C’est sans doute la moins connue des COP, comparée à celles sur le climat et la biodiversité, mais elle aborde néanmoins une problématique majeure. La 16e session de la Conférence des Parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) s’ouvre lundi 2 décembre à Riyad, en Arabie Saoudite. Les pays du monde entier tenteront, lors de cette COP qualifiée de“historique” par les Nations Unies, pour limiter l’expansion des déserts et la dégradation progressive de la qualité des sols, de la végétation, des ressources en eau ou de la faune.
Les objectifs de l’événement sont multiples. « Les pays devraient se mettre d’accord sur la manière de traiter le problème crucial de la sécheresse »explique le secrétaire exécutif de la CNULCD, Ibrahim Thiaw, citant également l’accélération de la restauration des terres et la prise en compte des « les communautés les plus vulnérables ».
Actuellement, la désertification menace « 40 % de la surface terrestre de la planète »rapporte l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et touche 3,2 milliards de personnes, précise la CNULD. « Tous les continents sont touchés par la dégradation des terres, aucun n’est épargné »prévient Jean-Luc Chotte, directeur de recherche à l’IRD et président du Comité scientifique français de la désertification.
C’est ce que montre, en partie, la carte suivante, issue du sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2022. Elle identifie les zones arides dans le monde (en marron) et leur expansion (en rouge) entre les années 1901-1930 et les années 1988-2017.
L’indice d’aridité, utilisé pour réaliser cette carte, présente une « vision globale liée au changement climatique »explique Mehrez Zribi, directeur de recherche CNRS au Centre d’études spatiales de la biosphère. De nombreux documents de référence – comme l’atlas du centre de recherche de la Commission européenne – s’appuient sur cet indice pour rendre compte de la désertification.
Dans un rapport spécial consacré aux terres, le GIEC met cependant en garde contre leur utilisation. Le groupe considère que l’évaluation du phénomène complexe de dégradation des sols devrait plutôt se faire en combinant trois indicateurs : l’évolution de l’occupation des sols, la perte de productivité et la baisse du stockage de carbone organique dans les sols.
Il reste que “L’ampleur et l’intensité de la désertification ont augmenté dans certaines zones arides au cours des dernières décennies”crée le GIEC. L’Amérique latine et l’Asie sont les continents où la proportion de terres endommagées est la plus élevée, mais les dernières tendances « montrent que l’Afrique se détériore considérablement plus vite que la moyenne mondiale »alerte la Convention dans un outil permettant de comparer l’évolution de la situation dans différentes régions. Le continent africain a ainsi vu se détériorer, entre 2015 et 2019, 250 millions d’hectares de terres supplémentaires.
Le continent européen n’est pas en reste. « Nous pensons que le désert est loin. C’est totalement faux »points out Jean-Luc Chotte. « De nombreux sols se dégradent, s’érodent et leur stock de matière organique diminue »décrit-il en citant les exemples de l’Espagne et du sud de la France.
« La fertilité des sols diminue, les réserves d’eau diminuent, la biodiversité diminue. Nous sommes dans un système qui devient de plus en plus fragile. Nous produisons moins et de moindre qualité »ajoute le chercheur. Pour lui, lutter contre la désertification est donc « lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, mais aussi s’adapter, atténuer le changement climatique et préserver la biodiversité ».