“On a regardé le problème à l’envers”

“On a regardé le problème à l’envers”
“On a regardé le problème à l’envers”

Surtout, en 1962, De Gaulle réagit immédiatement en prononçant la dissolution de l’Assemblée. Ce qu’Emmanuel Macron ne peut pas faire : la Constitution lui interdit de se dissoudre avant l’expiration d’un délai d’un an après les élections législatives résultant de sa précédente dissolution.

Cette incursion en terre inconnue soulève de multiples questions procédurales, pour l’adoption des textes budgétaires notamment, politiques mais aussi institutionnelles : la Ve va-t-elle sombrer dans l’instabilité et rejoindre ainsi les très parlementaires Troisième et IVe Républiques, alors que les durées de vie des gouvernements dépassaient à peine quelques mois?

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« La cause de l’instabilité ministérielle n’est pas due aux institutions. Cela est dû, d’une part, à l’absence de majorité à l’Assemblée nationale, et d’autre part, au comportement des partis politiques qui refusent, face à cette dispersion, d’avancer des compromis », estime Dominique Rousseau.

« Ce n’est pas la Constitution qui est en cause. Son fonctionnement est encore très viable. “Néanmoins, on se rend compte qu’avec la manière dont cela est pratiqué”, “les postures partisanes ont complètement récupéré” leurs droits, ajoute Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences à l’université de Rouen.

Jamais depuis 1958 une Assemblée élue ne s’est trouvée aussi loin d’une majorité. Le vote majoritaire aide, les élections législatives ont presque toujours permis d’atteindre des majorités absolues, même contre le président, comme lors des trois cohabitations (1986-1988, 1993-1995, 1997-2002).

Vers la proportionnelle ?

Depuis l’adoption du quinquennat en 2000, et l’alignement présidentiel-législatif qui a suivi, les élections législatives ont même amplifié les résultats des élections présidentielles. Jusqu’en 2022, Emmanuel Macron réélu se retrouve dépossédé de la majorité absolue.

Mais même dans une telle situation, la Constitution est bien faite, truffée de dispositions permettant à l’exécutif de garder le contrôle : pas de vote d’investiture obligatoire, recours répété au 49.3, nouvelles délibérations possibles à l’Assemblée, etc…

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Allant même jusqu’à éviter de former une coalition pour s’assurer une majorité absolue ? C’est l’option prise en 2022, malgré les mises en garde d’Édouard Philippe. Et la chute annoncée du gouvernement Barnier, malgré la nomination de dirigeants LR à Matignon et à divers postes clés, apparaît à cet égard comme un acte raté.

« Nous avons regardé le problème à l’envers. Dans d’autres pays, on nomme ce qu’on appelle un facilitateur, qui rassemble les groupes parlementaires pour voir s’ils s’accordent sur un programme gouvernemental. Ensuite, un Premier ministre est désigné. Là, nous avons fait l’inverse, nous avons désigné Michel Barnier comme Premier ministre sans qu’il y ait eu une discussion préalable sur le contenu du programme gouvernemental», note Dominique Rousseau.

Combien de - le prochain gouvernement parviendra-t-il à tenir ? Impossible de le savoir. D’où les appels à la démission du président ? “Ce n’est pas la solution : le nouveau président élu se retrouverait avec la même chambre actuelle, et l’impossibilité de la dissoudre avant juillet”, écarte M. Rousseau, qui y voit “un réflexe bonapartiste très français”.

Autre piste évoquée pour débloquer la situation : instaurer la représentation proportionnelle aux élections législatives. « Aujourd’hui, le vote majoritaire à deux tours bloque. Chacun reste dans sa voie. Avec la représentation proportionnelle, nous sommes obligés de conclure des contrats avec nos voisins. La représentation proportionnelle nous permet d’apprendre la démocratie», estime M. Rousseau. Avec l’espoir non dissimulé, au sein du bloc central, de « détacher » le Parti socialiste de son alliance avec La insoumise.

 
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