Le Congo de Tshisekedi sombre dans une crise sécuritaire et politique — La Libre Afrique

Le Congo de Tshisekedi sombre dans une crise sécuritaire et politique — La Libre Afrique
Le Congo de Tshisekedi sombre dans une crise sécuritaire et politique — La Libre Afrique

Sur le terrain, à l’Est, la progression des rebelles s’est encore accélérée.

Il y a un an, les élections présidentielles et législatives en République démocratique du Congo (RDC) se terminaient dans la douleur. Jugée « chaotique », en termes très diplomatiques, cette élection qui devait se dérouler sur une journée, le 20 décembre, s’est finalement étalée sur huit jours.

Dans l’opacité totale, sans la moindre base légale, les opérations électorales se sont poursuivies pour aboutir au triomphe de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle (73% des voix dans un scrutin à un tour avec plus de 20 candidats !) et au raz-de-marée de sa famille politique et son soutien aux élections législatives (plus de 450 élus sur les 500 que compte l’Assemblée nationale). Malgré sa majorité absolue, le président de la République aura du mal à mettre en place un exécutif qui sera dirigé – une première en RDC – par une femme, Judith Suminwa Tuluka, nommée quatre mois après l’élection. Il faudra attendre encore deux mois, soit le 12 juin, pour que son gouvernement soit installé, preuve de la difficulté de gérer cette large majorité présidentielle réunie dans une Union sacrée de la Nation (USN) hétérogène.

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Révision constitutionnelle

Le président reconduit, après une première mascarade électorale en 2018, dispose donc officiellement d’une majorité qui lui permet d’envisager une révision de la Constitution. Mais le chef de l’Etat pourrait être tenté d’aller plus loin et de remettre en cause l’article 220 de cette constitution de 2006 qui fixe le nombre et la durée des mandats du président de la République. Pour l’opposition politique, il ne fait aucun doute que Félix Tshisekedi souhaite rester au pouvoir au-delà de ses deux mandats « légaux ».

Martial et provocateur comme à son habitude, le chef de l’Etat, qui s’est lancé en fin d’année dans une courte tournée au Congo, n’a fait qu’accroître les certitudes des opposants en déclarant notamment, lors d’un discours mi-novembre à Lubumbashi, la capitale de la province du Haut-Katanga : «Personne ne changera ma position sur la révision ou le changement de la Constitution.»

La détermination affichée par Félix Tshisekedi a poussé la puissante Église catholique et sa sœur protestante à émettre des avertissements face à cette volonté présidentielle. La Conférence Episcopale Nationale du Congo (Cenco), par la voix de son secrétaire général Monseigneur Donation Nshole, s’est clairement positionnée contre le changement ou la révision de la Constitution et a lancé, en octobre, un appel à la mobilisation générale pour décourager ce projet qui elle le qualifie de « dangereux » pour le pays.

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L’enfer sur terre”

Dans son homélie à l’occasion de la veille de Noël à la cathédrale Notre Dame du Congo, à Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo n’est pas revenu directement sur cette question de réforme constitutionnelle mais il a dressé un portrait de la RDC marqué notamment par des infrastructures inexistantes, un flambée des prix du marché, insécurité généralisée qui fait ressembler le pays à «l’enfer sur terre». L’archevêque de Kinshasa a poursuivi en appelant les autorités à «question”. “Nous appelons chacun, notamment tous ceux qui ont une part de responsabilité, à se lever pour que cette misère puisse enfin cesser. Quand on est leader, on est là avant tout pour le bonheur du peuple et quand le peuple est dans cet état désastreux, cela devrait être un défi aux autorités. Qu’avons-nous fait pour amener les gens à ce point ? Pour de nombreux observateurs, l’homélie du cardinal Ambongo a également été une démonstration qu’un changement dans la Constitution ne constituerait pas un début de solution à cette descente aux enfers.

Les propos de Félix Tshisekedi ont également conduit les 16 et 17 décembre à un rapprochement entre Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga unifié et président du parti d’opposition Ensemble pour la République, et Joseph Kabila, l’ancien chef de l’État et autorité morale du FCC. , autre formation politique d’opposition qui a refusé de participer aux élections de décembre 2023 qu’elle a présentées comme «une farce indigeste ».

Les deux hommes se connaissent, ils ont parcouru un long chemin ensemble avant de se brouiller en 2014, lorsque le clan Kabila laisse entendre que son chef pourrait lui aussi se laisser tenter par un troisième mandat contraire à la Constitution. Le divorce entre les deux hommes était alors inévitable. Après de longues négociations, Joseph Kabila a finalement annoncé son retrait de la scène politique, avant d’imposer Félix Tshisekedi à la tête du pays en 2019.

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Kabila et Katumbi, qui se sont entretenus face à face pendant plusieurs heures lors de ces retrouvailles à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, ont publié un communiqué commun dans lequel ils « affirment fermement leur opposition à toute réforme constitutionnelle qui, dans les conditions actuelles, s’avère être illégal et inopportun et dont le but ultime n’échappe à personne : la consolidation de la dictature à travers une présidence à vie en RDC ». Le texte rappelle en outre que « nul n’est propriétaire mais locataire du pouvoir, le bail démocratique étant pour une durée déterminée dans les conditions prévues par la Constitution », avant d’appeler « tous les Congolais à résister activement à la volonté affichée par le pouvoir ». en place pour rompre le pacte républicain ».

Le front de l’Est

Les deux hommes saluent tout de même les « efforts en cours aux niveaux régional et international » […] visant à ramener la paix en RDC » et « condamner les forces illégales, notamment les mercenaires et les troupes étrangères, sur le territoire national ». Car à côté de ces tensions politiques, le pays reste confronté à l’avancée de la rébellion Alliance du fleuve Congo/M23 à l’Est. L’AFC de Corneille Nangaa, l’ancien patron de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont la naissance a été annoncée il y a à peine plus d’un an, le 15 décembre 2023, continue de progresser et occupe désormais aujourd’hui la grande majorité de la province du Nord. Kivu.

Face à ce mouvement, soutenu par le Rwanda, le gouvernement congolais s’appuie principalement sur les milices locales, souvent responsables d’exactions et de prédations, recyclées en wazalendo (patriotes), sur les forces armées burundaises envoyées au front, les FDLR opposées au régime rwandais et Mercenaires occidentaux. Un patchwork aussi dangereux qu’ingérable censé interagir avec les Forces armées de la RDC (FARDC) qui, elles, semblent de moins en moins soutenues par le régime congolais malgré les millions d’euros qui sortent mois après mois des caisses de l’État pour renforcer leurs capacités et qui permettent essentiellement de remplir les poches de certains hauts gradés et autres hommes d’affaires.

position américaine

Face à ce « front congolais », malgré les annonces volontaristes, voire triomphalistes, des autorités congolaises, les troupes rebelles ont encore accéléré leur progression depuis début décembre, poussant à la fois vers le nord et l’ouest du Nord-Kivu. .

La ville de Goma, la capitale de la province avec ses 2 millions d’habitants, est en grande partie encerclée depuis de nombreuses semaines mais reste sous la gestion de Kinshasa grâce, surtout, à la pression américaine qui refuse de voir la ville tomber – « trop symbolique ». » – aux mains des rebelles. Dans moins d’un mois, l’administration démocrate américaine passera le relais aux républicains, moins favorables aux positions de Kinshasa dans un contexte régional de plus en plus impacté par les crises en RDC, notamment entre le Burundi et le Rwanda mais aussi en Zambie. , comme viennent de le montrer les arrestations illégales d’opposants au régime de Tshisekedi bénéficiant du statut de réfugié accordé par le HCR.

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