Procès pour viol à Mazan | 51 personnes ont été jugées et condamnées, mais combien de personnes non identifiées ?

Procès pour viol à Mazan | 51 personnes ont été jugées et condamnées, mais combien de personnes non identifiées ?
Procès pour viol à Mazan | 51 personnes ont été jugées et condamnées, mais combien de personnes non identifiées ?

(Marseille) Au procès pour viol de Mazan, dans le sud de la , 51 hommes ont été condamnés le 19 décembre pour avoir violé Gisèle Pelicot, droguée et livrée à ces inconnus par son mari pendant une décennie. Mais combien d’autres l’ont fait sans jamais être identifiés ?

Olivier LUCAZEAU et David Courbet

Agence -

« Laurent du Vaucluse », « routier » ou encore « Luc Pizza » : cachés derrière ces surnoms, ces hommes avaient également été attirés par Dominique Pelicot sur le site coco.fr. A eux aussi le sexagénaire, aujourd’hui âgé de 72 ans, a mis à disposition le corps de son épouse, assommée aux anxiolytiques et complètement inconsciente, entre juillet 2011 et octobre 2020.

Comme les autres, il les avait photographiés et filmés, puis stockant soigneusement ces images sur son ordinateur ou différents disques durs.

Malgré le travail minutieux des enquêteurs, une identité n’a jamais pu être associée à ces dossiers. Quant aux photos du premier viol référencé de Gisèle Pelicot, la nuit du 23 au 24 juillet 2011, alors que le couple habitait près de Paris, à Villiers-sur-Marne. Ou pour la vidéo de son dernier agresseur, « le motard », la nuit du 22 au 23 octobre 2020, à Mazan.

Au total, quelque 200 viols contre Gisèle Pelicot ont été enregistrés par les enquêteurs, à partir de vidéos et de photos prises par son désormais ex-mari, dont plus d’une centaine par Dominique Pelicot lui-même. Pour les autres séquences de viols avérées, 72 auteurs sont visibles.

Une cinquantaine ont finalement été jugées par le tribunal correctionnel du Vaucluse, à Avignon, et condamnées. Dix-sept ont fait appel et devraient être rejugés entre septembre et décembre 2025.

« Comme un moine »

Mais plusieurs ont échappé à la justice. Deux d’entre eux sont décédés avant le procès et les autres n’ont pu être identifiés.

“Nous avons certaines personnes que nous avons vues très floues et nous n’avons pas pu prendre de photo”, a expliqué le juge d’instruction chargé de cette enquête, le 8 novembre, devant le tribunal, lors de ce procès extraordinaire de près de quatre mois, largement relayé par l’agence nationale. et la presse internationale.

Pour d’autres, les images étaient parfois exploitables, mais ne correspondaient à aucune photo déjà enregistrée par la justice ou ne pouvaient être associées à un numéro de téléphone. Et ni les logiciels de reconnaissance faciale ni les recherches via les réseaux sociaux n’ont pu leur donner un nom.

« En concertation avec la police judiciaire, nous avons décidé à un moment donné d’arrêter les investigations. Nous aurions pu enquêter pendant dix ans», a déclaré la magistrate lors de son audition, soulignant la nécessité d’un procès assez rapide, notamment pour la victime.

Il y a aussi ces possibles violeurs qui ont échappé aux mailles de la justice faute d’images. Comme les chauffeurs routiers à qui Dominique Pelicot a raconté à deux de ses coaccusés qu’il avait livré son épouse sur des aires d’autoroute, avant de se rétracter devant les enquêteurs.

“Tu aimes le mode viol”

Symbolique à l’extrême des violences sexuelles, ce procès des viols de Mazan a surtout porté sur l’espace public la question de la soumission chimique et des agressions sur des victimes inconscientes.

La police a ainsi retrouvé 11 hommes contactés par Dominique Pelicot sur Skype qui “ont clairement fait la même chose avec leur compagne”, a confirmé à l’AFP le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse Platière, qui était directeur d’enquête sur cette affaire.

“Vous êtes comme moi, vous aimez le mode viol”, dit Dominique Pelicot à un certain JF LUNA, en commentant les photos de sa compagne nue et endormie.

M. Pelicot avait prévu d’aller violer plusieurs de ces femmes inconscientes, dans des conversations où il évoquait « un coiffeur de 37 ans à Lyon » qui devait donc subir le même sort que son épouse Gisèle. Mais ces projets n’auraient jamais abouti, selon lui.

Si certains de ces hommes ont été arrêtés et devraient être jugés dans d’autres juridictions, la plupart sont encore inconnus : « C’est un des aspects les plus douloureux pour moi, savoir que d’autres femmes peuvent encore subir ce genre d’actes », M. Bosse Platière. » a déclaré lors de son témoignage le troisième jour du procès, le 4 octobre.

 
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