dans « La gosse », la journaliste Nadia Daam évoque la relation avec sa fille

Ancien chroniqueur de Jardins d’enfants Ou 28 minutes à la télévision et déjà auteure de plusieurs livres, la journaliste Nadia Daam revient cette semaine en librairie avec L’enfantpublié chez Grasset, dédié à sa fille mais pas seulement.

Franceinfo : On dit toujours « écrivez sur ce que vous savez ». Ici, le sujet était évident. Cependant, avez-vous eu du mal à vous décider à l’écrire ?

Nadia Daam : Entre le moment où j’ai eu l’idée de ce livre et le moment où j’en ai posé le point final, il s’est écoulé environ deux ans et demi, avec plusieurs moments où j’ai failli abandonner en me disant que c’était n’importe quoi, que ça n’allait pas n’intéresserait personne d’autre que ma mère et quelques amis… Je me demandais quel était l’intérêt d’écrire ce livre. Mais en en parlant beaucoup autour de moi, et notamment avec des amies mères d’adolescentes, je me suis rendu compte qu’il n’était pas inintéressant de raconter le quotidien d’une mère et de sa fille de la manière la plus pragmatique. dans cette banalité quotidienne. Et ce que j’ai envie de lire en tant que mère, c’est justement comment cela peut arriver aux autres, une fois qu’ils ferment la porte, dans leur intimité.

Vous dévoilez beaucoup de vous-même, avec une vraie franchise, évoquant par exemple votre propre famille ou le père de votre fille décédée accidentellement en 2018. Avez-vous dû être violent ?

Oui, c’était d’autant plus difficile à réaliser que j’ai un rapport compliqué à la divulgation. Quand j’ai commencé à écrire sur la parentalité, j’ai décidé de parler de moi, de ma fille. Mais j’ai payé pour ça et ça s’est retourné contre moi (après une chronique consacrée à un forum du site jeuxvideo.com en 2017, Nadia Daam avait été harcelée sur les réseaux sociaux, mais aussi dans sa vie privée, avec des menaces de viol et de mort, l’un de ses harceleurs a été condamné à cinq mois avec sursis appel, NDLR). C’est ce qui a permis à mes harceleurs de savoir que j’avais un enfant, de retrouver mon adresse et celle de son collège, etc. J’étais donc très clairement vexée, mais j’ai décidé très vite que je ne devais pas me taire à cause d’un quelques idiots qui avaient décidé de faire de ma vie un enfer.

Ce livre sur votre relation avec votre fille vous permet également d’aborder des thèmes qui vous sont chers ?

C’est un livre qui parle de transmission et, de fait, cela nous oblige à invoquer nos convictions politiques, notre histoire familiale, ce que nous appelons le « roman familial ». Si j’y vais et que je veux raconter ma vie à ma fille, cela m’interroge sur ce que je sais de ma propre histoire et comment je vais faire coïncider mes convictions politiques féministes avec la réalité. Mettre ce féminisme à l’épreuve dans la réalité lorsqu’on élève une jeune fille est douloureux, c’est très stressant. Mais c’est une question fertile.

Le livre est aussi touchant par son universalité, il parle à tout le monde, et en même temps on soulage ce qu’on pourrait appeler les « mauvaises mères », tout en se méfiant du laxisme…

Je suis persuadée que c’est le lot de beaucoup de parents, notre quotidien est fait d’oscillations permanentes entre ce que l’on perçoit comme du laxisme ou de l’autoritarisme, mais en réalité les parents sont perdus. Tout le monde pense savoir comment les parents d’aujourd’hui élèvent leurs enfants, il existe cette mode de la parentalité positive, mais ce n’est pas vrai. Nous nous interrogeons sans cesse – parfois plusieurs fois dans la même journée – sur la manière dont nous allons éduquer nos enfants, et je crois que c’est aussi cela qu’il faut raconter : nous sommes tous perdus, même parfois illisibles aux yeux. de nos enfants, et nous ne savons vraiment pas quoi faire de nous-mêmes ou d’eux.

Dans quelle mesure votre fille a-t-elle été impliquée dans la conception du livre ?

Tout l’intérêt du livre est d’appeler à laisser les enfants, en l’occurrence les adolescents, occuper la place qui est la leur, même si parfois cela peut être douloureux pour nous. Cela n’aurait pas eu beaucoup de sens pour moi d’écrire ce livre en le piétinant, sans tenir compte de son opinion. Alors je l’ai impliquée dans tout, je lui ai posé la question sur le principe du livre, et puis elle a relu absolument tous les chapitres, refusant certains aspects, ou me corrigeant sur la forme, sur un vocabulaire aujourd’hui ringard. Je n’aurais évidemment pas imaginé réaliser ce livre sans sa collaboration totale et impitoyable.

L’enfant par Nadia Daam, éditions Grasset.

 
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