Quelle était la place du livre congolais à ce salon ?

CPM K : Cette foire, qui a ouvert ses portes le 15 mars pour se clôturer le 17 mars, a rendu visible le livre congolais dans la diversité des genres littéraires. On ne peut que se réjouir du fait que la littérature congolaise contemporaine se porte bien. Mais il faudrait étudier certains mécanismes qui permettraient de renforcer cette visibilité, comme l’accompagnement des écrivains dans les publications et la participation à diverses rencontres littéraires.

LDBC : Qu’a-t-on dit du livre africain ? Comment se porte le marché à l’ère du numérique ?

CPMK : Les livres, en général, souffrent de l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il n’y a pas que les livres africains qui subissent l’influence du numérique. Mais surtout, le marché africain du livre est à nouveau en croissance. Il faut une grande politique africaine du livre pour inciter les jeunes à s’intéresser à la lecture de livres physiques comme au bon vieux temps, quand le numérique n’existait pas.

LDBC : Quelles ont été les préconisations de ce salon pour la visibilité du livre africain sur le continent ?

CPM K. : Les recommandations pour rendre visible le livre africain sont avant tout de faire en sorte que les maisons mettent en place des partenariats ou des coéditions pour promouvoir la culture africaine dans sa diversité linguistique.

LDBC : Enfin, quel est votre point de vue sur le livre congolais ?

CPM K : Le livre congolais reflète un multiculturalisme. Les thèmes abordés dans les livres congolais sont très innovants. Il suffit aux pouvoirs publics de mettre en valeur les auteurs congolais, notamment contemporains, et nous pourrons, dans un avenir très proche, attirer l’attention des grands médias littéraires du monde entier. Le livre congolais souffre de visibilité. Cependant, compte tenu des ressources limitées des auteurs, il est difficile de promouvoir les œuvres littéraires à l’échelle mondiale. D’autres États africains le font très bien, achetant des livres aux auteurs de leur pays pour les distribuer dans les bibliothèques scolaires afin que l’on puisse d’abord consommer localement, avant d’aller lire Molière ou Victor Hugo.

Note de l’éditeur: Charles Peter Moukala Kinzounza, titulaire d’un master en gestion des ressources humaines, est actuellement au ministère des Petites et Moyennes Entreprises et de l’Artisanat en tant qu’inspecteur divisionnaire de l’artisanat par intérim. Il a publié « Famille Victim » (pièce de théâtre) aux Éditions du Net, en 2016, France ; «⁠Le poète et les chants sans son» (poésie) Éditions L’Harmattan 2017, France ; « Tout doit changer » (poésie) Éditions L’Harmattan 2019, France ; «⁠La cloche de mon cœur sonne» (poésie) Éditions Renaissance Africaine 2021, France ; « Je ne dois plus migrer » (roman) Éditions Renaissance Africaine, 2023, France. Il est également artiste musical.

 
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