Quels seront les prochains ministres ? Alors que François Bayrou est chargé de former le prochain gouvernement, 20 minutes a fait le tour de la presse et passé quelques coups de téléphone pour tenter de vous en dire plus sur ces négociations et les premiers noms qui ont fuité. Une chose est sûre : ce ne sont que des prénoms masculins…
De « nouveaux » potentiels
Parmi les noms que vous ne connaissez peut-être pas, il y a celui du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Il a travaillé dans des cabinets ministériels puisque de 1997 à 2000, il a été directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l’Économie. Ce « DSK boy » a également été PDG de Cetelem et directeur général adjoint du groupe BNP Paribas.
Thierry Breton, également consulté par François Bayrou ces derniers jours, est également cité dans le registre des prétendants potentiels au poste de l’Economie, qui aurait déclaré qu’il « recherchait des poids lourds, des ministres expérimentés ». L’ancien commissaire européen, au parcours bien fourni puisqu’il a également été ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie dans le 3e gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, en 2005, puis dans celui de Dominique de Villepin, jusqu’en 2007, s’est récemment exprimé sur la crise de gouvernance que traverse la France, soulignant que le pays était « à l’arrêt depuis près d’un an maintenant » et craignant « un risque de restructuration importante pour de nombreuses entreprises » en raison de l’arrêt de l’économie, les entreprises montrant réticence à investir dans un tel contexte.
Plusieurs noms parmi les socialistes ont fuité, dont celui de Pierre Moscovici, qui s’est entretenu avec François Bayrou. Ancien ministre de l’Economie, ancien commissaire européen et actuel président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici s’est dit lundi sur France Info préoccupé par l’ampleur de la dette, et a jugé urgent de “régler la question politique”. Cet homme issu des rangs socialistes pourrait-il permettre à François Bayrou de neutraliser le vote de son parti, et d’obtenir un accord de non-censure ? Plusieurs voix parmi les macronistes jugent important de rallier les membres du Parti socialiste, dont les voix leur sont nécessaires s’ils veulent éviter de gouverner avec Marine le Pen, et peut-être aussi dans le but, moins avoué, de briser l’alliance entre socialistes et insoumis.
C’est dans le même esprit qu’est sorti le nom du socialiste Karim Bouamrane, maire de Saint-Ouen-sur-Seine, cette fois pour le ministère de l’Éducation. sans doute parce que l’homme ne perd pas une occasion de critiquer LFI. Il avait déjà été cité il y a quelques mois pour l’échelon le plus élevé. Mais ce dernier a refusé le poste, croit savoir notre collègue d’Opinion Antoine Oberdorff. « Il n’a pas souhaité motiver sa décision pour qu’elle ne puisse pas être déformée ou réinterprétée. » Lui, comme Moscovici, sont en tout cas considérés comme compatibles par plusieurs marcheurs et alliés. « On dit qu’il faut passer de la social-démocratie à la droite républicaine, pour peu qu’on reste dans cette base ça me semble bien », juge par exemple Christophe Plassard, député Horizons & Indépendants de Charente-Maritime, contacté par 20 minutes.
Consulté ce lundi matin, le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, s’est dit « dans une opposition » « ouverte au compromis ». Le Parti socialiste pourrait conclure un pacte de non-censure, mais à condition de disposer de certaines garanties, qui ne semblent pour l’instant pas réunies. “S’il devait avoir la même politique, nous le censurerions de la même manière”, a-t-il prévenu. Le Parti Rose a annoncé jeudi qu’il exclurait tout socialiste entrant dans un gouvernement Bayrou.
L’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin a recommandé lundi au PS, ainsi qu’aux écologistes et aux communistes de “rester dans l’opposition” mais de ne pas “se mettre dans une situation de recours mécanique à la censure” pour que le gouvernement Bayrou soit ” difficile”.
Des sortants ou ceux déjà vus chez Macron
La nomination de François Bayrou, allié historique d’Emmanuel Macron, avait suscité de nombreuses critiques : le parti du président ayant perdu les élections, il leur paraissait logique que ses proches ne soient plus aux commandes. Le nouveau gouvernement va-t-il cette fois reconduire les ministres censurés par l’Assemblée nationale ? C’est un scénario qui semble envisagé, si l’on en croit les rumeurs dans les couloirs, puisque le nom du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est cité. “M. Bayrou a reçu vendredi le ministre de l’Intérieur sortant Bruno Retailleau (LR), à qui il a laissé la gestion de la crise à Mayotte, touchée par un cyclone meurtrier, comme gage de la poursuite de sa mission au gouvernement », écrit l’AFP. On sait aussi que le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a plaidé pour que son collègue soit reconduit dans ses fonctions. Le nom de Fabrice Loher, ministre de la Mer, est également donné par un ancien ministre interrogé par 20 Minutes.
« Est-il compréhensible que certaines personnes restent après la censure ? Je pense qu’il faut renouveler la grande majorité, et en même - il est difficile de se passer de certains talents”, a déclaré la députée Renaissance Céline Calvez. L’ancienne porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot affirme ne pas avoir une « voix déterminée sur le principe » mais rappelle avoir refusé de faire partie de la précédente équipe gouvernementale, justement pour « renouveler les visages » après un échec. Outre les sortants immédiats, le nom de Roland Lescure, ministre de l’industrie sous Élisabeth Borne puis Gabriel Attal, est également cité parmi les personnes ayant occupé des postes juste avant la dissolution.
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Qu’ils soient nouveaux ou familiers, les objectifs des macronistes et de leurs alliés semblent être au minimum pour les mois à venir : ne pas se faire censurer. “L’objectif n’est pas un programme commun mais de piloter ce qui doit être piloté ensemble, le grand débat sur les grands sujets aura plutôt lieu en 2027”, juge Christophe Plassard. « Il ne s’agit pas de lister une liste de noms mais de faire en sorte que le gouvernement soit capable d’écouter l’Assemblée nationale et d’en faire vivre toutes les nuances », estime Prisca Thévenot. La mission s’annonce difficile.