Donald Trump a imputé aux efforts visant à protéger un poisson en voie de disparition en Californie l’aggravation des incendies qui ravagent Los Angeles depuis plus de deux semaines.
• Lisez également : EN VIDÉO | Les pompiers progressent contre un nouvel incendie près de Los Angeles
• Lisez également : Trump envisage de démanteler l’agence fédérale chargée des catastrophes naturelles
Les propos du président américain sur sa plateforme Truth Social, consolidés dans un décret signé lundi à son retour à la Maison Blanche, ont suscité des critiques de la part de la communauté scientifique.
Les experts affirment que l’éperlan du Delta a peu d’importance pour l’approvisionnement en eau de Los Angeles, malgré sa récente mention dans un décret signé par Donald Trump annulant les mesures de protection des espèces et visant à détourner les eaux du Delta dans le nord de l’État.
Dans ce décret demandant aux agences environnementales de donner la priorité aux « citoyens plutôt qu’aux poissons » et de mettre fin à « l’environnementalisme radical » en Californie, il a réaffirmé l’existence d’un lien entre la protection de l’éperlan du Delta et l’approvisionnement en eau des zones touchées par les récents incendies.
Des propos qui traduisent une méconnaissance des efforts environnementaux mis en place par la Californie, soulignent certains scientifiques, et incitent par la même occasion au scepticisme face aux enjeux climatiques.
Il s’agit de trouver “un bouc émissaire responsable de tous nos problèmes, en l’occurrence les incendies et la sécheresse, et de concentrer la colère” du public sur un petit poisson, a expliqué à l’AFP John Buse, conseiller juridique. en biodiversité.
Crise de l’eau
La Californie connaît une crise complexe de l’eau, amplifiée par le changement climatique et les sécheresses, et l’éperlan du delta n’est pas au cœur du problème, affirment les scientifiques.
La population de ce poisson était autrefois abondante au nord de l’estuaire, explique Peter Moyle, expert de l’espèce à l’Université de Californie à Davis.
-Mais la dégradation de son habitat, suite aux besoins agricoles et urbains ainsi qu’à l’exposition à la pollution, en a fait une espèce menacée en 1993.
Le pompage massif de l’eau du nord vers le sud nuit à l’éperlan et à d’autres espèces aquatiques du delta, nécessitant une réorientation des courants pour leur survie.
Mais ces mesures n’ont quasiment aucun impact sur l’approvisionnement en eau de Los Angeles, et par extension sur la gestion des incendies dans la région, soulignent les spécialistes.
En témoigne le niveau d’eau élevé dans les principales retenues d’eau de l’Etat – et plus particulièrement du sud – tout au long du mois de janvier, selon des données officielles consultées par l’AFP.
Cible facile
Même pendant les années de sécheresse, les mesures environnementales protégeant l’éperlan du delta ne représentaient qu’une infime fraction des réductions du débit d’eau en Californie.
Le principal facteur déterminant le volume d’eau pompé du nord vers le sud est davantage le taux de précipitations et de fonte des neiges entrant dans l’estuaire de San Francisco.
Selon Caleb Scoville, sociologue à l’Université Tufts dans le Massachusetts, l’éperlan du Delta, en raison de sa petite taille et de son statut relativement méconnu du grand public, est devenu une cible facile pour certaines personnalités conservatrices, transformant un débat local sur la gestion de l’eau en Californie. dans un conflit national opposant la protection des écosystèmes à la sécurité des citoyens.
Plutôt que de s’attaquer aux causes fondamentales de la crise de l’eau en Californie, dont le réchauffement climatique, Donald Trump préfère y voir un parti pris politique, a-t-il conclu.
Dès son arrivée au pouvoir, Donald Trump a initié un nouveau retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, un complet retour en arrière dans la lutte contre le changement climatique qui met en péril les efforts mondiaux visant à le ralentir.
