Pourquoi avez-vous mis autant de temps à monter sur scène ?
« Au fond, ce n’était pas ma priorité de faire un spectacle. Parce que je ne me voyais pas seule sur scène. Mais, en sortant du Covid, il y avait une sorte d’urgence, de sortir rapidement un projet pour ne pas perdre les gens qui me suivaient du Grand Cactus. Et donc, je suis monté sur scène et j’ai fait quelques sets comiques. J’ai décidé de me lancer à fond, seul. Je me dis, je vais prendre rendez-vous, après je verrai. Et puis ça a finalement fonctionné, au bout de deux ans.
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Un spectacle qui est une ode à la paresse, le nouveau mojo selon vous ?
« C’est parce que je parle lentement. Il y a le côté liégeois. Je l’ai accepté. Sur les réseaux, j’en parle souvent. Je n’aime pas trop le truc de la surproductivité, d’aller très vite, de faire valve pour valve et ça s’enchaîne j’aime accepter cette lenteur Aujourd’hui, comme on est très rapide en tout, j’ai l’impression que ça détend un peu. aux gens de se dire : on a le temps, on se calme, on prend un petit café et en même temps, la paresse nous permet d’aborder le sujet : pourquoi suis-je si paresseux et n’agis pas ? Je suis perfectionniste. J’ai envie de faire beaucoup de choses, mais je reste coincé dans le syndrome de l’imposteur et je me sens légitime. J’avais un peu peur de ne pas y arriver. le rythme, sur scène Parce qu’en vidéo, il y a tellement de montage, c’est super rapide, mais imposer cette lenteur me permet d’enlever la complexité des choses et d’aller à contre-courant.
Quel a été le déclencheur ?
«J’ai fixé une date. Tout simplement. J’ai engagé un metteur en scène où j’ai fait une résidence dans plusieurs théâtres. C’était non-stop, j’ai coupé ma vie sociale. J’ai tout remis à plus tard pour vraiment y aller car je n’avais plus le choix. Mais sinon, sans ce rendez-vous, j’aurais pu tergiverser tout le temps. »
“Si j’avais incarné le personnage des Poufs toute ma carrière, j’aurais pu m’enfermer dans cette case”
Alors est-il possible de vivre de ce métier en Belgique ?
“Oui. Depuis la radio (revues sur Pure FM, NDLR), le Cactus et maintenant la scène, j’en vis depuis quelques années. C’est cool. On a l’impression que c’est à chaque fois une année bonus… mais c’est sûr que si on veut aller plus loin ou plus longtemps avec un spectacle, il faut toucher un peu la France.
Aucun regret du temps du Grand Cactus ?
“Non. Le point positif dont je retiens, c’est que les gens qui m’ont suivi au Cactus m’ont suivi pour le show. Et donc, je suis très reconnaissant envers le public. C’est tout ce que je voulais dire : remercier les gens d’être venus. Au début, les salles se remplissaient très vite, donc j’avais l’impression que je ne devais pas les décevoir. Après le Cactus, je n’ai plus fait de vidéos. sur Instagram. J’ai l’impression que cela a vraiment fidélisé.
Avec près de 100 000 abonnés, Sarah Grosjean est devenue une influenceuse ?
« Il y a une petite partie de moi qui l’est, oui. S’il s’agit de publicité, j’essaie de faire en sorte que cela m’affecte. Je ne vais pas faire ça pour des marques ou des projets qui ne me concernent pas du tout. Je ne veux pas non plus devenir un panneau d’affichage. Ou du moins, il faut que ce soit drôle.
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En tant qu’actrice (elle a suivi le cursus Florent et sera bientôt àaffiche de Maldororinspiré de l’affaire Dutroux), vous êtes enfin comédien…
“En effet. Je pensais plutôt au côté actrice décalée. Au début, je ne voulais pas qu’on me traite de comédien car j’avais l’impression de ne pas avoir encore fait tout ce qu’il fallait dans le domaine de l’humour. Je comprends. Mais maintenant, après deux ans de carrière, je peux m’en charger. Il y avait aussi un petit rôle dans Habib, le film de Benoît Mariage et j’espère qu’il y en aura d’autres. projets au cinéma Sinon, je me concentre sur la scène. J’écris déjà un nouveau spectacle pour ne pas avoir de retard.
Toujours avec l’accent liégeois ?
“Oui, absolument (sourire) ! Mais bon, je n’ai pas non plus envie de tout focaliser côté liégeois. Parce que si j’avais vraiment incarné le personnage de Poufs toute ma carrière, j’aurais pu m’enfermer dans cette case. Parce que là, l’accent était très exagéré. C’était très caricatural. Ici, c’est plutôt un côté Grosjean mais nonchalant. L’écart entre la classe et la défaite. Parfois, je joue avec l’accent comme je joue avec la météo. Mais sinon, je ne pousse pas tout le temps. Je l’ai, mais en arrière-plan. J’aime l’exagérer par souci de parcimonie.