L’Arabie saoudite accueille dimanche des diplomates européens et moyen-orientaux pour discuter de la Syrie, où les capitales étrangères espèrent un retour à la stabilité après la chute de Bachar al-Assad.
« Il y aura deux réunions. La première entre États arabes. La deuxième entre les Etats arabes et d’autres pays”, dont la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, la Turquie et l’Espagne, ainsi que l’ONU, a indiqué samedi à l’AFP un responsable saoudien ayant requis l’anonymat.
Cette réunion se tient au moment où les autorités de transition dirigées par le nouveau leader du pays, Ahmad el-Chareh, appellent à la levée des sanctions internationales frappant la Syrie.
Les puissances occidentales, notamment les États-Unis et l’Union européenne, avaient imposé des sanctions au gouvernement de Bachar al-Assad en raison de la répression des manifestations populaires de 2011, qui avait déclenché la guerre civile.
Après 13 années d’une guerre qui a fait plus d’un demi-million de morts, ravagé l’économie et contraint des millions de personnes à fuir, notamment vers l’Europe, les rebelles dirigés par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ancienne branche syrienne d’Al-Sham -Qaïda, a chassé Bachar al-Assad du pouvoir le 8 décembre.
Le gouvernement de transition mis en place dans la foulée milite depuis pour la levée des sanctions internationales, mais de nombreuses capitales, dont Washington, ont déclaré attendre de voir comment les nouvelles autorités exerceront leur pouvoir avant de se prononcer.
– La question des sanctions –
La cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, a déclaré vendredi que les 27 pourraient assouplir “progressivement” leurs sanctions “à condition que des progrès tangibles soient réalisés”, notamment sur la protection des minorités.
Les discussions de dimanche porteront notamment sur le niveau de soutien à apporter à la nouvelle administration et sur une éventuelle levée des sanctions, a confirmé le responsable saoudien.
L’Arabie saoudite a rompu ses liens avec le gouvernement d’Assad en 2012, puis a soutenu les groupes rebelles qui tentaient de l’évincer du pouvoir.
Mais en 2023, Riyad rétablit ses relations avec la Syrie et œuvre au retour de Damas dans la Ligue arabe, mettant fin à son isolement diplomatique.
Le riche royaume du Golfe a envoyé ce mois-ci de la nourriture, des abris et une aide médicale à la Syrie.
Au-delà de cette aide, Riyad étudie désormais les moyens d’accompagner la transition.
“Ce sommet envoie le message que l’Arabie saoudite veut s’affirmer à la tête des efforts régionaux visant à soutenir la reconstruction de la Syrie”, souligne la chercheuse Anna Jacobs de l’Institut arabe des États du Golfe à Washington.
“Mais la grande question est de savoir combien de temps et de ressources l’Arabie saoudite consacrera à ces efforts, et ce qui sera possible tant que de nombreuses sanctions resteront en vigueur”, a-t-elle ajouté.
– « Influence » saoudienne –
La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock et son homologue turc Hakan Fidan ont confirmé leur participation à la réunion de Riyad, qui s’inscrit dans la continuité de précédentes discussions tenues en décembre en Jordanie, selon le responsable saoudien.
Le vice-secrétaire d’État américain sortant, John Bass, y participera également.
M. Bass arrivera de Turquie, où il a souligné “l’importance de la stabilité régionale, d’empêcher que la Syrie ne soit utilisée comme base du terrorisme et d’assurer la défaite durable” du groupe jihadiste Etat islamique, selon le département d’Etat.
L’Arabie saoudite se montre plus prudente à l’égard des nouvelles autorités syriennes que d’autres pays comme la Turquie et le Qatar, qui ont été les premiers à rouvrir leurs ambassades à Damas, souligne Umer Karim, chercheur sur la Syrie à l’université de Birmingham.
Néanmoins, Riyad « observe positivement » les nouveaux dirigeants syriens et cherche à voir s’ils peuvent apporter la stabilité et « contrôler les éléments les plus extrémistes dans leurs rangs », a-t-il ajouté.
Pour Anna Jacobs, la réunion de dimanche “donne à Riyad l’occasion d’accroître son influence auprès du nouveau gouvernement syrien et de cultiver une plus grande influence dans un pays où la Turquie et le Qatar ont désormais plus d’influence”.