L’incendie continue de ravager vendredi la banlieue de Los Angeles. L’urbanisme spécifique de la région joue un rôle dans la propagation des incendies, selon Elsa Devienne, maître de conférences à l’Université de Northumbria. Certes, les villas des quartiers huppés concernés sont espacées les unes des autres, mais la végétation est un facteur crucial.
La situation actuelle est “assez historique”, avec des évacuations dans le centre de Los Angeles, “même dans les quartiers de West Hollywood et Hollywood”, indique Elsa Devienne, maître de conférences à l’université de Northumbria au Royaume-Uni, interrogée vendredi dans Tout un monde.
“Il y a cette idée que le rêve californien part un peu en fumée et il s’accélère”, ajoute le chercheur.
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« Depuis au moins les années 1990 », les habitants sont conscients qu’ils sont « exposés aux tremblements de terre, aux incendies, aux glissements de terrain mais aussi aux émeutes urbaines », analyse ce spécialiste de l’histoire urbaine américaine.
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Végétation dense et très sèche
« Les quartiers de Los Angeles sont entourés d’une végétation assez dense et très sèche, explique Elsa Devienne. « L’écosystème de ces collines brûle de manière cyclique, depuis toujours », se souvient-elle. Incendies à Los Angeles, « ce n’est pas nouveau ».
Le chercheur souligne le changement de paradigme « depuis les années 1930 et surtout après la Seconde Guerre mondiale », quand « on a commencé à construire ces maisons individuelles entourées de végétation et qu’il faut protéger ». Le chercheur cite également « l’accélération liée au changement climatique ».
La végétation très sèche a cessé de brûler régulièrement et constitue donc une sorte d’énorme combustible qui crée le contexte de ces mégafeux.
Malibu, cas typique
Malibu est « un endroit qui a toujours brûlé », souligne Elsa Devienne. « Les Amérindiens faisaient régulièrement des feux, à titre préventif, mais aussi des feux qui servaient à assurer la reproduction de certaines espèces. Il y avait vraiment un sens à ces incendies cycliques ». Pour le chercheur, aujourd’hui, « il y a des endroits où il ne faut pas reconstruire ».
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« Les gens vivent face à la mer. Ce sont des endroits magnifiques, c’est pour cela que nous voulons absolument y vivre et c’est pour cela que nous reconstruisons après les incendies. Le problème est que pour échapper aux incendies, les habitants doivent emprunter la seule autoroute donnant accès à la région, la Pacific Coast Highway. Les embouteillages créent alors un problème d’accès pour les pompiers et les secours.
Refus d’assurance
Entre 2020 et 2023, les assureurs ont refusé de renouveler les contrats de près de 3 millions de propriétaires, selon les chiffres de l’État de Californie. Ils estiment que le risque d’incendies est trop grand.
La région est cependant « mieux préparée depuis les incendies de 2017 et 2018 en Californie », estime Elsa Devienne. Elle cite notamment les applications qui préviennent les gens, décrivant la progression des incendies mètre par mètre.
Interview radio : Éric Guevara-Frey
Adaptation web : Julie Liardet