Empêcher la reconstruction des bidonvilles, rétablir l’électricité “dans chaque foyer” d’ici fin janvier: François Bayrou a annoncé lundi une batterie de mesures lors de sa visite à Mayotte, deux semaines après le dévastateur cyclone Chido.
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30 décembre 2024 – 18h11
(Keystone-ATS) Après une visite d’une journée à la tête d’une importante délégation ministérielle, le Premier ministre a présenté au Conseil départemental de l’archipel son plan « Mayotte debout » qui « a une seule ligne directrice : pas de phrases, des décisions concrètes et précises, concrètes et précises ». engagements ».
Pris dans une polémique sur sa présence au Conseil municipal de Pau deux jours après le cyclone et trois jours après sa nomination à Matignon, confronté à l’impatience et à la colère des habitants et des représentants de l’île face à la lenteur des secours, M. Bayrou a énuméré plusieurs dizaines de mesures sur de nombreux thèmes, parmi lesquels l’éducation, la santé, l’approvisionnement en eau et en électricité, ou encore le soutien à l’économie locale.
Parallèlement, une “loi d’urgence” sera présentée vendredi en Conseil des ministres, avec “une présentation au Parlement d’ici deux semaines”, a annoncé M. Bayrou. Un projet de « loi de programme de refondation » de l’archipel « préparé et conçu avec les élus de Mayotte, sera finalisé d’ici trois mois, a-t-il précisé.
Parmi les dispositions clés détaillées lundi par le chef du gouvernement, l’engagement de l’État et des pouvoirs publics locaux à « interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles », reprenant un mantra d’Emmanuel Macron, venu les 19 et 20 décembre sur place. .
Une volonté qui pourrait être « inscrite dans la loi », alors qu’environ un tiers de la population de ce département le plus pauvre de France réside dans des logements précaires, entièrement détruits.
Face à l’urgence d’un archipel ravagé et toujours en partie privé de services essentiels, M. Bayrou a également demandé que l’électricité soit “rétablie dans chaque foyer fin janvier”, grâce notamment à “un renfort de 200 agents” et l’arrivée de de « 200 groupes électrogènes, une dizaine par commune » pour faire fonctionner « les équipements indispensables ».
“Avant la fin de la semaine, le volume de production d’eau potable obtenu avant Chido sera atteint”, a promis le chef du gouvernement, évoquant une “intervention” imminente de “l’armée” pour aider à restaurer le réseau.
Le Premier ministre a également annoncé le lancement d’un « plan de vigilance » à Mayotte réunissant l’armée et la gendarmerie pour « surveiller » les établissements scolaires face aux menaces d’incendies et de pillages. Le maire de Mamoudzou venait, lors d’une réunion, de dénoncer que lundi « une école de la République » avait été « incendiée » et avait été transformée en centre d’hébergement depuis deux semaines.
Face à l’immigration irrégulière – le département compte 320 000 habitants selon l’Insee, mais peut-être 100 000 à 200 000 de plus avec les sans-papiers – M. Bayrou a plaidé pour un « recensement général et précis de la population ».
Une « opération de vérité qui permettra de surmonter les ambiguïtés et les incohérences que de nombreux élus ont signalées sur le bilan chiffré de la population », a-t-il soutenu, alors qu’il avait jugé plus tôt dans la journée « irresponsable » d’affirmer « qu’il y a ce n’est pas un problème d’immigration brûlant à Mayotte ».
Sur le plan économique, M. Bayrou a indiqué que les cotisations sociales seraient suspendues “pour toutes les entreprises jusqu’au 31 mars”. Des compensations pour perte de chiffre d’affaires, voire des facilités de prêt sont également prévues.
Objectif : deux ans
« Il ne s’agit pas seulement de reconstruire Mayotte telle qu’elle était. Il s’agit de concevoir l’avenir de Mayotte, différemment”, a expliqué dans la journée M. Bayrou, qui a réitéré son “objectif” de reconstruire Mayotte en deux ans, souhaitant “défier le destin”.
Accompagné de cinq ministres, dont les ministres d’État Elisabeth Borne (Éducation) et Manuel Valls (Outre-mer), François Bayrou a notamment visité l’usine de dessalement d’eau de Petite Terre, un hôpital de campagne, une école dont plusieurs salles de classe ont été dévastées, avant d’augmenter le nombre de rencontres avec les dirigeants et élus de l’île.
Chido, le cyclone le plus dévastateur à Mayotte depuis 90 ans, a causé le 14 décembre la mort de 39 personnes et fait plus de 5.600 blessés, selon un bilan publié dimanche par la préfecture.
Concernant le bilan des morts, M. Bayrou a appelé lundi à « une très grande prudence », affirmant que les « rumeurs de milliers de morts » étaient « infondées » et que les morts se comptaient plutôt en « quelques dizaines ou quelques centaines ».
Au terme de sa visite à Mayotte, M. Bayrou se rendra à l’île de la Réunion, base logistique importante de l’aide à l’archipel mahorais, où il poursuivra sa visite mardi matin avant de regagner le continent.
« Au sud, au nord, nous sommes les oubliés de ce territoire. Ils (les plus hauts responsables politiques) restent toujours à Mamoudzou », déplore un habitant, Marachi Maoulida, « déçu » de cette visite première ministérielle d’une journée mais qui veut rester « optimiste ».
Présent dans sa délégation, son ministre d’État chargé des Outre-mer, Manuel Valls, séjournera deux jours supplémentaires à Mayotte.