Aux Escales du livre de Bordeaux, « des univers qui nous apprennent ce qu’est le monde »

Ma mère ne sait pas lire, ce sont mes sœurs qui lui lisent mon livre et elles lui font des résumés épicés », s’amuse Magyd Cherfi (Zebda). Rendez-vous aux Escales du livre pour son dernier roman « La vie de ma mère ! » » le Toulousain raconte sa vie de rêve, émancipé de sa mère. Coupez-vous les cheveux très courts, marchez dans l’eau, mettez du bleu sur vos yeux. « Aujourd’hui, c’est une femme qui revendique sa part d’émancipation. Elle était opprimée, violée par le système patriarcal. J’ai fondé mon combat antiraciste à travers mon combat féministe. S’extraire d’un environnement misérable, s’élever, ne peut être qu’une trahison envers ceux qui ne le feront pas. » Sortir des sentiers battus, la liberté d’écriture guide l’auteur Magyd Cherfi. Comme ces Escales, qui sont un joyeux jeu de piste avec 269 auteurs, 26 artistes, 74 exposants, 34 spectacles et lectures ainsi que 84 rencontres, débats et interviews…


Magyd Cherfi, membre du groupe Zebda et auteur de « La vie de ma mère ! »

Sud-Ouest

Adopter un éditeur

Ce samedi, on pourrait partir du théâtre de Lucarne sur les traces des « Aventures expérimentales du Grand Désastre » de Carole Lataste et Benjamin Charles, ou d’une « Murder party » pour enfants de Betty Piccioli, se diriger vers le marché des Douves, découvrir le humour épicé d’Omar Youssef Souleimane, qui raconte dans « Damas je te salue » son exil forcé de Syrie. Ou adopter un éditeur, comme Eric Audinet, patron des éditions Confluences depuis trente ans, retraçant « l’espèce d’alchimie qui se crée entre un éditeur et un auteur ».


Sophie Avon présente « Le goût du bonheur » (Mercure de France), à ​​l’Opus 34.

Thierry DAVID/SO

Marie et Hamid sont toulousains. Enthousiasmée par la rencontre de vendredi avec Nancy Huston : « À travers le récit d’une journée de travail d’un transsexuel colombien, elle parle d’humanisme, à travers une enquête. Elle lutte contre les trafiquants de vérité et de stéréotypes, à travers la littérature. C’était magique. » Ils partent ensuite écouter Sonia Kronlund, qui anime et produit l’émission « Les Pieds sur terre » depuis vingt ans et qui vient avec « L’Homme aux mille visages » (Grasset).


Hélène des Ligneris, directrice de La Machine à Lire, l’une des dix librairies présentes.

Thierry DAVID/SO

Bien sûr, il y a des déceptions : ne pas pouvoir entrer dans le débat sur la psychiatrie avec Ixchel Delaporte… « On a dû refouler des gens, ça a créé un certain émoi, mais ça montre à quel point le sujet est tendu : l’hôpital est en grande difficulté, et ce rendez-vous mobilise beaucoup de monde », explique Gaëlle Thoilliez, déléguée générale des Escales du livre.

Dédicace de Toth-M, auteur de la série de bandes dessinées « Distress ».


Dédicace de Toth-M, auteur de la série de bandes dessinées « Distress ».

Thierry DAVID/SO

« Le Cauchemar de Lovecraft », lecture, musique et vidéo, avec François Bon, Romuald Giulivo et Cyril Touzé.


« Le Cauchemar de Lovecraft », lecture, musique et vidéo, avec François Bon, Romuald Giulivo et Cyril Touzé.

Thierry DAVID/SO

Créatures

On retrouve même des créatures d’autres mondes dans l’exposition, de la présence flottante de Lovecraft en passant par une interview, ou une rêverie musicale, jusqu’à de jeunes auteurs, comme Rémi Macia alias Toth-M. Il est le créateur de la série comique « Détresse » et ne rêve que de monstres, qu’il transporte depuis sa Bretagne natale, avec un détour par Tahiti : « Ils nous font remettre en question notre humanité. » Un objet hybride, entre webtoon (bande dessinée en ligne) et manga, qui montre une autre facette de la littérature.

Aux Escales, on explore aussi la langue, avec les linguistes consternés, qui ont protesté auprès du TNBA contre la « diffusion d’idées fausses sur la langue française », assurant que « le français se porte très bien, merci ». « Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ? » a poursuivi le débat avec Nathalie Azoulai, Alexandre Gefen et Laura Sibony.

Le débat « Intelligence artificielle : faut-il en avoir peur ? » au TNBA.


Le débat « Intelligence artificielle : faut-il en avoir peur ? » au TNBA.

Thierry DAVID/SO

« Les livres sont des univers qui nous apprennent ce qu’est le monde », résume Magyd Cherfi. Pour moi, ça a commencé avec « Les Misérables », « Madame Bovary », et j’y reviens toujours. »

Une sélection pour ce dimanche

11h00, galerie EBABX, adopte un éditeur : Les Éditions Hervé Chopin. Laure Lamendin et son éditrice Isabelle Chopin vous raconteront la genèse de La Bordelaise, guide intemporel de l’art de vivre. De l’idée au processus créatif, comment élaborer le contenu du livre, choisir les illustrations, structurer le texte ? 14 heuresSalle Vauthier, TNBA, dialogue entre Rachida Brakni, « Kaddour » (Stock) et « Dans le silence des pères » (Seuil) de Rachid Benzine. 14h30« Zoo de Rosigny », spectacle hip-hop dessiné au Théâtre La Lucarne, sur réservation. 15h30entretien avec Hippolyte Girardot pour « Un film disparaît » (Seuil), Salle Atelier. 17 heures, entretien avec Doriand pour « Un homme de mots » (Léo Scheer). Ou « Confidences tunisiennes », une rencontre suivie d’une lecture par Marie Nimier et la comédienne et réalisatrice Naidra Ayadi. 18 heures, « Le Grand secours » (Flammarion) de Thomas B. Reverdy, qui nous plonge dans une journée d’émeutes urbaines. accompagné de JP Nataf (Les Innocents).

 
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