Le dôme du Capitole à Washington, le 19 décembre 2024 (AFP / Allison ROBBERT)
Les Etats-Unis se retrouvent vendredi au bord de la paralysie budgétaire après les échecs successifs de plusieurs textes au Congrès, et alors qu’aucune solution à la crise n’est en vue pour l’instant.
A minuit heure locale (05h00 GMT samedi), l’Etat fédéral se retrouvera dans une situation de « shutdown » effective. Résultat : le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs prestations sociales et la fermeture de certaines crèches.
Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains, d’autant plus à l’approche de Noël.
Le Congrès était pourtant en passe d’éviter cette situation mardi lorsque le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a annoncé avoir trouvé un accord avec les démocrates. Cela comprenait notamment plus de 100 milliards d’aide aux régions américaines récemment dévastées par des catastrophes naturelles.
Hélas, l’accord négocié a été torpillé le lendemain par Donald Trump et Elon Musk.
Le président élu a dénoncé un texte « ridicule et extraordinairement coûteux ». Son allié, l’homme le plus riche du monde, avait lancé une virulente salve de posts sur son réseau social X pour exprimer son opposition, exhortant les élus à « tuer le texte ».
– « Président Musk » –
Le retournement de situation a surpris le Congrès et a laissé entrevoir une présidence Trump 2.0 avant même l’entrée en fonction du républicain le 20 janvier. Avec un style – similaire à son premier mandat – qui ne s’embarrasse pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.
L’opposition retentissante d’Elon Musk a aussi illustré l’influence croissante du patron de SpaceX et de Tesla sur les grandes décisions politiques.
Au point, pour certains élus démocrates, d’ironiser sur un « président Musk », dont Donald Trump serait réduit au rôle de vassal.
Une sortie de l’impasse s’est entrevue jeudi lorsque le président élu a donné son aval à un nouveau texte, beaucoup moins détaillé, mais qui comportait pour lui une condition sine qua non : un report de l’échéance sur le plafond de la dette des Etats-Unis. États-Unis jusqu’en janvier 2027.
Les Etats-Unis ont la particularité de se heurter régulièrement à une contrainte juridique concernant leur capacité de crédit : ce plafond d’endettement, c’est-à-dire leur montant maximum d’endettement, doit être formellement relevé ou suspendu par le Congrès.
Une suspension décidée en 2023 expire début janvier et les Etats-Unis devraient atteindre le plafond en juin. Donald Trump a donc déclaré mercredi vouloir éviter, dès son retour au pouvoir, ce « piège vicieux » tendu, selon lui, par les démocrates.
– « Inacceptable » –
Mais alors que les deux tiers des voix étaient nécessaires pour être adopté, le nouveau texte n’a même pas atteint la majorité simple, puisque 38 républicains se sont ralliés au « non » des démocrates.
La marche à suivre est désormais incertaine pour Mike Johnson, pressé d’un côté par les démocrates de revenir à l’accord négocié, et de l’autre par certains élus conservateurs qui refusent catégoriquement tout texte qui ne comporterait pas de coupe budgétaire pour compenser. pour la nouvelle aide.
“S’il y a un +shutdown+ du gouvernement, qu’il commence maintenant, sous (le président Joe) Biden, mais pas sous +Trump+ (…) C’est un problème que Biden doit résoudre, mais si les républicains peuvent aider (…) ) ils le feront ! Donald Trump a écrit vendredi matin sur sa plateforme Truth Social.
Le leader des démocrates à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, a dénoncé une situation « inacceptable ».
Les Trumpistes « extrêmes » n’ont pas « le désir sérieux d’aider la classe ouvrière américaine », a-t-il déclaré, les accusant d’être « simplement aux ordres de leurs riches donateurs ».
Pour l’influent élu républicain James Comer, si le Congrès adopte un texte budgétaire, “il faudra évidemment avoir le soutien du côté démocrate”.
Mike Johnson a promis jeudi soir que les élus « se rassembleraient et trouveraient une autre solution ».