L’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Patrice Spinosi, a immédiatement annoncé que son client se conformerait à la sanction mais qu’il porterait l’affaire « dans les prochaines semaines » devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Cette saisine n’empêche toutefois pas l’exécution des sanctions imposées.
Dans cette affaire également appelée Bismuth, Nicolas Sarkozy, 69 ans, est définitivement condamné pour corruption et trafic d’influence à trois ans d’emprisonnement, dont un an sous bracelet électronique. Il est également condamné à trois ans d’inéligibilité. Nicolas Sarkozy doit désormais être convoqué – en principe dans un délai de moins d’un mois – devant un juge de l’application des peines (JAP), qui déterminera les modalités de son bracelet, qui sera posé ultérieurement.
Comparution dans une autre affaire en janvier
Cette décision intervient alors que l’ancien locataire de l’Élysée doit comparaître à partir du 6 janvier, et pendant quatre mois, devant le tribunal judiciaire de Paris, dans l’affaire de soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Dans l’affaire Bismuth, l’ancien chef de l’Etat a été, le 17 mai 2023, une seconde fois reconnu coupable d’avoir conclu un « pacte de corruption » avec son avocat historique Thierry Herzog en 2014. Gilbert Azibert, premier magistrat au tribunal de Cassation, pour qu’il puisse transmettre des informations et tenter d’influencer un pourvoi déposé par Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt. Et ce, en échange d’une « aide » promise pour un poste honorifique à Monaco.
Les trois hommes ont été condamnés à la même peine, l’avocat étant interdit de porter des robes noires pendant trois ans. Clamant d’emblée leur innocence, ils ont fait appel, soulevant 20 arguments examinés lors d’une audience le 6 novembre, à l’issue de laquelle la décision a été mise en délibéré.
La Cour de cassation a également rejeté les pourvois de Thierry Herzog et Gilbert Azibert, qui sont également définitivement condamnés.
Une décision constitutionnelle
Devant la Cour de cassation, qui contrôle la bonne application de la loi et non le fond des affaires, l’avocat général a méthodiquement recommandé le rejet de chaque point de droit soulevé. Me Emmanuel Piwnica, avocat conseillé par Thierry Herzog, a fustigé une procédure qui “n’aurait jamais dû voir le jour”, parlant d’une affaire où “on ne compte plus les illégalités commises, les manquements, les atteintes aux droits fondamentaux”. .
La défense a insisté sur deux points principaux : d’abord, elle espère qu’une récente décision du Conseil constitutionnel, datée du 28 septembre 2023 et ayant pour origine l’affaire Fillon, lui permettra d’obtenir un nouveau procès. Au nom des droits de la défense qui ne doivent pas être « théoriques et illusoires », cette décision nécessite un réexamen par une nouvelle cour d’appel d’une demande d’annulation de l’ensemble de la procédure, a fait valoir Me Piwnica.
Depuis des années, le camp Sarkozy estime en effet que le Parquet national financier (PNF) lui a injustement « caché » une enquête parallèle, visant à débusquer une taupe qui aurait informé l’ancien président de la République et son avocat que ils ont été mis sur écoute.
La légalité des écoutes téléphoniques contestée
Les avocats ont également contesté la légalité des écoutes téléphoniques au cœur du dossier, sujet déjà maintes fois débattu dans cette affaire.
Me Patrice Spinosi a invoqué un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) du 16 juin 2016 : « Nicolas Sarkozy ne peut être condamné pénalement sur la base des échanges qu’il a eu avec son avocat » car ils ne peuvent être « utilisés contre lui ». » argumenta-t-il.
En 2025, la Cour de cassation devra également se prononcer sur le pourvoi de l’ancien président contre sa condamnation à un an de prison, dont six mois dans l’affaire Bygmalion, concernant les dépenses excessives de sa campagne de 2012.